Citations sur Armes et dangereux (14)
ça m'excite comme une puce de collaborer à la naissance d'un roman. Vous me le ferez lire au fur et à mesure, ce sera comme un feuilleton.
Vous avez l'étoffe d'une "reine du crime", lui répétait elle.Vous avez le sens du suspense, de l'énigme.Mais il faut sortir de votre coquille,vous fignoler un autre personnage,les lectrices aiment que les écrivains d'histoires criminelles soient des êtres hors du commun.La littérature policière ne peut plus être conçue de nos jours par des bibliothécaires de province cherchant à occupper leurs week-ends pluvieux.Il nous faut désormais des femmes dures, côtoyant la violence des rues.
Elles marchaient à présent au milieu de la route. L'absence d'arbres ne laissait espérer aucun endroit où l'on aurait pu faire halte. Seuls quelques troncs desséchés se dressaient au milieu des champs poussiéreux. Des lézards se prélassaient sur leurs branches mortes. Au fur et à mesure que le soleil montait dans le ciel la chaleur se faisait plus implacable. Peggy avait l'illusion de se déplacer au milieu d'un incendie invisible.
Des enfants dépenaillés, parfois nus, se tenaient embusqués à la lisière de l'asphalte, jetant des pierres sur les véhicules lancés à grande vitesse. Il fallait surtout éviter de s'arrêter pour les réprimander si l'on ne voulait pas se faire dépouiller par leurs grands frères tapis dans le fossé, un gourdin à la main.
La sonnerie du réveil la fit bondir. Elle se leva à tâtons, abrutie de fatigue et se traîna jusqu'au lavabo pour s'asperger le visage d'eau froide. Elle avait une tête à faire peur. À partir de trente ans aucune femme ne peut se payer le luxe d'une insomnie. Elle s'habilla à la hâte, posa des lunettes noires sur ses yeux cernés. Ça irait comme ça, elle n'allait pas postuler pour une place de cover girl, n'est – ce pas ?
Une crinière de cheveux drus, dont elle n'avait jamais su quoi faire. D'ailleurs, comme elle le répétait à ses rares amis, on lui avait livré ce corps sans mode d'emploi, et, au cours des trente années qui venaient de s'écouler, elle avait été bien embarrassée d'y habiter. En dépit de cela, elle était jolie pour qui savait la regarder. Avec quelque chose de frémissant et de douloureux. Une grâce un peu à vif, comme ses lèvres qu'elle mordillait sans cesse à son insu.
Souvent quand elle montait les escaliers et qu'il se tenait dans le hall, elle sentait l'œil du gros homme se poser entre ses omoplates comme un vilain papillon noir, et elle avait envie de secouer les épaules pour le forcer à s'envoler.
Ecrire est un métier, répétait la grande Carrie. Un roman est un produit comme un autre, il faut le bricoler en y mettant tous les ingrédients réclamés par le public. Un roman c’est une recette de cuisine… si on ne respecte pas, on gâche la pâte pour rien. Aujourd’hui, ce qui marche, ce sont les histoires de bonnes femmes coupées en morceaux. Les bouquins avec des psychotiques, vous voyez ? Les têtes tranchées qu’on conserve au réfrigérateur. Les tueurs en série. Faites-moi quelque chose avec un tueur en série. Sans oublier les détails sexuels qui s’imposent, bien sûr. Ça fait vendre.
Alors,brusquement l'orage creva au dessus de la maison, et des trombes d'eau s'abattirent sur le toit dans un vacarme de fin du monde.Peggy se mit à hurler.
Hé! lança-t-il à l'adresse de la grande fille brune.Fais gaffe où tu mets les pieds ma jolie,tu vas marcher sur la queue des fantômes!