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EAN : 9782253139270
280 pages
Grasset (30/11/-1)
3.63/5   63 notes
Résumé :
Définissant l'innocence comme une maladie de l'individu qui consiste à vouloir échapper aux conséquences de ses actes, de jouir des bénéfices de la liberté sans en subir les inconvénients, Bruckner dénonce ici les deux grandes tentations auxquelles l'humanité post-moderne aurait succombé : l'infantilisme et la victimisation. L'homme des temps modernes se voulait autonome, conquérant et responsable. L'infantilisme désormais menace, chacun souhaitant bénéficier à l'âg... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quel talent ! Voici un essai passionnant et superbement écrit dont le fil conducteur est la tentation grandissante du coupable, dans le prolongement d'une pensée chrétienne qui érige l'opprimé en modèle, à usurper la position de la victime pour accaparer ses avantages, son impunité et son crédit.

L'auteur de Lune de Fiel suit ce fil pour développer ses réflexions sur notre société. Il nous parle du consumérisme, des médias, de l'humanitaire, du féminisme, du fascisme et même d'un Téléthon aux allures de rite tribal. Il présente un homme moderne capricieux et infantile, hyper-informé par les images d'une télévision qui sature sa capacité à réagir. Il pointe du stylo (euh... du clavier ?) un troupeau qui ne connaît que des droits, qui braie "Je Dépense Donc Je Suis", gavé par une société -tétine aux mains toujours pleines. Celle-ci n'a autre ambition que de lui donner tout sans lui demander rien,si ce n'est de se laisser faire. Pascal Bruckner s'interroge sur la capacité de ce système à susciter encore des réflexes de fraternité.

En effet, "comment rester le gardien de son frère quand on appartient à une famille si nombreuse et si turbulente ?", demande l'auteur. Il nous invite, à l'instar de Stéphane Hessel, à lutter contre l'assoupissement du ventre plein qui laisse les mains libres aux fascismes, et à garder une intention du sens critique.

Les références mises en avant sont variées, les analyses pertinentes, le sens de la formule remarquable. Cet essai philosophique de 278 pages a obtenu le prix Médicis en 1995. Une critique du Point le qualifiait d' "indispensable réflexion sur notre société à irresponsabilité illimitée, gangrenée par la culture de la plainte".

A lire pour des tas de bonnes raisons dont une seule vaudrait la peine.
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Infantilisation et Victimisation

Infantilisation et Victimisation, le prisme de lecture du monde en 1995
C'est un essai de 1995, ce qui veut dire écrit entre 1993 et 1994. Maturée peut-être pendant les décennies 80 et 90.
Je ne vais pas résumer, je vais seulement poser la question de la pérennité d'un essai.
Il y a dans cet essai de très bon aphorisme :
« La consommation est une religion dégradée, la croyance dans la résurrection infinie des choses dont le supermarché forme l'Église et la publicité les Évangiles. Tout passe sauf le passage qui lui ne cesse jamais. Et c'est bien la fonction de la mode que de parodier la modernité : rupture et innovation. Mais la rupture est douce et l'innovation minuscule : C'est presque la même chose qui revient sous des masques divers. Il nous faut du neuf qui ressemble à l'ancien et nous étonne sans nous surprendre. »

Mais il y a aussi beaucoup de bavardage. Et ce bavardage m'a alors évoqué l'époque. de cette époque où nait le narcissisme et l'hyper narcissisme avant même le smartphone et le selfie. Les Beigbeder, les Auster et autre super-narcisses exhibitionniste qui sont dans le culte de soi. Et cela n'est pas forcement preuve d'une créativité au service de tous. Tous les écrivains ne peuvent pas écrire, « la recherche du temps perdu » ou « Mort à crédit ».
J'ai les souvenir de ces écrivaillons des année 90 qui pullulaient dans leur exhibition de leur soi le plus triviaux. Je finissais par trouver plus d'inventivité et de réflexion sur l'humanité et la personne humaine dans la SF et dans le polar (pas le thriller).
Cet essai s'inscrit donc dans cette époque et me l'évoque. En fait je ressens que les personnes humaines ayant perdu tout sens du sacrée veulent se déifier eux-mêmes. Je travaillais dans les salles de marché à cette époque ne tant qu'informaticien, et je voyais la démesure totale chez les traders, des demi-dieux auto-proclamés pour qui rien n'existait autre que leur égo surdimensionné à satisfaire. L'athéisme nihiliste et persiffleur était la posture pour sembler appartenir à la classe supérieure des élus de l'intelligence détaché de tout.
Rire en meute des effets en Afrique francophone de la dévaluation brutale du franc CFA dans ces années. Là.
En fait la lecture de cet essai m'a rappelé tout ce qui m'a fait souffrir au plus profond de moi, mon désir de Sacré et de vraie bienveillance, d'amour agape. Éros et thanatos été les deux seules forces agissantes là ou il y avait quête sans frein d'argent et de pouvoir. Ils avaient réussi à croire qu'il n'y avait que le sexe dans l'amour et le meurtre dans la mort. L'expression « Tue-le » se disait sans précaution pour dire « vainc-le ! ».

