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sur 702 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Céline la belle, la pulpeuse, la sexy, la « garce » pour ses parents et quelques autres : « Son short en jean coupé si court que le pli de chair entre fesse et cuisse s'ouvrait et se fermait à chaque pas. » (p. 12), car Céline est enceinte, et elle a 16 ans. De qui ? Nul ne le sait. Sauf elle, bien sûr.

Pas même sa soeur, Johanna, « Jo », la « bizarre » aux yeux vairons, taillée comme un fil de fer cachant son corps sous d'amples vêtements. Revêche mais lucide : « elle porte un peu de cette lassitude désespérée qui fait parfois office de maturité » (p. 19). Jo a 15 ans.

Deux soeurs dans la chaleur de cet été caniculaire du Luberon. Un été comme un autre ? Non. Un été circulaire... qui tourne en rond comme la grande roue de la fête foraine... comme la roue de leurs vies.

Il y a la famille : Manuel, le père, maçon qui construit « des maisons sans avoir les moyens de payer la sienne. » (p. 77) et Séverine, la mère, elle aussi « fille mère » quasiment au même âge que Céline.

Il y a aussi les amis, ceux des parents, Patrick et Valérie, celui des filles, le seul sur lequel elles peuvent compter, Saïd, « l'Arabe ».
Bien sûr, il y aura des tensions. Bien sûr, il y aura un drame, « mâtiné de racisme ordinaire »...

De ses phrases acérées, Marion Brunet nous offre une essoufflante plongée dans une petite ville de province d'aujourd'hui. Une famille populaire comme les autres qui ne sait plus qui ou quoi combattre pour soulager l'injustice dont elle est victime.
C'est un roman noir. Un noir profond qui vous emporte, en apnée jusqu'à l'issue... qui sera injuste, forcément.

C'est une cinglante réflexion sur notre société actuelle, brûlante comme le soleil qui attire mais qui piège, étouffante comme la chaleur de cet « été circulaire ». Un roman brillant.

Lu en février 2018.

Merci à Ana et Benoît pour cette découverte exceptionnelle.
Je connaissais l’auteur pour ses écrits classés "ado", je ne suis pas sûr que j’aurai pris le temps de lire son premier roman "adulte"...

Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/L-ete-c..
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Céline & Jo, soeurs de 16 et 15 ans, dans la touffeur d'un été du Luberon.
Le dernier été de l'insouciance adolescente ?
Céline est sexy, aguicheuse ; Jo, lucide, rebelle, pragmatique, vit dans son ombre.
Elles ne sont pas touristes (d'ailleurs elles ne sortent jamais d'ici), elles vivent dans cette petite ville près de Cavaillon, entourées de copains. Les parents triment - la mère est employée municipale, encore jeune, pas trop mal, un peu vulgaire, dure, fière ; le père est maçon, descendant de réfugiés espagnols. Il boit trop, parce qu'il fait chaud, qu'il a un boulot éreintant, et surtout « pour rendre les choses floues ». A l'occasion, il cogne ses filles, quand « ça vrille », parce qu'il « n'a pas beaucoup de vocabulaire ».

Roman noir très réussi, qui frappe fort, aussi fort que le précédent 'Dans le désordre', de la même auteur.
Là encore, Marion Brunet décrit brillamment le désarroi d'adolescents et de parents pris eux aussi dans la tourmente, alors qu'ils ne sont guère plus mûrs et qu'ils ont été propulsés trop tôt dans une vie d'adultes pas vraiment à la mesure de leurs rêves.

J'ai pensé au 'Paradoxe d'Anderson' de Pascal Manoukian pour la fresque sociale, à 'Corniche Kennedy' (Maylis de Kerangal) pour les jeux de séduction/domination et d'épate entre ados. Et surtout aux excellents 'D'Acier' et 'La vie parfaite' de Silvia Avallone - même ambiance, même contexte, et une écriture aussi juste.

