Je remercie les Editions Tohu-Bohu, et Masse Critique de Babelio, de m'avoir permis de lire
le Music-Hall des espions, de
Bruno Birolli, et d'en faire la critique.
Nous sommes à Shanghai, à la fin de 1931. le jeune René Desfossés – grâce aux relations de son oncle, le sénateur Desfossés, vient d'être nommé sous-officier du renseignement militaire. Pendant deux ans, sous les ordres du Commandant Fiorini, de vingt ans son aîné, ancien combattant, il va découvrir la Chine de la Concession française.
1931-1933 à Shanghai, période charnière de l'entre-deux guerres. La préoccupation essentielle des responsables des concessions, mais aussi des autorités chinoises : la brigade rouge, l'organisation du parti communiste chinois, décimée en 1927 par Tchang Kaï-Chek. Les espions sont partout, et en particulier le Magicien, communiste qui se sert de sa "couverture" pour organiser des attentats. le Magicien va faire l'objet d'une gigantesque manipulation des autorités chinoises et servir à déclencher des purges au sein même de son parti. Tout n'est que faux-semblant, et les trahisons et les exécutions se multiplient… la vie ne vaut pas cher à Shanghai. Et l'on sent bien que quelque chose se prépare - une nouvelle guerre peut-être provoquée par les Japonais....
René Desfossés porte un regard neuf et curieux sur Shanghai, et le monde étrange qu'il y découvre. « A Shanghai, tout le monde a son idée du bien et du mal. Vous traversez la rue, passez d'une concession à l'autre ou dans un quartier chinois et ce n'est plus la même police, les lois changent, la morale est différente. Fatalement, un jour, on se retrouve du mauvais côté de la barrière, à un endroit où on ne devait pas être, à commettre des actes qu'on ne devrait pas"… telles sont les premières paroles de Fiorini… Sur la scène de Shanghai, tous jouent un jeu dangereux, y compris Fiorini et sa compagne, la belle Natalia.
J'ai beaucoup aimé découvrir la Chine de cette époque, la ville qui grouille de monde, les sampans, les pousse, les coolies, les taxi-girls et les amahs, vocabulaire d'un autre monde, odeurs et couleurs exotiques…
le Music-Hall des espions : un titre bien trouvé comme si tout ce monde de l'espionnage n'était qu'un jeu factice, un lapin que l'on sort d'un chapeau pour mieux manipuler la partie adverse....
L'écriture de
Bruno Birolli est nerveuse – quelquefois même comme hachée – et s'accorde bien au monde qu'il dépeint.
Un beau roman, le premier d'une série intitulée La suite de Shanghai.