AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ahasverus


Quel talent ! Voici un essai passionnant et superbement écrit dont le fil conducteur est la tentation grandissante du coupable, dans le prolongement d'une pensée chrétienne qui érige l'opprimé en modèle, à usurper la position de la victime pour accaparer ses avantages, son impunité et son crédit.

L'auteur de Lune de Fiel suit ce fil pour développer ses réflexions sur notre société. Il nous parle du consumérisme, des médias, de l'humanitaire, du féminisme, du fascisme et même d'un Téléthon aux allures de rite tribal. Il présente un homme moderne capricieux et infantile, hyper-informé par les images d'une télévision qui sature sa capacité à réagir. Il pointe du stylo (euh... du clavier ?) un troupeau qui ne connaît que des droits, qui braie "Je Dépense Donc Je Suis", gavé par une société -tétine aux mains toujours pleines. Celle-ci n'a autre ambition que de lui donner tout sans lui demander rien,si ce n'est de se laisser faire. Pascal Bruckner s'interroge sur la capacité de ce système à susciter encore des réflexes de fraternité.

En effet, "comment rester le gardien de son frère quand on appartient à une famille si nombreuse et si turbulente ?", demande l'auteur. Il nous invite, à l'instar de Stéphane Hessel, à lutter contre l'assoupissement du ventre plein qui laisse les mains libres aux fascismes, et à garder une intention du sens critique.

Les références mises en avant sont variées, les analyses pertinentes, le sens de la formule remarquable. Cet essai philosophique de 278 pages a obtenu le prix Médicis en 1995. Une critique du Point le qualifiait d' "indispensable réflexion sur notre société à irresponsabilité illimitée, gangrenée par la culture de la plainte".

A lire pour des tas de bonnes raisons dont une seule vaudrait la peine.
Commenter  J’apprécie          182



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}