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Critique de Litteraflure


Mais qu'est-il arrivé à Baby Jane ? On aurait pu intituler ce roman « mais qu'est-il arrivé à Laura Antonelli » ? Laura Antonelli, une actrice italienne dont mon père vantait les talents. « Ça dépend où tu places ses talents » répliquait ma mère, en levant les yeux au ciel. Quand je fus plus grande, elle m'expliqua pourquoi papa en pinçait pour la vedette de Malizia. C'est parce qu'elle avait une sensualité rassurante. Luchino Visconti l'a très bien résumé : « elle incarnait quelque chose de plus rare, la femme du peuple, accessible et désirable, à la beauté embarrassante qui vous remuait les sangs » » avec « son visage d'ange sur un corps de pécheresse ». Laura Antonelli était si différente d'Anita Ekberg (« splendeur sculpturale, déesse païenne phosphorescente »), de Monica Vitti (« Et ses pâleurs diaphanes, toujours insatisfaite ») ou de Silvana Mangano (« diva lointaine, au sourire ennuyé »). Laura Antonelli ne s'est pas protégée de la vieillesse et du désir des hommes en épousant un producteur, comme l'avait fait Sophia Loren.
Non, elle s'est jetée dans l'arène. Reine des nuits romaines, elle a brûlé la pellicule sans se figurer qu'un jour, la société lui reprocherait ses nudités insouciantes. Traînée devant les tribunaux pour son addiction et une opération de chirurgie esthétique qui tourne mal, elle se fera dépouillée de son argent et de « cette parcelle de gloire dont Pasolini disait qu'elle est l'autre face de la persécution ».
Philippe Brunel ne commet pas de faux pas. Sa description de Rome est juste et sensible. Sa quête éperdue d'une dernière interview avec l'actrice est émouvante, empreinte d'une douce nostalgie.
Un roman sans prétention mais bourré de charme.
Inutile de préciser que mon papa me l'a emprunté.
Bilan : 🌹🌹
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