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Citations sur Relations d'incertitude (8)

Le vide, c'est-à-dire le vide tel que le conceptualise la physique quantique, fourmille d'une énergie latente invisible. Rien à voir avec le néant. Le néant, s'il faut en croire la physique, est impossible. Quand on enlève tout, il reste encore quelque chose. Et ce quelque chose d'impalpable, cet alphabet cosmique invisible, finit par se transformer en mots, c'est-à-dire en particules. On a là un scénario auto consistant qui n'a pas besoin de Dieu ni d'aucun principe créateur. On comprend l'excitation du chercheur.

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Pourquoi diable m'avait-il choisie moi, jeune diplômée, sans aucune expérience de la vie, et encore moins du malheur, pour devenir la dépositaire de son passé , Qu'est-ce qui avait pu le convaincre de s'épancher devant moi ? La logique de cette association contre nature m'échappait. Ma connaissance du vingtième siècle résumait à quelques fiches potassées pour les examens, quelques livres parcourus parce qu'il fallait bien. Je me souvenais à peine de la chute du mur de Berlin : des images de liesse à la télé quand j'avais douze ans. Et lui, il portait tout le siècle sur ses épaules. Il allait me parler de la Guerre d'Espagne, du printemps de Prague, de la Baie des Cochons, et Dieu sait quoi encore ! Décidément non, je ne me sentais pas à la hauteur.
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L'acte de naissance est l'un des derniers à être établis par l'Espagne républicaine. Rachel déclare son fils sous le nom de "Edgard Aragon G."

Le premier prénom a été choisi depuis longtemps. Jacques et Rachel, avant de quitter la Belgique, avaient un couple d'amis fidèles, communistes bien évidemment avec qui ils avaient pris l'engagement suivant : si deux fils leur naissaient, ils les appelleraient respectivement Edgard et André, en hommage au communiste allemand martyr Edgard André qui fut décapité à la hache sur ordre d'Hitler en 1936. L'évènement les avait tellement bouleversés qu'ils voulaient en garder la mémoire toute leur vie. Quant à Aragon, c'était le nom d'un des deux fronts sur lesquels Jacques avait combattu et qui resta dans l'histoire comme une bataille célèbre de la guerre civile espagnole.

Chacun de nous porte les fantasmes, désirs et obsessions de ses parents, à travers un nom pour commencer, et tant d'autres choses qu'ils nous imposent par la suite. Mais dans le cas d'Edgard, cela dépassait tout. De prime abord, Edgard, je trouvais ça majestueusement désuet, exotique de surcroit avec de "d" inattendu ; et delà Edgard portait le prénom d'un gars décapité à la hache, complété d'un massacre abominable. J'eus un instant la révélation d'un désastre en puissance, d'un malentendu immense, d'un faux départ probablement sans remède ; car ce bébé n'était pas le fils de Jacques et Rachel, il était le symbole du communisme, du communisme martyr qui plus est.

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Comme l'expliqua encore Madame Goldberg, chaque arrestation était suivie de déménagements à la chaîne. On estimait en effet que personne ou presque n'était capable de résister plus de quarante-huit heures à une torture bien administrée. Sa "chance" à elle fût d'être arrêtée sur simple dénonciation des voisins en tant que Juive et rien de plus. Les Allemands n'ont donc pas fouillé en détail son appartement et n'ont pas découvert l'émetteur. Simple Juive, elle ne fut ni torturée, ni exécutée, mais "seulement" déportée.

Page 567 - L'Orchestre rouge
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Ils arrivent à Prague - la patrie d'Edgard puisqu'il porte encore la nationalité tchèque de son père. Il y règne une atmosphère bizarre, très lourde et tendue. Les habitants semblent s'épier dans la rue, évitent de s'adresser la parole. Rachel sait que le procès Slansky est en cours, une affaire retentissante qui met sur le banc des accusés plusieurs dirigeants du parti communiste. La plupart de ces accusés sont en réalité d'anciens camarades à elle et surtout à Jacques, des anciens des Brigades internationales d'Espagne. On pouvait s'étonner de les voir arrêtés et inculpés de trahison envers le parti communiste. Onze d'entre eux seront exécutés un mois plus tard.

Avec le recul, la démence de Staline apparaît de façon évidente : il se méfiait indistinctement de tout ce qui avait touché de près ou de loin le monde occidental, au point de fusiller ses propres soldats, les brigadistes russes, à leur retour d'Espagne. Mais, à l'époque, la moitié de ses crimes était ignorée tandis que l'autre moitié était maquillée en juste punition de forfaits imaginaires.

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Une autre phrase du livre d'Einstein m'avait frappé : "Toute chose a un temps fini d'existence."
Est-ce que vraiment tout disparaît ?Même les atomes? Quelle est, en réalité, la stabilité de la matière que nous croyons éternelle ? Et celle de l'univers tout entier?
Sur le plan personnel, de surcroît, cette phrase agissait sur moi comme un signal, un message chargé de sens. Quels que soient la difficulté ou le désespoir d'une situation, celle-ci aurait une fin. Le malheur ne dure pas toujours.
Tel était le message d'espoir. De science et d'espoir.
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Pour ma part, je vivais dans un de ces moments suspendus qui confinent à l'éternité, quand la conscience s'ouvre brusquement sur une dimension nouvelle et vertigineuse. Mon esprit qui, quelques heures plus tôt, s'enlisait dans un épais sentiment d'ennui s'emballait à présent comme s'il était pourvu d'un moteur neuf.
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Je m'approchai de l'affiche apposée sur la porte. "Naissance et destin de l'univers, une quête sous le signe du vide quantique, par le professeur Edgard G." Cette annonce fit sur mon l'effet d'une pluie de confettis. On changeait de monde, on zappait vers les cimes. L'univers, certes, je n'en ignorais pas l'existence, mais qu'il pût naître ou mourir ne m'avait jamais effleuré l'esprit. Est-ce que la fraîcheur de ces idées me sortait d'une torpeur maladive - je pouvais presque entendre dans mon cerveau le crépitement de l'influx électrique. Univers, destin, naissance, quête, vide, enfin de vraies questions, qui rompent le refrain assomant des insignifiances quotidiennes. Et, avec le mot quantique, on atteignait franchement l'ivresse poétique - je parle de la poésie dense et joufflue émanant des concepts dont vous ne pouvez douter qu'il sont chargés de sens. Voilà qui réclamait mon attention. J'entrai.
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