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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Déjà tout petit, on nous dit : "t'es une [ ]F" ou "t'es un [ ]M".
Et les parents nous rangent dans la case qui convient.
Or si, comme Julie à huit ans, on est un garçon manqué ? ...qui entend ses parents le lui répéter à longueur de journée ? "Si bien qu'un matin..." Julie, en sortant du lit, remarque qu'elle a une ombre de garçon ! Une ombre qui caricature tous ses gestes et qu'elle est la seule à voir. Après s'en être amusée, Julie commence à douter de son identité. Elle va essayer de se débarrasser de ce "double" qui l'encombre, en sautant dans les flaques d'eau et en cherchant l'obscurité...mais c'est peine perdue... Jusqu'au jour où elle rencontre dans le parc un garçon dont tout le monde dit qu'il pleure comme les filles...
J'ai trois (grands) enfants : une [X]F, un [X]M et une [ ], qui a l'âge de Julie préférait jouer à la Tarzanne dans les arbres...avec le temps son ombre s'est féminisé...

Dépêchez-vous d'aller emprunter ce joli ouvrage sur l'identité sexuelle (tout premier album des éditions le Sourire qui mord en 1976, réédité en 2009 et maintenant définitivement épuisé), dans votre biblio-/médiathèque...tant qu'il s'y trouve encore !

En 1986, l'auteur-illustrateur Marie-Claude Monchaux fut à l'origine de la campagne de censure visant la littérature jeunesse, mettant en joue des éditeurs comme École de Loisirs, Syros et le Sourire qui mord... Elle publiait alors "Écrits pour nuire", livre dans lequel elle dénonçait "la gangrène de la Subversion" dans les publications pour la jeunesse. (document répertorié dans la base de Babelio. le BBF (Bulletin des Bibliothécaires de France) a renvoyé le 15 février 2014 (!) à un article, datant de 1987 : voir le lien concernant ce livre, sous "critiques, analyses...")

En 1986-'87, je travaillais dans la section jeunesse d'une grande bibliothèque en Alsace...mes collègues et moi avons essuyé, comme tant d'autres bibliothécaires, la tempête "Monchaux" qui a failli dévaster notre travail qui consistait à oeuvrer pour la reconnaissance en bibliothèque de ce qu'à l'époque on appelait "les livres miroirs" : ouvrages reflétant dans des collections adaptées pour les jeunes, les problèmes de société et le questionnement identitaire.
La tempête est passée, balayant d'un coup de revers (politique) la bibliothèque et la bibliothécaire de la ville d'Orange (voir l'article du BBF de 1999 : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1999-03-0044-005 )
...et le vent s'est calmé...

Vingt-sept ans après, un nouveau ouragan se prépare. Celui-ci s'appelle "Gender" : a l'origine un mot anglais "inoffensif" qui signifie : "genre ; sexe féminin ; sexe masculin" et qu'un certain mouvement politique français a récemment transformé en "guerre contre l'altersexualite"(*) dans la littérature de jeunesse.
La tempête "Monchaux" visait surtout les livres pour adolescents..."Gender" vise plus bas !

Je NE veux PAS qu'on tire sur l'ombre de Julie : elle et avec elle, beaucoup d'autres filles et garçons vont être rangés dans les cases (et casiers)...dont ils ne sortiront plus !

(*) altersexualite : néologisme permettant de réunir en un seul mot les sexualités "non strictement hétérosexuelles", notamment l'homosexualité, la bisexualité, la question sur l'identité sexuelle...

P.s. Vous pouvez éventuellement (re-)lire ma "critique" de "La fête des mères" dans laquelle j'avais recopié un interview avec Didier Daeninckx, relatant également cette année 1987.
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Le premier album pour enfants ayant abordé le thème de l'identité sexuelle. Un album de 1976 réédité en 2009 et malheureusement à nouveau épuisé aujourd'hui, l'éditeur ayant mis la clé sous la porte.


