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EAN : 9782376220138
376 pages
Lienart (03/01/2017)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Shanghai, les années 30.

Tout le monde a son idée du bien et du mal. Vous traversez la rue, passez d’une concession à l’autre ou dans un quartier chinois et ce n’est plus la même police, les lois changent, la morale est différente. Fatalement un jour, on se retrouve du mauvais côté de la barrière, à un endroit où on ne devrait pas être…

Pour réaliser qu’il n’y a pas de justice, qu’elle est une illusion… aussi creuse que l’intrigue proje... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Début des années 1930, le jeune René Desfossés, issu d'une famille de militaires, mais jugé un peu tendre et nonchalant, est parachuté par son oncle Jules, Sénateur, comme sous-officier du renseignement dans la concession française de Shanghai. Et ça commence fort : sous la houlette du commandant Fiorini, et au milieu d'autres personnalités locales de l'espionnage comme l'anglais Swindon ou le colonel chinois Chu, il se coltine d'emblée une scène de sept cadavres, après un règlement de comptes.

C'est que les temps sont troublés...ces liquidations sont liées aux luttes pour le pouvoir entre les impérialistes, instigateurs de la terreur blanche de 1927, et les brigades rouges communistes, qui se battent pour une Chine forte et souveraine face aux puissances étrangères, et notamment pour en finir avec les concessions. Nos enquêteurs vont ainsi rapidement être conduits sur la piste d'un magicien, en réalité un activiste communiste appelé Kuo Chen-shang.

L'intérêt de ce roman tient à la plongée à une époque clé de l'histoire de la Chine, la phase transitoire entre la fin de l'empire et l'avènement du communisme : l'univers des concessions, ces traités injustes aux yeux des Chinois. N'étant pas fan de romans d'espionnage, j'ai parfois eu du mal à suivre l'avancée de l'intrigue, qui perd de sa force par le poids central de dialogues qui auraient gagné à être plus ramassés et justement recentrés sur l'intrigue...Pourtant, cette dispersion apparaît aussi comme un atout lorsqu'il s'agit de nous restituer l'ambiance shanghaïenne.

Car si nous découvrons sous l'oeil attentif, parfois un peu innocent et éberlué du néophyte Desfossés, ce milieu de l'espionnage et ses personnages typés, c'est surtout l'univers trépidant de Shanghai qui impressionne. Chaudron bouillonnant, animé de par le port et le fleuve, plongés en permanence dans l'ambiance poisseuse des odeurs de toutes sortes, pas toujours ragoûtantes, avec leurs pousse-pousse, leurs animaux errants, leurs prostituées crasseuses et racoleuses qui font leur commerce dans les sampans et tripots de toutes sortes...C'est tout une atmosphère de contrastes étonnants, d'exotisme, de surprises à tous les coins de rue et tous les instants qui vous saisit.

Au final, une belle découverte qui pour moi vaut plus encore pour l'évocation précieuse et inédite, très réussie, de la Shanghai d'une époque bien révolue que pour l'histoire elle-même.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Tohu-bohu pour cet envoi "masse critique".
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Je remercie les Editions Tohu-Bohu, et Masse Critique de Babelio, de m'avoir permis de lire le Music-Hall des espions, de Bruno Birolli, et d'en faire la critique.

Nous sommes à Shanghai, à la fin de 1931. le jeune René Desfossés – grâce aux relations de son oncle, le sénateur Desfossés, vient d'être nommé sous-officier du renseignement militaire. Pendant deux ans, sous les ordres du Commandant Fiorini, de vingt ans son aîné, ancien combattant, il va découvrir la Chine de la Concession française.

1931-1933 à Shanghai, période charnière de l'entre-deux guerres. La préoccupation essentielle des responsables des concessions, mais aussi des autorités chinoises : la brigade rouge, l'organisation du parti communiste chinois, décimée en 1927 par Tchang Kaï-Chek. Les espions sont partout, et en particulier le Magicien, communiste qui se sert de sa "couverture" pour organiser des attentats. le Magicien va faire l'objet d'une gigantesque manipulation des autorités chinoises et servir à déclencher des purges au sein même de son parti. Tout n'est que faux-semblant, et les trahisons et les exécutions se multiplient… la vie ne vaut pas cher à Shanghai. Et l'on sent bien que quelque chose se prépare - une nouvelle guerre peut-être provoquée par les Japonais....

René Desfossés porte un regard neuf et curieux sur Shanghai, et le monde étrange qu'il y découvre. « A Shanghai, tout le monde a son idée du bien et du mal. Vous traversez la rue, passez d'une concession à l'autre ou dans un quartier chinois et ce n'est plus la même police, les lois changent, la morale est différente. Fatalement, un jour, on se retrouve du mauvais côté de la barrière, à un endroit où on ne devait pas être, à commettre des actes qu'on ne devrait pas"… telles sont les premières paroles de Fiorini… Sur la scène de Shanghai, tous jouent un jeu dangereux, y compris Fiorini et sa compagne, la belle Natalia.