Mention spéciale pour Jo, une gamine attachante dont la clairvoyance, le sens de la repartie et la colère rappellent certains personnages de Virginie Despentes.
❤️

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=wOwblaKmyVw
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Quand je pense au Vaucluse et au Luberon, à l'Isle sur la Sorgue, à Cavaillon, à Ménerbes, à Bonnieux, à Gordes, à Avignon, j'ai le coeur qui s'emballe. Je repense à ces étés caniculaires, à ces visites d'abbayes, aux promenades dans la garrigue, aux plongeons dans la piscine, à l'ambiance fantastique du festival de théâtre, aux cigales, aux apéros dans la douceur du soir…

Marion Brunet m'y a tout de suite emmenée, dans ce Sud si cher à mon coeur. Mais pour une tout autre ambiance : lotissement bon marché, vulgarité, violence, racisme, douleur de vieillir, alcoolisme,
dureté de vivre.
J'ai adoré !

La jeune Céline, âgée de 16 ans, est enceinte. C'est le début de l'été, et un tour de manège malencontreux a dévoilé son état à ses parents, catastrophés. Sa soeur Johanna, d'un an sa cadette, la soutiendra, l'épaulera dans ce village où tout se sait, où les garçons tournent autour des filles comme des grosses mouches, où les parents des autres jeunes médisent, où les collègues du père maçon essaient d'être discrets, où les grands-parents se font de plus en plus froids, où les autres mères se disent que Céline l'a bien cherché.
Le père, surtout, n'en peut plus de haine pour « celui qui a fait ça à sa fille ». La mère, elle, se retire dans son indifférence, toute occupée à regretter sa jeunesse.
Mais l'étau se resserre, le drame s'annonce…

Marion Brunet m'a totalement bluffée par sa capacité à trousser une ambiance malsaine, opaque, pesante. Elle connait à fond l'adolescence et son mal-être, son désir de partir loin de « tout ça ». Elle explore le coeur des femmes qui se sentent vieillir, des hommes qui se veulent encore conquérants alors que la vie s'occupe à les briser.
Et puis elle sème des indices ça et là, mine de rien, qui mènent justement à l'explosion cataclysmique vers la fin du roman.

Marion Brunet est davantage qu'une bonne écrivaine, elle est sociologue et fine psychologue.
Quel été j'ai passé !
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C'est dans une petite ville dortoir du Sud, dans un des innombrables lotissements que vivent Céline et Jo, deux soeurs, et leurs parents Manuel et Séverine.

Ce soir les coups et les cris résonnent dans le lotissement. Céline 16 ans est enceinte et ses parents viennent de l'apprendre. Manuel cogne sur sa fille pour avoir le nom du responsable mais Céline ne dira rien. Séverine, la mère, n'aura pas un geste tendre ou rassurant pour sa fille, bien au contraire. Pourtant elle aussi est tombée enceinte à 16 ans mais Manuel est resté. Jo est arrivée 1 an après. Depuis le couple vivote dans leur presque maison, avec leur boulot, dans le bâtiment pour lui, la cantine pour elle et la bière bue le soir en rentrant, beaucoup de bières. La seule activité de cette petite ville à part le commerce où les langues se délient et ce qu'on ne sait pas on l'invente, est la fête foraine en début d'été. le rendez-vous à ne pas manquer pour les gamins du coin. Les rendez-vous des premières amours et des premiers ébats sexuels. Les ados se cherchent, se tournent autour. Céline a toujours été la grand gagnante à ce jeu. Un corps parfait et des fringues frôlant l'indécence. Jo est insignifiante aux yeux des garçons, tout le contraire de sa soeur. En plus elle a les yeux vairons qui en gênent plus d'un, même les adultes qui évitent de la regarder dans les yeux.

Dans leur entourage, il y a les parents de Séverine qui traitent Manuel comme un bon à rien toujours à court d'argent. Ce sont des terriens, la récolte des melons, les vendanges, la tête sur les épaules. le père de Manuel qui se meurt à l'hôpital et qu'on va voir de temps en temps. Il y a Saïd le copain d'enfance de Céline et Jo, il habite la maison voisine avec sa mère. Et puis le meilleur pote de Manuel, Patrick, le même profil, buveur de bière, ne demandant pas plus à la vie à qu'un enfant qu'il n'a jamais eu avec sa femme, dont j'ai oublié le nom qui a subi des doses d'hormones à répétition pour tomber enceinte et qui est en surpoids, servant de faire valoir à Séverine.

