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Critique de fanfanouche24


Une lecture très tonique en dépit d'un sujet douloureux. le mérite de de récit filial est que l'auteur évite le sordide règlement de comptes avec un père à la personnalité difficile ; transforme cette relation au père , si décourageante et négative, soit-elle… en une construction positive ; Que ce père soit raciste, antisémite obsessionnel, il y a aussi les moments de répit, de souffle d'un père et grand-père qui peut être aimant et attentionné.

Les thèmes m'ont fait songer à une autre autobiographie, plus sombre, plus douloureuse qui est celle du peintre Gérard Garouste, avec « L'Intranquille »…le fils choqué et culpabilisant sur les idées antisémites de son père , souffrira de dépressions intenses , et même au-delà… La souffrance et la culpabilité seront transformés à travers l'Art et la peinture ainsi que par le soutien indéfectible de l'épouse de l'artiste.

Le récit de Pascal Bruckner est plus « léger », plus distancié… avec des moments certes, de découragement et d'exaspération croissants du fils… mais au bout du compte ce fils se construira « Contre »… grâce à cette phénoménale opposition au Père…

l'extrait suivant que j'ai choisi donne le ton de l'ensemble de cette autobiographie :
Les pères brutaux ont un avantage: ils ne vous engourdissent pas avec leur douceur, leur mièvrerie, ne cherchent pas à jouer les grands frères ou les copains. Ils vous réveillent comme une décharge électrique, font de vous un éternel combattant ou un éternel opprimé. le mien m'a communiqué sa rage: de cela je lui suis reconnaissant. La haine qu'il m'a inculquée m'a aussi sauvé. (p.17)

« Je n'ai qu'une certitude : mon père m'a permis de penser mieux en pensant contre lui. Je suis sa défaite : c'est le plus beau cadeau qu'il m'ait fait. » (p.251)

« le doigt de la sorcière s'appelle les liens du sang, les lois de l'hérédité, le poids de la mémoire, de la génétique, qu'importe l'explication que l'on donne, ce doigt me retient et fait de moi, quoi que je veuille, toujours un fils et un fils de. S'émanciper, c'est s'arracher à ses origines tout en les assumant. » (p.186)

Un livre qui évite tous les écueils des larmoiements ou ressassements accusateurs… pour rester dans l'amour de la vie, des autres et de l'écriture. Un texte plein d'humour , de dérision et d'auto-dérision …
regorgeant au-delà des souvenirs pesants, de « joyeusetés »…

Ce récit en dépit de ces rapports père-fils éprouvants, sombres, est un texte relativement apaisé, où l'auteur répète qu'en réaction à toute cette haine , cette agressivité contenues dans son père, il a choisi, construit son chemin personnel aux antipodes . Il a développé un désir démultiplié d'apprendre, de connaître, d'expérimenter, d'aimer doublement les gens , l'existence, de prendre des engagements contraire à tout le poison idéologique distillé dans son enfance et adolescence…. de se construire son univers par l'écriture et ses rencontres personnelles dont un mariage avec une compagne de confession juive !!!

« le monde est un appel et une promesse : il y a partout des êtres remarquables, des chefs d'oeuvre à découvrir. Il y a trop à désirer, trop à apprendre et beaucoup de pages à écrire. Tant qu'on crée, tant qu'on aime, on demeure vivant. «


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