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Critique de ClaireG


Beaune-la-Rolande (1939), Pithiviers (1941), Drancy (1941), lieux restés dans les mémoires en tant que camps de transit, pudiquement appelés camps de rassemblement des Juifs, avant leur transfert vers la gare du Bourget et la déportation en Pologne durant la Deuxième Guerre mondiale.

L'hôpital Rothschild à Paris (1852 – 12e arrondissement) comporte, outre un établissement de soins, un hospice et un orphelinat initialement destinés aux personnes de confession juive. Durant la Première Guerre mondiale, il devient un hôpital auxiliaire militaire et reçoit des blessés sans distinction philosophique. Il est aussi le seul hôpital juif toléré par les Allemands.

A partir de 1940, il sert d'annexe au camp de Drancy dépourvu d'unités de soins spécialisés. Hommes, femmes et enfants y sont envoyés provisoirement. Rothschild devient alors un hôpital-prison pour les Juifs en traitement, contrôlé méticuleusement et souvent très durement par les Allemands et la police française.

En 1941, la jeune Colette Brull y entre comme étudiante en médecine et côtoie chaque jour la barbarie humaine. Rapidement, elle perçoit la même colère rentrée chez certains de ses collègues. Notamment, la plus que discrète, Claire Heyman, assistante sociale. La rafle du Vel d'hiv' en juillet 1942 la meurtrit plus encore. Elle apprend alors qu'un groupe de résistants s'est formé à l'hôpital afin d'éviter que les enfants soient renvoyés à Drancy et déportés. C'est ainsi que des dossiers de jeunes malades sont escamotés ou maquillés, que certains sont déclarés décédés, que d'autres se voient attribuer des infections graves alors qu'en fait, ils sont évacués de l'hôpital et dirigés vers des institutions de bienfaisance ou des personnes sûres.

Cela représente un risque énorme tant pour les enfants que pour le personnel, d'autant plus que certains médecins collaborent pleinement avec les Allemands. Colette Brull participe à certaines de ces évasions. Mot d'ordre impératif : motus et bouche cousue. Jamais ils n'ont fait évader des enfants dont les parents, prisonniers des camps, n'en acceptaient pas le principe… alors que de toutes façons…Auschwitz… Un drame humain de plus pour Claire Heyman, Colette Brull et leurs collègues.

Après sa fuite de l‘hôpital, Colette entre dans la Résistance aux côtés de son père (croix de guerre de la Première Guerre mondiale) et participe à des repérages de l'artillerie allemande sur les toits de Paris, à la fabrication de faux papiers, etc.

Après la guerre, elle reçoit la croix de guerre avec palmes et devient pédiatre pour soigner un maximum d'enfants et tenter d'oublier tous ceux qui n'ont pu être sauvés… Peine perdue, elle n'a jamais pu oublier, et c'est en se rendant compte qu'elle était le dernier témoin de ces années terrifiantes à l'hôpital Rothschild (et ailleurs) qu'elle a décidé de témoigner, à ses enfants d'abord, puis d'en faire un devoir de mémoire.

Ce livre est dédié au courage et à la ténacité de Claire Heyman, instigatrice du réseau d'évasion de l'hôpital Rothschild. Modeste jusqu'à l'abnégation. Claire Heyman est décédée en 1997 emportant avec elle le secret de son héroïsme et le nombre d'enfants sauvés grâce à ses multiples stratagèmes

En 2011, une plaque commémorative a été apposée sur le mur d'entrée de l'hôpital avec le nom de tous ceux qui ont refusé la collaboration avec l'ennemi et qui, souvent, l‘ont payé de leur vie.

Grand merci à enjie77 qui a écrit un billet très émouvant sur ce livre, seul témoignage, forcément dur et nécessaire, de ce qu'il s'est passé à l'hôpital Rothschild.

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