Ces gens n'ont aucun espoir, ils n'en n'ont pas la force, leur vie est d'une désespérance féroce et violente. Leur seul intérêt est la fête foraine tous les étés et maintenant de connaître le nom du salaud qui a engrossé Céline. Et Saïd disparaît. Est-il allé rejoindre le rang des djihadistes ?

D'une plume vive, l'auteure nous raconte la vie de ces petites villes du sud qui font tant rêver les gens du Nord et les vacanciers. C'est brillant et tellement réaliste !
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Quand Benoît Minville et Nicolas Mathieu te conseillent tous deux L'été circulaire de Marion Brunet, forcément, ça titille… Alors tu penses bien que quand Élodie y va à son tour de ses louanges, y a plus à hésiter : faut foncer !

Parce que l'auteure ouvre son livre avec Maupassant, avant de nous entraîner au pied du Lubéron et que forcément, ce grand écart Normandie-Provence, ça me parle.

Parce que j'ai longtemps eu peur d'un énième livre sur la sortie de l'adolescence le temps d'un été – et d'une naissance -, appréhension vite apaisée par le style accrocheur et explosif de Marion Brunet.

Parce que malgré ce que certains ont assimilé à des clichés enfilés comme de perles, la succession des détails du quotidien de ces familles des bords de Sorgue, forme autant de témoignages de l'équilibre fragile de ces vies marginales.

Parce que les thèmes de la fuite, du changement de vie possible, de l'espoir ou de la résignation sont ici très bien traités, souvent à travers la force des femmes et l'indécision des hommes.

Enfin parce qu'on sent dans l'été circulaire un vrai talent pour le noir, qui va sans nul doute croître au fur et à mesure des prochains livres, et si cette montée en puissance est à l'image de celle de ses parrains cités plus haut, de beaux lendemains sont promis à Marion Brunet !
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L'été circulaire a reçu le Grand Prix de littérature policière, le livre de poche l'étiquette comme « policier » et sur la quatrième de couverture, une élogieuse critique évoque « un polar tendu et efficace ».
Cette classification peut selon moi induire le lecteur en erreur, le roman répondant davantage aux critères de « littérature blanche », voire du « thriller psychologique », que du « policier » ou du « polar ».

Bon. Après cette petite « mise au point » je vais tenter de trouver les mots pour exprimer mon « emballement » pour ce roman qui m'a fait penser « toutes proportions gardées » à L'éblouissement des petites filles, de Thimotee Stanculescu.

DES PERSONNAGES ATTACHANTS
Au coeur du récit, deux soeurs.
L'aînée, Céline, a 16 ans. Elle est belle et pas farouche, tous les garçons du village lui tournent autour.
Johanna « Jo », 15 ans, « un peu en colère et toujours sur le qui-vive », « plus sauvage que féroce », est moins naïve et moins vulnérable que Céline. Au final c'est plutôt elle, « la grande », même quand Céline se retrouve enceinte.

UN CERTAIN SUSPENSE
Les chapitres courts, rythmés, dévoilent l'intimité, les aspirations éventées, la rancoeur sourde des uns et des autres, adolescents, parents, collègues, voisins, alors qu'une (hideuse) intrigue se développe au fil des pages.
On est loin du « feel good ».

UNE PLUME ÂPRE ET SENSUELLE
qui retranscrit avec justesse l'ambiance tonitruante de la fête foraine, l'atmosphère plus feutrée mais malsaine d'une soirée de « bourges », le désir des corps, la volupté d'une pluie d'orage.

J'ai ADORÉ !
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Je viens de terminer ma lecture et j'ai beaucoup aimé ce roman. Marion Brunet est une découverte pour moi, elle a une belle écriture fluide, j'ai suivi avec intérêt son histoire d'une famille déstabilisée par la grossesse précoce de leur fille aînée.

Chose que la mère a elle même connu et qui souhaitait un autre avenir pour sa fille.