« Julie n'est pas polie. Julie n'est pas très douce, elle n'aime pas les peignes et se cache sous la mousse pour ne pas qu'on la baigne. Julie sait ce qu'elle veut, elle en parle à son chat, ils ont de drôles de jeux que ses parents n'aiment pas… mais elle voudrait qu'on l'embrasse quand même. »


Julie est un garçon manqué, son père n'arrête pas de lui répéter. Si bien qu'un matin elle se réveille avec une ombre de garçon. Julie est perturbée par cette ombre étrange qui mélange tout et la dérange : « Allez, laisse moi tranquille, je ne suis pas comme toi, moi ! Je suis une fille ! » Julie ne sait plus qui elle est, elle ne sait plus à qui elle ressemble, elle voudrait être toute petite, se cacher dans un trou.

Une très belle histoire sur la quête d'identité d'une petite fille. le texte est poétique et dit la souffrance, l'incompréhension. Un album resté incroyablement moderne, qui interpelle et ça fait du bien. Un album dont certains passages vont heurter la sensibilité des culs serrés, et ça aussi ça fait du bien : « Ce soir, Julie est découragée… Et si c'était l'ombre qui avait raison… Elle n'est peut-être qu'un garçon… manqué en plus, avec cette fente entre les cuisses qu'elle aime bien toucher doucement… ». Un album à recommander chaudement, donc. Si vous fréquentez une médiathèque municipale et que ce titre fait partie de son fonds, n'hésitez pas à l'emprunter, vous allez faire une sacrée découverte.


« Les gens disent que les filles, ça doit faire comme filles, les garçons, ça doit faire comme les garçons !
On n'a pas le droit de faire un geste de travers…
Tiens, c'est comme si on était chacun dans son bocal !
- Comme pour les cornichons ?
- Oui, comme pour les cornichons…
Les cornifilles dans un bocal, les cornigarçons dans un autre, et les garfilles, on ne sait pas où les mettre !
Moi je crois qu'on peut être fille et garçon, les deux à la fois si on veut… Tant pis pour les étiquettes… On a le droit ! »
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La petite Julie se pose des questions. Elle est une fille, mais elle ne fait rien comme les filles : elle n'aime pas se peigner, se laver, mettre le couvert... Est-ce qu'elle serait un garçon manqué comme le dit son père ? Une fille ratée quoi. Elle tente alors de repousser cette ombre de garçon qui rode autour d'elle, afin d'être une vraie fille. Oui mais Julie n'est pas une vraie fille, elle est Julie tout simplement.
Un album subtil, au texte qui fait mouche et aux dessins expressifs. Un livre publié pour la première fois dans les années 70, mais qui, bizarrement, reste toujours d'actualité.
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Julie est une petite fille qui habite en ville, ne range pas sa chambre, laisse traîner, chaussettes, livres et cahiers. Julie ne fait pas ce qu'on lui demande, Julie est débraillée, Julie fait des bêtises, Julie ne s'aime pas spécialement et comprend bien que l'on ne voit d'elle que ce qu'elle n'aime pas et qu'elle exacerbe.

Alors sa maman lui fait des remontrances, alors sa maman la fait belle, comme on le ferait d'une poupée, juste une apparence. Parents sévères, parents austères, qui toujours répètent qu'elle est un garçon manqué.

Quelque chose qui déplaît, une ombre qui plane, et même deux, dont une lui colle à la peau et à l'âme. Une ombre polissonne, qui fait ce qu'elle veut, qui la dévore, et qu'elle veut fuir. Elle ne se reconnaît plus, ni à l'extérieur, ni à l'intérieur. Alors elle décide de la faire taire, de ne plus lui offrir l'occasion de se montrer.

Une rencontre va changer sa vision d'elle-même, bousculer les étiquettes et la faire s'affirmer.

