Il avait onze ans, il rêvait de partir les mains vides, à la façon des tramps : un morceau de savon dans une poche, une brosse à dents dans l'autre, un couteau à la ceinture. Grand, le couteau, pas un canif ; non, un bowie-knife avec cette lame si particulière qui permet d'écorcher les bisons sans se fatiguer.
Les hommes veulent être libre de se tromper, même si cela doit causer leur perte à tous.
On ne peut pas savoir. Il est vieux, il perd la boule. Quand il avait vingt-cinq ans, l'Amérique tout entière ne jurait que par lui. Il s'était habitué à être le centre du monde. Aujourd'hui, il a du mal à accepter de n'être qu'un vieux type dont personne ne lit plus les livres.
L'obscurité m'a toujours oppressée. Je dors mieux le jour. Au Mexique, on a coutume de dire que la nuit est dangereuse parce que les rêves sont des portes ouvertes par lesquelles les fantômes entrent dans nos têtes.
Laisse en évidence ce que tu veux cacher, lui avait souvent répété le vieillard, et cache avec méfiance un objet sans intérêt sur quoi leur curiosité va se focaliser. Change-le souvent de place, comporte-toi vis-à-vis de cette chose comme si elle avait une véritable valeur. Ils finiront tôt ou tard par surprendre ton manège et goberont l'hameçon. Tu dois être comme le matador qui agite sa muleta au nez du taureau pour le contraindre à charger en pure perte.
Elle viendra au moment où tu seras à bout, lui avait dit son grand-père. C'est inévitable. Elle sera belle et tu tomberas dans le panneau. Elle sera aux petits soins pour toi... mais elle travaillera pour eux. Ils l'installeront auprès de toi pour essayer de déterminer ce que tu sais réellement, pour récupérer le livre, et pour te liquider. Tu devras rester vigilant. À chaque instant. Méfie-toi des femmes, de toutes les femmes, même les plus démunies, même les plus pitoyables. Les jeunes, mais aussi les vieilles. Le coup peut venir de n'importe où.
Ne jouez pas au malin, vous n'êtes qu'un ballon de baudruche que j'ai moi-même gonflé. Il me suffirait d'une épingle pour le faire éclater.
Y a pas grand-chose à tuer dans c'te savane, pour sûr. Rien que des gros chats qu'on appelle lynx... Des lions des montagnes, qu'ils disent par ici. Faut jamais avoir vu de vrai lion pour parler comme ça. Moi, j'dis « gros chat », et c'est encore bien d'I'honneur.
C'est commode un Nègre, ça ne peut pas se salir les mains vu qu'elles sont déjà noires.
La vie, c'est comme la drogue, y a vite accoutumance, on ne peut pas s'arrêter quand on veut.