Quand je pense au Vaucluse et au Luberon, à l'Isle sur la Sorgue, à Cavaillon, à Ménerbes, à Bonnieux, à Gordes, à Avignon, j'ai le coeur qui s'emballe. Je repense à ces étés caniculaires, à ces visites d'abbayes, aux promenades dans la garrigue, aux plongeons dans la piscine, à l'ambiance fantastique du festival de théâtre, aux cigales, aux apéros dans la douceur du soir…
Marion Brunet m'y a tout de suite emmenée, dans ce Sud si cher à mon coeur. Mais pour une tout autre ambiance : lotissement bon marché, vulgarité, violence, racisme, douleur de vieillir, alcoolisme,
dureté de vivre.
J'ai adoré !
La jeune Céline, âgée de 16 ans, est enceinte. C'est le début de l'été, et un tour de manège malencontreux a dévoilé son état à ses parents, catastrophés. Sa soeur Johanna, d'un an sa cadette, la soutiendra, l'épaulera dans ce village où tout se sait, où les garçons tournent autour des filles comme des grosses mouches, où les parents des autres jeunes médisent, où les collègues du père maçon essaient d'être discrets, où les grands-parents se font de plus en plus froids, où les autres mères se disent que Céline l'a bien cherché.
Le père, surtout, n'en peut plus de haine pour « celui qui a fait ça à sa fille ». La mère, elle, se retire dans son indifférence, toute occupée à regretter sa jeunesse.
Mais l'étau se resserre, le drame s'annonce…
Marion Brunet m'a totalement bluffée par sa capacité à trousser une ambiance malsaine, opaque, pesante. Elle connait à fond l'adolescence et son mal-être, son désir de partir loin de « tout ça ». Elle explore le coeur des femmes qui se sentent vieillir, des hommes qui se veulent encore conquérants alors que la vie s'occupe à les briser.
Et puis elle sème des indices ça et là, mine de rien, qui mènent justement à l'explosion cataclysmique vers la fin du roman.
Marion Brunet est davantage qu'une bonne écrivaine, elle est sociologue et fine psychologue.
Quel été j'ai passé !