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Critique de aliasc


Éric Brucher, c'est une belle écriture, poétique, métaphorique, des histoires de manque assouvi, de fragilités assumées, avec toujours le ciel en perspective, car trilles, trissements, criailleries et autres clabauderies des oiseaux s'échappent et s'envolent immanquablement de l'encre de sa plume. C'est un auteur qui ramène à l'essentiel, à la nécessité de l'amour, et singulièrement ici, à la force d'amour qu'instillent les étoiles scintillantes.
Serena est ado, elle s'entiche d'un drôle de type, Laszlo. Dans un tohu-bohu frénétique, dans un vacarme rebelle et une brassée de bruits, celui-ci traverse la ville sur son scooter, osant dynamiter les torpeurs et les impostures. Murs et palissades sont couverts de ses graphes et de sa marque : un zed noir, liseré de vert. Il embarque Serena dans ses délires, dans ses chevauchées de flibustier à l'abordage, et l'emmène aussi là-haut, sur le toit des immeubles, pour lui faire découvrir l'amour et l'élan vertical qui l'habite. Un jour pourtant, il déserte au ras du bitume. Mort, il a rejoint le côté des martinets, le bleu fouillis des claires étoiles, comme disait Verlaine.
Serena est enceinte ; elle ne le lui a pas dit. Commence l'aventure de la grossesse qui la comble, la réconcilie, l'apaise, tandis que bientôt fille-mère, elle cherche à percer les silences de sa mère à propos de son père, et à traquer sur les murs de la cité le souvenir de Laszlo et de ses mots. Mais les autres, ogres et crapauds dont la bave intoxique les étoiles, lui prennent sa fille et la forcent à avorter de son deuxième bébé. Désespérée, elle cherche à mourir en avalant des somnifères. Jozef, son voisin, heureusement la sauve et la relève, comme un père opportun. Enfin, son coeur s'ouvre ailleurs, vers Lukasz, qui fera d'elle une mère sereine.
La blancheur des étoiles, le troisième roman d'Éric Brucher, est un livre à la narration aboutie et à la prose ciselée, qui raconte finalement un fragment de vie adolescente, un parcours dont on sait qu'il peut être éclatant de la joie de ceux qui, fougueusement, partent à l'assaut du monde, mais aussi entaché de peines, de gravité et de désespoir. Serena, fragile, traverse l'existence un peu paumée, un peu étourdie. Elle ne sait pas bien qui et comment aimer, ni comment le dire, et elle doit affronter le jugement des autres sur ce bébé qui grandit en elle, alors qu'elle-même est traversée par le questionnement et le doute. A son âge, l'épreuve est difficile, même si elle a découvert que ce qui transcende le malheur, c'est le lien d'amour qui l'unit, par tout un réseau de connexions, au petit être qui métamorphose son corps. Et le romancier de rendre compte, dans de superbes pages et avec les mots justes, de cette pérégrination intérieure, des ressentis et des sensations de cette grossesse précoce. Ce roman, très riche également des nombreux autres fils narratifs qu'il dévide, magnifie la gestation, ce moment privilégié où la femme part à la rencontre de la maternité, sans pour autant faire l'impasse sur les façons d'être homme et père. Notons qu'on peut écouter Éric Brucher raconter la genèse de son ouvrage sur www.youtube.com/watch?v=x4noI_cX-h0

Aliasc.
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