Ce bouquin (de 2018) qui recense tout le "passif" (l'évolution de la vision des Gaulois au fil de l'histoire de France) et toutes les dernières découvertes archéologiques au travers de chapitres répondant à une question comme "Les Gaulois descendent-ils d'Héracles ?" remet de façon très documentée et passionnante les pendules à l'heure.
J'ai d'ailleurs enfin compris la différence entre Celtes et Gaulois, qui n'était pas très claire pour moi jusque là. de fait, on peut clairement parler d'une civilisation gauloise, là où on nous a plus ou moins fait comprendre (à nous les vieux) à l'école que les Gaulois étaient des sortes de cro-magnons qui furent "civilisés" par Jules César... Etant donné qu'on s'est surtout basés sur l'auto-promotion du Jules en question, lol, et qu'il en était le héros, jusque là, tout est normal. Mais c'est aussi une volonté de la noblesse d'avant révolution que de vouloir faire passer les Francs "avant" les Gaulois...
Civilisation tout à fait à part dans le monde antique, unie par le réseau des druides, qui "interdisait", voire riait des représentations "physiques" des Dieux, d'où un art abstrait symbolique, et non "représentatif", célébrant le cycle de la vie et non l'immortalité réelle ou fantasmée.
Bref, j'ai révisé mes bases, mais en fait j'ai appris beaucoup de choses, car j'avais beaucoup des clichés que Brunaux détruit sans trop de contestation possible en tête.
Que dire d'autre... C'est passionnant, très bien écrit, très abordable, pas du tout ennuyeux, et semble vraiment très sérieusement documenté et compilé. En tous les cas c'est très bien argumenté.
Cela m'a donné envie de découvrir le reste de la bibliographie de l'auteur, je sens que je vais sauter sur "L'univers spirituel des Gaulois : art, religion et philosophie" sans trop tarder !
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La conception et la construction de la moissonneuse nécessitaient en effet des savoirs technologiques que les Romains ne possédaient pas, mais que les Gaulois, au contraire, avaient développés bien avant la conquête de César. [...] Le plus important - il était fondamental - concernait la roue. N'importe quel type de véhicule, pour être fonctionnel, rapide, et malgré tout solide, devait posséder des roues adaptées, c'est à dire le plus légères possible, le plus mobiles et le plus résistantes. Les charrons en Gaule sont parvenus, peut-être dès le Vème siècle avant notre ère, à obtenir ce miracle. [...] Dès ce moment, les Gaulois avaient établi le modèle de la roue en bois qui a encore cours de nos jours, alors qu'il fut perdu, par manque de savoir-faire, pendant tout le moyen-âge.
Cette roue, comme beaucoup d'autres innovations technologiques, a été inventée pour des causes guerrières. [...] Les artisans du nord de la Gaule réalisèrent alors un char à deux roues, tiré par deux chevaux, qui peut être considéré comme un chef-d'oeuvre de la charronnerie. Son nom gaulois est essedon, devenu essedum en latin. [...] Ce char connut un grand succès et fut peut-être le premier véhicule gaulois à être exporté en grande quantité vers le monde italique.
Les voyages les plus anciens et les plus réguliers des Gaulois s'exerçaient dans le cadre du mercenariat. Il semble que les Grecs et les Carthaginois aient initié les populations du Languedoc à cette pratique, au moins dès le Vème siècle (ndr : avant JC). Hérodote rapporte que les Hélisykes, peuple de la région de Narbonne, avaient fourni des guerriers à l'armée internationale que dirigeait Hamilcar en 480 avant notre ère. A coup sûr - si l'on songe à l'efficacité dont ils firent preuve - , ce n'était pas là leur première expérience.
Par la suite, l'exercice du mercenariat devint en Gaule une véritable industrie, pourvoyeuse de richesse, et une part souvent majeure de l'économie des peuples.
Les Gaulois aimaient rire et tiraient la langue à leurs ennemis , ce qui effrayait ces derniers. Et surtout, ils ne passaient pas leur vie, comme leurs brillants voisins, à tenter de laisser des souvenirs impérissables de leur passage sur Terre, que ce fussent des monuments de pierre, des figures de bronze ou des écrits. Eux cultivaient un art soucieux de légèreté, plein de métamorphoses, où le réalisme n'avait pas sa place, si ce n'est dans l'évocation de ses perpétuelles transformations.
Storia Voce - 28 février 2019
La conquête romaine: l'exemple gaulois avec J. L. Brunaux
Dans le cadre de son partenariat avec l'Académie du Professorat, Storiavoce met exceptionnellement en ligne l'intervention du professeur Jean-Louis Brunaux. L'Académie du professorat a pour vocation de créer un lien entre l'université et le monde du secondaire. Chaque intervention recoupe donc les programmes du Collège et du Lycée. Rejoignez la prochaine session de l'Académie qui aura lieu à Saint-Jean-de-Passy le 23 mars prochain et qui aura pour thème l'Histoire médiévale.