"Menue, nerveuse avec la taille souple", lettrée (grâce à un ermite protecteur qui lui a appris à lire)Céline, la "marquée" est "mal-aimée" car elle porte au creux de ses paumes une ligne de vie tourmentée qui ressemble à la "crevasse de Trembleterre".
Céline, la maudite, possède peut-être "les mains du diable" d'après les habitants de
Hurlemort, ce village retiré de tout, nimbé de superstitions (comme celle de la garder vierge sous peine de mort) mais elle a la combativité d'un Saint Georges terrassant le dragon puisqu'elle ira chercher dans une léproserie le beau baron Gilles disparu pour délivrer les siens du fanatisme destructeur de Jôme le noir, "un exorciste, un justicier de Dieu" démoniaque.
Comme dans le château des sortilèges,
L'armure de vengeance ou
Pèlerins des ténèbres, nous retrouvons l'ambiance moyenâgeuse angoissante chère (dans certains cas, car
Brussolo manie le suspense à tous les temps) à
Serge Brussolo. Mais pas de magie, ni de pouvoirs ici, juste le bien et le mal qui s'affrontent et la description de cette terrible époque liée à l'inquisition où les dénonciations allaient bon train, où les jeûnes frôlaient la famine et où les buchers purificateurs brulaient en continu.
Bien que préférant du moins sanglant, j'ai apprécié l'amour naissant impossible (entre le beau baron lépreux, chevalier dans l'âme et cette vierge obstinée en révolte) qui sort de l'ordinaire et démontre l'imagination hors normes de l'inventif
Serge Brussolo, maître incontesté des thrillers psychologiques dont
le chien de minuit a été primé.