Est-ce que cet essai possède une valeur philosophique ?
Je ne le ressens pas, cependant il a eu une valeur historique dans sa capacité à évoquer l'époque. Il est donc à lire avec ce regard.
Il y a sur le site des croquis note qui me sont venu en lisant et quelque citations rassemblées.
Lien : https://tsuvadra.blog/2018/1..
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Essai très riche (quelques longueurs) et novateur puisqu'il date de 1995.
Depuis le XVIIIème siècle et surtout les années 1960, l'individu s'est affranchi des autorités traditionnelles : Eglise, communautés, royauté. Il est donc libre mais a du mal à assumer cette liberté car il faut donner soi-même un sens à son existence, accepter le jugement d'autrui. Pour cela il est tenté par "l'innocence", l'infantilisation, la déresponsabilisation. Les hommes ou les peuples s'affirment victimes pour être reconnus, échapper au Droit, fuir les responsabilités.
Pour échapper à l'ennui et à l'angoisse, l'homme a voulu réenchanter le monde par la consommation et les loisirs. Les années 1960-1970 ont mêlé rêve libertaire et publicitaire, monde féerique et matériel.
La deuxième partie de l'essai étudie les rapports Hommes/Femmes, la guerre de l'ex Yougoslavie et la position de l'agresseur devenue victime de la Serbie, le statut du Juif comme victime absolue, le trop plein d'information qui implique sélection ou survol, le rôle de l'humanitaire qui succède à la charité de proximité.
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une vision réaliste de notre société, un miroir grossissant de nos travers, tourments...Un pamphlet sur l'irresponsabilité et les bien-souffrants
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Une autre déconvenue attend l'homme moderne : se croire unique et se découvrir quelconque.
(...)
Le dénouement de cette aventure, c'est que les hommes se ressemblent désormais dans leur manière de vouloir se distinguer. Cette envie de se démarquer est précisément ce qui les rapproche, c'est dans cette distance que s'affirme leur conformité. La fascination romantique pour l'être d'exception — le fou, le criminel, le génie, l'artiste, le débauché — naît de cette peur de l'enlisement dans la grégarité, dans le prototype du petit-bourgeois. « Je ne suis pas comme les autres », telle est la formule de l'homme du troupeau. Car le châtiment qu'encourt l'individu contemporain est moins l'emprisonnement ou la répression que l'indifférence : ne compter pour rien, n'exister que pour soi, demeurer éternellement un « pré-quelqu'un » (Evelyne Kestenberg) que les autres enregistrent comme une présence, non comme un interlocuteur. ... D'où ce «narcissisme des petites différences » (Freud) cultivées avec un soin d'autant plus maniaque que nous menons à peu près tous la même existence, d'où cette bataille pour attirer l'attention de nos semblables, la rage de faire parler de soi, fût-ce par les moyens les plus extravagants. C'est cela l'expérience de la massification dans une société où les particuliers ne sont rien parce que l'individualisme est tout.
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Je ne suis pas comme les autres, telle est la formule de l'homme du troupeau. Car le châtiment qu'encourt l'individu contemporain est moins l'emprisonnement ou la répression que l'indifférence.
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Le pire des complots est l'indifférence : combien d'entre nous survivraient à l'idée qu'ils ne suscitent chez les autres ni assez d'amour ni assez de haine pour justifier la moindre malveillance ?
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"Alors que la possession suppose la permanence, nos objets n’ont que la séduction de l’éphémère, des séries courte, ils se démodent vite immédiatement supplantés par de nouveaux qui scintillement un instant avant d’être emporté à leur tour. Nous ne les achetons que pour les user et en racheter d’autres. La dépréciation doit être rapide, générale car notre richesse est liée à la dilapidation, non à la conservation.Dans la fauche sauvage des casseurs, lors des émeutes urbaines, dans leur plaisir à piller les magasins, à incendier les voitures, ne faut-il pas lire une profonde conformité à la logique du système ?Le saccage est un hommage involontaire rendu à notre société puisque les marchandises sont destinées à être supprimées et remplacées."

Ne pas oublié que c'est écrit en 1994, avant les grèves de 95 et les attentats.
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Chaque fois qu’une nation ou un peuple veulent se mettre en toute bonne conscience hors du droit, ils invoquent leurs hauts faits, leur souffrances passées pour affirmer tranquillement qu’ils méritent cette petite entorse aux normes internationales !
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Au programme :
• Recherche bien-être éperdument On revit quelques uns des meilleurs moments de l'émission où il a été beaucoup question de santé et de bien-être avec notamment les conseils avertis de philosophes, de sociologues, Raphaël Enthoven, Pascal Bruckner, Christophe André, Perla Servan-Schreiber mais aussi ceux de Michel Cymès.

• Très chers parents Des artistes qui rendent hommages à leurs parents, Daniel Guichard, Michel Denisot, Salvator Adamo, Catherine Frot, Bernard Hinault, Elie Semoune... ou qui sont devenus parents et que cette nouvelle responsabilité a inspiré Jamel Debbouze, Daniel Auteuil, Gérard Jugnot et son fils Arthur, Matt Pokora, Miou-Miou et Manu Payet se sont confiés
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