http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/11/20-novembre-journee-internationale-des-droits-de-l-enfant.html
Lien : http://vivrelivre19.over-blo..
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Dernier album des éditions Thierry Magnier présentés aujourd'hui, complètement différent des deux autres dans le fond (le thème) mais tout aussi intéressant et surtout magnifique à feuilleter. Publié pour la première fois au milieu des années 70, l'Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon revient sur un sujet assez polémique ces derniers mois et méritait donc une réédition pour l'occasion.
Déjà dans les années 70 on se questionnait sur des expressions comme « garçon manqué » et on se questionnait sur ses répercussions. Julie est une petite fille qui préfère courir à perdre haleine et faire du roller plutôt que porter une jolie robe et garder ses cheveux bien coiffés. Alors ses parents ne cessent de la gronder et de la traiter de « garçon manqué » ! Voilà donc qu'un matin, elle se réveille avec une ombre de garçon qui fait tout de travers… alors la petite fille est perdue, elle ne sait plus qui elle est, qui elle doit être… jusqu'au jour où elle rencontre un petit garçon « qui pleure comme une fille »…
Tout part d'une banale expression qu'on a tous utilisée au moins une fois dans notre vie, mais en fait, ça veut dire quoi ? Ça me fait penser à ce clip que j'ai découvert il y a quelques mois, produit par je ne sais plus quelle marque de protection féminine, qui revient justement sur les expressions « comme une fille » (« courir comme une fille », « nager comme une fille »…) perçues innocemment par des enfants et ensuite mises en scène par des adultes. C'est assez édifiant ! J'aime assez la conclusion de ce spot, comme j'aime celle de cet album que je vous invite à découvrir.
Encore une fois, les illustrations attirent l'oeil et habillent merveilleusement le texte. Ici en noir et blanc avec juste quelques minuscules touches de rouge, je les trouve très fortes en émotions : les visages sont très expressifs.
Je suis vraiment heureuse que cet album introuvable ait été réédité, il est aussi beau sur le fond que dans la forme !
Lien : http://bazardelalitterature...
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Julie est une fille espiègle, spontanée et malicieuse. Son comportement lasse énormément ses parents, elle semble négligée, mal élevée, un peu trop vive... juste ce que la norme accepte pour les garçons mais pas pour les filles: Julie est un vrai garçon manqué!
Ses parents l'aiment quand elle devient petite fille modèle mais Julie souhaite être aimée tout le temps, pour ce qu'elle est.
Et puis même son ombre la déroute. Un matin elle devient ombre de garçon. Et puis là, les comportements du garçon ne sont tout de même pas les siens: son ombre est encore plus dissipée. Julie ne sait plus se reconnaitre, elle tente de se débarrasser de son ombre.
Elle rencontre dans sa fuite vers l'obscurité un garçon à la "tête de fille", si sensible qu'il pleure souvent. Ses parents à lui aussi préfèreraient qu'il se comporte comme il se doit pour les garçons.

Les enfants se questionnent sur l'altérité sexuelle et la norme d'un comportement sexué. La découverte de leurs corps, explicite ici textuellement et graphiquement, ne leur permet pas le doute sur ce qu'ils sont et pourtant ils sont étiquetés. Transparait ici tout le fantasme parental d'un enfant conforme et de la tension affective que l'on transmet à nos enfants.
Le droit de se comporter différemment, d'être différent et aussi le droit d'être aimer ainsi. Une statue de Charles PERRAULT trône dans le parc refuge... est-ce pour ce rappel de l'"innocence" enfantine, de ce besoin de protection de l'enfant et d'encouragement soutenu à devenir un adulte?
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon est l'histoire d'une enfant mal dans sa peau car elle ne peut être elle-même tout en contentant ses parents, elle ne peut être elle-même tout en étant aimé de ses parents. A force de s'entendre appeler « garçon manqué », la petite Julie ne sait plus qui elle est vraiment et se met à penser qu'elle est sûrement une fille pas réussie. Un matin, elle constate que son ombre a pris l'apparence d'un garçon et que ses actions sont parfois dépendantes des siennes.
l'album s'appuie sur les illustrations crayonnées teintées de rouge pour distiller émotions, humour, et entraîner le lecteur dans les pas de Julie qui se cherche et part à l'aventure, à la rencontre de l'autre pour se trouver elle-même.
Publié pour la première fois en 1976, cet album est toujours autant d'actualité et met en avant l'importance de l'éducation dans la construction de l'identité. L'enfant se construit dans le regard et l'amour que lui portent ses parents, il a besoin de bienveillance et de respect pour être lui-même et s'épanouir pleinement. A partager en famille!
Lien : https://sirthisandladythat.w..
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