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Citations sur L'Enfer vertical en approche rapide (19)

Il n'était pas impossible que l'appareil ayant soigneusement mémorisé les dossiers des individus placés sous son autorité, choisisse de les nourrir en servant à chacun ce qu'il détestait le + au monde. Avec le système des parfums synthétiques c'était chose facile. Le même rouleau de protéines concentrées pouvait indifféremment prendre un goût de vanille, de viande grillée, de jambon... et pourquoi pas: d'excrément? Lorsqu'on mélange toutes les couleurs on obtient, paraît-il, un gris terne. De même on racontait qu'en mêlant tous les parfums on aboutissait fatalement à celui de la merde. David n'avait jamais vérifié ce théorème mais il était tout disposé à y croire. Il devinait que le distributeur allait jouer sur tous les registres de sape psychologique.
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David se leva, l'estomac noué. La stratégie du distributeur se précisait d'heure en heure. Instrument de vie, il pouvait aussi dispenser la mort. Image du destin, il décidait du partage des chances, déterminait des injustices, forçait les hommes au dépassement. En deux jours il s'était taillé une ombre de totem. On le craignait mais on ne pouvait se passer de lui. Il avait perdu son statut de simple objet pour devenir... autre chose!
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Le distributeur frappa l(homme de plein fouet , le cueillant de dos à la hauteur des reins, et le projeta à trois mètres du point d'impact.
D'où il se tenait David entendit parfaitement craquer la colonne vertébrale du malheureux .
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ô dieux des ténèbres, pense David, donnez-nous le désespoir, le découragement. Montrez-nous les portes closes, les fenêtres murées. Protégez-nous de la persévérance, de la volonté de survivre. Apprenez-nous la fatigue, le dégoût, le désintérêt, la lucidité! Donnez-nous la force de mourir sans attendre, de nous coucher comme des bêtes lasses.
Préservez-nous des sirènes du futur, détournez-nous de l'espoir, ne nous faites pas jouer le jeu de ceux qui nous veulent du mal. Donnez-nous le courage de cesser d'attendre.
Protégez-nous de la lâcheté de survire. Accordez-nous la lassitude salvatrice.
Fermez nos paupières de vos doigts froids et accueillez-nous comme des animaux qui souffrent et n'aspirent plus qu'au sommeil...
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Lèvres scellées il ne pouvait plus penser. Sa bouche immobilisée agissait tel un frein sur le moteur de son cerveau. Aucune idée ne lui traversait plus la tête. Il dut libérer ses lèvres. L'intelligence lui revint. Il se replongea dans la contemplation du cylindre. La prison lui avait aussi appris l'hypnose des objets, les territoires de fascination offerts par une écaille de plâtre tombée du mur.

L'ivresse de la fixité pouvait agrandir à l'infini le moindre débris. Des univers dormaient, tapis dans les rainures d'une table. Il suffisait des regarder d'assez près et assez longtemps pour que la vision atteigne au microscopique. Tous les prisonniers avaient ce pouvoir.
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Il dut s'avouer toutefois que l'armoire écarlate trônant au centre de la salle dégageait une étrange impression de force. On la devinait d'une inertie de pachyderme, d'une solidité d’écueil qu'aucune tempête ne déracinera jamais. On discernait en elle les signes distinctifs de la lignée des coffres-forts inviolables.
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Il était comme les autres: une bête de troupeau s'extasiant sur l'architecture de l'abattoir vers lequel on la pousse...
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Là où un autre se serait suicidé,il avait choisi de se venger sans attendre.
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Ô dieux des ténèbres, pense David, donnez-nous le désespoir, le découragement. Montrez-nous les portes closes, les fenêtres murées. Protégez-nous de la persévérance, de la volonté de survivre. Apprenez-nous la fatigue, le dégoût, le désintérêt, la lucidité ! Donnez-nous la force de mourir sans attendre, de nous coucher comme des bêtes lasses.../... Préservez-nous des sirènes du futur, détournez-nous de l’espoir, ne nous faites pas jouer le jeu de ceux qui nous veulent du mal. Donnez-nous le courage de cesser d’attendre. Protégez-nous de la lâcheté de survivre. Accordez-nous la lassitude salvatrice. Fermez nos paupières de vos doigts froids et accueillez-nous comme des animaux qui souffrent et n’aspirent plus qu’au sommeil… » Ainsi parlait David à la lisière de la peur et de l’éblouissement. Il avait pris sa décision. Il ne grimperait pas davantage sur l’escalier de la déchéance.
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Il restait à l’écart, se gardant de toute fraternisation intempestive. Il ne voulait se lier avec personne afin de n’avoir à se soucier que de sa propre peau en cas de danger. C’était là une règle capitale. Nouer des liens d’amitié constituait un piège redoutable. Un ami pouvait éventuellement vous sauver, bien sûr, mais on risquait aussi de perdre la vie en s’attardant pour l’aider ! En outre, la mort d’un compagnon causait toujours des préjudices psychologiques qui amoindrissaient la volonté de survivre ; mieux valait se préoccuper d’un seul corps : le sien.
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