Un bien beau roman.
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Dans cette petite bourgade du Midi, tout le monde se connaît pour le meilleur, et pour le pire...
Patrick et Valérie, Manuel et Séverine, y ont grandi.
L'amitié entre les deux hommes a rapproché celles qui sont devenues leurs épouses. Tandis que Patrick et Valérie n'ont pas réussi à avoir d'enfant, Manuel et Séverine ont donné naissance à deux filles : Céline et Johanna, aujourd'hui adolescentes. Les deux couples ont en commun des métiers et une vie difficiles, et le fait de vivre au jour le jour. Pour les adolescentes, les perspectives ne sont pas brillantes non plus.

Ce livre m'a fait penser à 'D'acier' de Silvia Avallone pour la fresque sociale, au 'Paradoxe d'Anderson' de Pascal Manoukian pour l'ambiance glauque, et à des récits de Jean Teulé pour la qualité de l'écriture.
En moins de 250 pages, l'auteure parvient à dresser des portraits justes et vivants de ses personnages et à nous faire ressentir l'atmosphère parfois nauséabonde de ce village (racisme ambiant). Et l'intrigue n'est pas en reste.

Un très bon roman noir social.
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Un été chaud comme il sait l'être dans le sud, et l'ennui que l'on traîne. C'est le quotidien de Johanna et de sa soeur Céline qui vivent dans un lotissement de la banlieue populaire de Cavaillon. Ce pourrait être un été comme les autres s'il n'y avait la grossesse de Céline, à peine 16 ans. le père a frappé, la mère la traite de garce, mais la gamine refuse de donner le nom du père.
Toute l'histoire part de là, de cet homme qui a fait un môme à une gamine qui se prend pour une femme. Et si c'était Saïd, le beau gosse serviable qui aime les belles bagnoles ? le racisme ordinaire s'expose sans honte, et en famille on remâche les vieilles idéologies sur les « bougnoules ».
Les personnages sont campés et le lecteur se perd en conjectures tandis que les parents et leurs amis s'inventent des vies heureuses, sans dettes et sans soucis. Mais il faut trimer dans des boulots peu valorisants où l'on vous humilie.
De cette situation sociale Marion Brunet a su tirer un roman noir qui montre les illusions déçues et la pauvreté des relations affectives. Les personnages s'engluent dans leur vie merdique, et plus ils essaient de changer les choses, plus ils s'enfoncent. Heureusement qu'il y a l'alcool pour pailleter un peu la vie.
Le drame couve, c'est sombre et ça ne va pas s'arranger.
Finalement, la naissance de cet enfant illégitime va peut-être laisser la place à un peu d'espoir. Et puis il y a les rêves de Johanna, la seule, peut-être, à se donner les moyens d'éviter cette vie programmée.
L'écriture, sans fioriture, de Marion Brunet, est tendue. Elle sait décrire les relations d'une famille à bout de souffle et cette rage qui monte peu à peu.
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Quelle claque, ce roman!!! J'en ressors complètement sonnée!
Nous sommes près de Cavaillon, dans le Lubéron. Il fait chaud et les filles se promènent en short très court et débardeur moulant sous les regards affamés des garçons, se trémoussant aux sons de la musique assourdissante de la fête foraine. Qui montera avec qui dans la "Tarentule"?
Jo et Céline, deux soeurs de quinze et seize ans promènent leur beauté insolente des centres commerciaux aux piscines des résidences secondaires inhabitées. Elles trainent avec des garçons pas forcément recommandables pendant que leurs parents triment pour payer la maison. le père, maçon, n'hésite pas à traficoter à gauche, à droite pour arrondir les fins de mois, et surtout, payer la bibine qui lui permet chaque soir d'oublier les tracas de la vie.
C'est alors qu'un évènement lié à Céline va chambouler la vie de la famille entière…
Pas de pathos dans l'écriture de Marion Brunet. Rien que l'histoire, abrupte, glauque d'une famille désabusée, qui vient d'un milieu où l'on ne sait plus éduquer ses enfants ni prendre ses responsabilités parce qu'il y a trop d'autres soucis à gérer.
Oui, une grande claque, et une auteure à suivre.

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