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EAN : 9782010057823
231 pages
Hachette (30/11/-1)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Livre de souvenirs de Raimu écrit par sa fille Paulette, qui retrace sa vie et sa carrière mais privilégie essentiellement les anecdotes personnelles.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Paulette Brun est l'unique enfant de Raimu. Née en 1925 d'Esther et Jules que 20 ans séparent, ses parents ne se marieront qu'en1936. Elle nous raconte ici les souvenirs qu'elle a de son père, légende vivante française, dans un mélange un peu touchant d'anecdotes personnelles et d'histoires rapportées que nous connaissons déjà pour la plupart.
Paulette Brun écrit comme la petite fille qu'elle est toujours restée, impressionnée par son géant de père immense par la stature physique et son statut de vedette, on ne disait pas encore star à l'époque. Ce livre – et c'est l' émotion essentielle qu'il dégage, se lit avec pour principal intérêt la conscience du lecteur de l'écrasante aura de ce père qu'elle a finalement très peu connu, souvent absent pour son métier, mais aussi, il faut bien le dire, pas très concerné par l'éducation au quotidien de son enfant, bien que l'adorant par ailleurs, lui offrant de nombreux cadeaux et endossant le rôle, quand il était présent à la maison, le plus souvent le jeudi après-midi qu'il se réservait par contrat, du papa gâteau. Mais Monsieur Raimu était Monsieur Raimu, et avait bien du mal à se mettre au niveau d'une petite fille sinon pour jouer avec elle. Paulette laisse entendre qu'il eut pu davantage être à l'aise avec un garçon au moment de l'adolescence, mais ne formule aucun regret, tant elle est demeurée fière de ce père hors norme. Sa propre fille entretiendra la flamme en créant un Musée Raimu à Cogolin dans le Var. Paulette a finalement assez peu fréquenté son père (mort en 1946), et on sourit en imaginant chaque moment partagé avec Raimu un peu comme représentation théâtrale ou une scène de cinéma.
Reste un agréable ouvrage de souvenirs, où apparaissent également les amis célèbres du comédien (Marcel Pagnol en tête). Il ne faut pas chercher dans ce récit une analyse cinématographique des films ou du jeu du comédien. On peut le lire simplement comme un témoignage d'affection posthume d'une fille à son père.
Le livre refermé, moi qui ai lu une ou deux biographies de « César Olivier », je réalise que l'on ne sait pas grand-chose de l'homme, plus secret qu'il n'y parait, sujet même parfois comme l'indique Paulette à des épisodes dépressifs. Raimu était probablement un homme terriblement pudique. Il semble qu'il a toujours porté ce masque que la postérité a inscrit dans le marbre, le provençal haut en couleurs aux colères homériques. Il est vrai que Monsieur Raimu, dans la « vraie » vie, avait du caractère, mais quelques lettres ou autres témoignages suggèrent qu'il était sûrement plus fin qu'on ne l'imagine. Sa conception du théâtre était très élaborée, réfléchie, mais son accent lui a probablement coûté des rôles dans lesquels il aurait pu développer au grand jour des facettes de sa personnalité qui se devinent dans certaines scènes de la trilogie de Pagnol. On a un peu tendance à l'oublier, mais il a frappé les esprits avec une incarnation mémorable du « Bourgeois Gentilhomme » ou du « Malade imaginaire » de Molière à la Comédie Française, de même qu'il apporte à son dernier film, « L'homme au chapeau rond », une couleur ambiguë et subtile. En son temps, il fut à la fois adulé de quelques-uns et pas vraiment pris au sérieux par les autres. Certains de ses films, à la vision d'aujourd'hui, ont impitoyablement vieilli, mais lui reste d'une modernité stupéfiante.
Pensant à Paulette, je me souviens des « Inconnus dans la maison » (objet d'un remake pitoyable avec Jean-Paul Belmondo), dans lequel Raimu incarne un avocat alcoolique qui expie sa noirceur et sa lâcheté en reprenant la robe pour défendre un innocent et retrouver l'amour perdu de sa fille délaissée depuis longtemps. le film est affreusement démodé. Les comédiens semblent jouer faux à nos oreilles. Sauf un, Monsieur Raimu, à qui ses parents avaient donné les prénoms impériaux de Jules Auguste et dont le rôle attitré pour la mémoire collective portera le prénom De Cesar, qui encore aujourd'hui et pour toujours sûrement crève l'écran et le temps, nous arrache les larmes tout en nous faisant rire par cette chose inexplicable que l'on appelle le talent, et comme l'a immortalisé Marcel Pagnol sur papier après la première représentation triomphale de « César » au théâtre, grâce notamment à la scène de la partie de cartes qu'il voulait supprimer et que Raimu avait maintenu sans le lui dire, provoquant des torrents d'applaudissement, nous pouvons affirmer : « Monsieur Raimu est un génie ».
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Un an avant sa mort, Marcel Pagnol ma révélé toute l'importance que papa donnait à ces après midi du jeudi. "Un jour, me dit-il, ton père a exigé, par contrat, de ne plus tourner le jeudi. Surpris je lui demandai : " Mais enfin Jules, pourquoi pas le jeudi ?" -Parce que le jeudi, m'a t-il répondu comme si c'était évident, le jeudi c'est le jour de la petite". Je retrouvai dans cette phrase anodine toute la pudeur et la tendresse de ce père à l'air bourru.
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J'ai vingt ans, papa vient de mourir subitement et, dans mon immense chagrin, je comprends que "la petite"aussi s'en est allée, pour faire place à la fille de Monsieur Raimu.
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