"Que pour être efficace il faut cacher ses intentions !"
(Machiavel)
Il y a des jours où rien ne va ! La boîte d'Earl Grey est vide, le seul café qui reste est le soluble, et personne n'ose avouer la vérité sur le paquet des oursons Haribo mystérieusement disparu !
Heureusement, il y a toujours la lecture...
Et pourquoi pas ce vieux
Brussolo ? le livre date de 1996 (les oursons Haribo de 1922 !), l'histoire se passe dans les années 50, c'est agréable, et ça se lit sans effort.
Cette fois,
Brussolo quitte le domaine fantastique, pour nous proposer une sorte de thriller sur le thème : "méfiez-vous de l'eau qui dort", et "ne croyez pas tout ce qu'on vous raconte". D'ailleurs, parfois j'avais du mal à croire tout ce qu'il racontait, mais il faut reconnaître qu'il le fait très bien !
Chaque personnage de ce livre a un petit jardin secret, dont parfois il entrouvre la porte aux autres - ça vous fait évoluer dans l'inquiétant clair-obscur jusqu'à la fin, où
Brussolo laisse planer un doute. Alors, vous essayez de repasser en revue tous les personnages - qui est-ce qui a menti ?
Il y a Jeanne - une écrivaine à scandale, qui vit une vie de bohème à Paris, avec sa fille Martine.
Il y a Egon, qui revendique la paternité de la petite, contrairement à ce que dit Jeanne.
Il y a Carmen. Pourquoi s'attache t-elle autant à Jeanne ?
Il y a le père de Jeanne, qui rend sa fille responsable de la mort de sa femme. Dit-il vrai ?
Il y a un photographe, qui n'est pas tout à fait....
Et surtout, il y a un mystérieux homme au vitriol, qui s'attaque aux femmes qui ressemblent à Jeanne.
Pourquoi ?
L'histoire délicieusement compliquée s'éclaire peu à peu, quand chacun commence à dévoiler son petit brin de vérité. Les vérités qui, parfois, se contredisent.
Au fait, je ne sais même pas si j'avais vraiment aimé l'histoire de Jeanne... En tout cas, j'ai beaucoup apprécié le talent de conteur de
Brussolo, l'atmosphère des années 50 rendue à merveille grâce aux détails parfois insolites, et les petites histoires brodées autour de chaque personnage.
Finalement, peu importe qui était le "vitrioleur". Et je pense même que c'était le but de
Brussolo - une histoire sur les gens qui racontent des histoires - pour se protéger ou protéger les autres, pour essayer de se trouver des alibis, pour éviter de tomber dans le ridicule, ou tout simplement parce qu'il ne peuvent pas s'en empêcher.
Parfois, les conséquences de ces demi-vérités peuvent aller très loin ! (Et c'est tout aussi valable pour les oursons Haribo !)
Une lecture légère, mais pas si innocente que ça.