Les métamorphoses

" Enrique est devenue une sorte de poisson.Ophélie veut le garder. Pareil pour Federico, son copain veut le garder. C'est une sorte de grenouille maintenant."

"Isis n'osait plus bouger. Dinah l'avait trahie et sa honte vis à vis de sa famille le disputait à la peine qu'elle éprouvait pour l'hirondelle, en qui mourrait probablement le souvenir d'un nid d'hiver quelque part en Centrafrique, au dessus des gorilles et des éléphants qu'elle ne reverrait jamais-quelle absurdité finir tuée par une chatte après avoir survécu aux panthères"

Quand on a suffisamment profité d'une chose pour s'en souvenir à jamais, il ne faut pas craindre de la perdre.

Pas de panique vis-à-vis de la fin du monde quand on ne se sent plus exister soi-même.

-" Tu as entendu parler de la prolifération d'animaux échappés? répondit-elle pour garder son exaspération sous contrôle : regarde, ils étaient en train de disparaitre et maintenant, ils reviennent alors dis moi, ça me passionne. Dis moi ce que ca t'évoque."

Octavia commença à manger sa viande : - Je ne sais pas, c'est un chant du cygne, non? Les dernières espèces essaient de rejoindre les villes au lieu de mourir dans la nature. Elles doivent imaginer que c'est un bon endroit pour survivre puisque les humains y prolifèrent. Je ne serais pas étonné si ta grue n'était qu'un animal qui avait compris qu'il fallait chercher la bouffe où elle se trouve, c'est à dire chez nous."

Le monde échappait aux humains, qui ne pouvaient plus que prendre soin des rescapés dont ils héritaient. Espérer que les circonstances s’adoucissent ou que le hasard se remette à jouer en leur faveur ne conduirait qu’à une déception plus douloureuse encore que le désespoir assumé et embrassé.

C’est une grue de ma taille, un mètre soixante-dix, par là. Ses jambes m’arrivent aux hanches, ses yeux ambre ronds semblent fixer les miens. L’ovale incliné de son corps, dans un long cocon de plumes grises, suggère d’immenses ailes repliées. Elle trépigne et recule, ses pattes tridactyles grattent le pavé. Je ne veux surtout pas qu’elle s’envole avant que je l’ai photographiée, alors je garde mon calme. À mes pieds, Dinah crache encore, mais le grand oiseau ne s’en offusque pas : il ne nous entend pas.

Le premier des grands doudous convoqués fut le jargon scientifique : une fois baptisé "teratomorphose foudroyante" par les médecins, le phénomène semblait déjà dompté. L'institut Curie et le CERN étaient sur le coup.

Elle se souvenait avoir lu que dans ses explorations de Yellowstone à la fin du XIXe siècle, John Muir n'avait jamais rien eu à craindre des plantigrades qu'il croisait, parce qu'il ne pointait jamais son fusil vers eux et leur sifflotait des airs écossais.

Pour paraphraser un magicien américain qu’Isis avait découvert par hasard en trainant sur Wikipedia, dans un monde humain à dix milliards d’habitants, des évènements n’ayant qu’une chance sur dix milliards d’arriver pouvaient se produire dix fois par jour.