J'ai beaucoup aimé découvrir la Chine de cette époque, la ville qui grouille de monde, les sampans, les pousse, les coolies, les taxi-girls et les amahs, vocabulaire d'un autre monde, odeurs et couleurs exotiques…

le Music-Hall des espions : un titre bien trouvé comme si tout ce monde de l'espionnage n'était qu'un jeu factice, un lapin que l'on sort d'un chapeau pour mieux manipuler la partie adverse....
L'écriture de Bruno Birolli est nerveuse – quelquefois même comme hachée – et s'accorde bien au monde qu'il dépeint.
Un beau roman, le premier d'une série intitulée La suite de Shanghai.
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Le Petit Journal, site bien connu des Français vivants en Asie, recommande pour ses lectures de l'été 2017 "Le music-hall des espions":

" Ce premier tome de la série La Suite de Shanghai nous entraine dans les années 1930 à 1949, au coeur des services secrets de la ville. René Desfossés, arrive parachuté de France comme sergent-chef, pour seconder le commandant et maître des lieux Fiorini, dans une ambiance de guerre des clans des différents services d'espionnage. Si de nombreux ouvrages se situent dans cette même période des années 30, celui-ci vous emporte très vite dans un vrai tourbillon. Une ambiance à la fois moite et glaçante, un rythme enlevé mais qui sait suspendre le temps, des personnages léchés, tantôt attachants, tantôt terrifiants, bref, une intrigue qui malmène et ballotte le lecteur. On se sent aspiré dans cette fascinante époque des concessions, sur fond de révolution politique locale, avec autant de polices que de territoires, de lois et de morales que de couleurs de peau et de cultures. Sans oublier Shanghai, vraie héroïne du propos, dépeinte avec couleurs et chaleur, odeurs et ambiances sonores ! Policier, roman d'espionnage, le music-hall des espions est aussi un bout de fresque humaine. Bruno Birolli, journaliste spécialiste de l'Asie, et qui y a vécu pendant vingt-trois ans, signe là son premier roman, après plusieurs ouvrages purement historiques. Partant d'événements véridiques, il imagine une intrigue "noire" dans chacun des opus de la série. "
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Je me suis mouché très vite, ensuite j'ai été me laver les
mains, rien n'y faisait. Alors j'ai pris une douche, sans résultat. J'ai du
accepter l'évidence, je n'y étais pour rien. Les pages du livre de Birolli
puaient l'Asie. La vraie, l'indomptable, la cruelle, la fascinante Asie qui
m'avait ensorcelée il y a trente ans. L'histoire que raconte Birolli est
addictive : c'est un jus noir, un arabica psycho-historico.
Seul compte pour moi, comment il décrit cette saloperie délicieuse qu'est la vie en Asie. Seul lui pouvait raconter les glissements de sens, les frôlements ignobles et les choix
pusillanimes ou les condamnations irrationnelles dans laquelle les
Européens devaient vivre, et survivre moralement. Shanghai se parfume à la mort et à l'or. Cet air de thé fumé et d'oeufs confits a été capturé dans le papier de ce bouquin qui est son premier roman. Quant à sa furtive héroïne, l'insaisissable Natalia, elle est séduisante tant elle est lointaine, et dangereuse. On en arrive à plaindre son amant, le trop humain Fiorini.
Difficile à croire que ce livre soit son premier roman tant le verbe est mijoté sans
adjectifs. En tous cas, je souhaite qu'il ne soit pas le dernier. Prions
pour que la foudre littéraire frappe de nouveau et nous apporte très vite les autres
romans de la suite de Shanghai. (Il est prévu que la suite comporte six
romans)...
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Bienvenue à Shanghai dans les années 30.
La couverture rouge de ce livre laisse deviner qu'on ne va pas s'en sortir indemnes .
Des le premier chapitre nous sommes happés au coeur de la ville , une découverte de cadavres qui nous laisse sans voix et qui donne envie de savoir qui sont ils et pourquoi ont ils été tues ?

C'est l'histoire de René qui poussé par son oncle à prendre le poste d'adjoint , va devoir travailler avec Fiorini sur les traces des espions communistes . Ils ne sont pas seuls maîtres à bord de cette enquête et doivent collaborer avec des nombreux personnages issus d'autres concessions et des quartiers chinois et qui surtout n'ont ni les mêmes lois , ni les mêmes valeurs .


Comme d'autres avant moi , je serais plus tentée de le qualifier de roman d'espionnage ,mais il est surtout la description de cette ville à cette époque . L'auteur qui a écrit un livre historique avant ce premier roman , a le souci de détails et de l'exactitude . On embarque très vite dans son écriture et si nous fermons les yeux c'est comme si on y était . J'attends de lire la suite avec impatiente , merci aux éditions Tohubohu pour la découverte de ce roman et de cet auteur .
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Sur les jonques amarrées en chapelet, des enfants jouaient cul nu avec des chatons ; des vieilles sous un chapeau de paille préparaient la tambouille ; une femme, un bébé en écharpe, puisa un seau de l'eau du fleuve sur lequel ces gens naissaient, crachaient, pissaient et chiaient avant de mourir.
Des sampans étaient des bouis-bouis, d'autre des tripots et des femmes se prostituaient au fond des cabines. Quand on louait ces taxi-sampans, il était recommandé de se tenir su le pont à cause de la vermine qui grouillait dans les bannettes.
Des coolies gravissaient d'un pas lourd de pénitent les escaliers du quai. En haut, la bousculade les happait, eux et leurs charges. Au milieu de la cohue flânait, les mains derrière le dos, un vieillard - une petite boule chauve aux jambes arquées. Il inspectait les carpes et autres poissons éviscérés, décapites qui séchaient sur des claies, les abats de porcs baignant dans leur sang sur des nattes à même le sol, les pigeons, les canards et les poulets terrifiés dans des cages trop étroites que venaient flairer des chiens galeux.
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En sortant du wharf, la Chine lui sauta à la gueule. Son œil se raccrochait aux marques en lettres latines sur les affiches couvertes d'idéogrammes comme une main à une rampe d'escalier : Lion Beer, Coca Cola, Cigarettes The Three Castles, Hatamen Cigarettes, Whisky Black and White, Kennien Cigarettes, Lactogen...
Le chauffeur conduisait par à-coups, pilant devant les pousse-pouse qui déboîtaient à l'improviste, cornant les charrettes croulantes sous les jarres et les sacs tirées par des ânes.
Par la vitre baissée entrait une humidité sentant les eaux usées, le pétrole, l'âcreté du charbon et l'huile de friture des cantines ambulantes. Ce n'étaient que des popotes dans des carrioles à bras, parfois un tricycle, où cuisait l'ordinaire des coolies : quelques légumes pour faire passer le bol de riz qu'ils enfournaient dans leurs bouches à grands coups de baguettes, accroupis dans les caniveaux ou appuyés contre un mur.
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" La misère des hommes imprégnait ces faubourgs. Ici échouait le trop plein des campagnes chinoises. Ces très pauvres venus dans l’espoir d’entrer dans la ville trouvaient porte close. Ils restaient sur le seuil. Ils n’avaient le droit d’entrer que temporairement, en tirant une charrette ou une pousse ou nuitamment parce que les citernes à bras dans lesquelles ils vidangeaient les seaux de merde et de pisse déposés le soir devant les portes empestaient. Shanghai faisait à ce rebut d’humanité - aux ferrailleurs, aux chiffonniers, aux vidangeurs qui squattaient les faubourgs du sud - l’aumône de ses ordures.
Ces exclus s’étaient construits une parodie des concessions qui les refusaient dotée cercles de jeux - une table sous un toit de chaume et quelques dominos - de fumeries d’opium où couchés sur une planche ils oubliaient leur damnation, de bordels aux putes bannies du port parce que vérolées au dernier degré. Et ses charlatans arracheurs de dents et dont les faux médicaments aggravaient les maladies vénériennes. Et ses usuriers.
Sur la rive française, entre les troncs entortillés de barbelés des eucalyptus que l’effort de pousser sur la pente trop raide de la berge tordait, des casemates et des postes de tir. Des sentinelles veillaient de ci de là que la misère restait bien sur la rive opposée. "
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"L’automobile entra dans le District Central, vertical et ordonné. Carrés, construits avec les techniques anglo-saxonnes les plus modernes pour vaincre la pesanteur, les buildings du Bund défiaient le temps et la banqueroute. Les banques et les compagnies qui comptaient à Shanghai voulaient rassurer actionnaires et clients sur la pérennité de leurs affaires en s’installant dans ces immeubles connus sous le nom de leurs propriétaires. S’affirmaient ainsi crûment, par le ciment et la brique, le pouvoir de l’argent et le triomphe du commerce sur toute autre considération. Mais l’abus de colonnades, l’excès de corniches, les balcons superflus, le rajout de tourelles donnaient à ces façades percées de portes de bronze que les concierges astiquaient pour qu’elles brillassent comme l’or, non pas une grandeur majestueuse, mais une froideur hautaine.
Les autos garées au milieu du Bund traçaient une frontière entre la foule en costumes blancs bien repassés et en robes légères qui entrait et sortait des banques et la masse crasseuse des pousse et des coolies qui guettaient à la sortie des pontons les passagers et les ballots qui débarquaient."
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"Elle lui dit, tristement sérieuse :
- Emmène-moi avec toi ! …
Il était surpris. Yiyi avait la réputation de ne pas coucher. Il avait essayé plusieurs fois de l’entraîner dans l’hôtel de Ningpo Road ; elle l’avait envoyé balader. Aucun des habitués du Venus ne pouvait, d’ailleurs, se vanter d’avoir eu une liaison avec elle.
-… Je ne veux pas dormir seule cette nuit, dit-elle avec une sorte de crainte ou de honte - en tout cas une grande faiblesse.
- Tu es malheureuse ?
- J’ai besoin d’être avec quelqu’un ce soir… Tu pourras me baiser… La vulgarité du mot le choqua, il était si peu dans les manières de Yiyi. -… Je ne veux pas rester ici… cet endroit m’écœure.
Elle était déterminée et son désarroi, évident. Alors, il accepta. "
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