Khaavren s'en va-t-en guerre, mironton, mironton, mirontaine… Sur le chemin de la gloire, il croise trois compagnons : le noble Aerich, la tempétueuse Tazendra et le discret Pel. Tous trois sont jeunes – enfin pour des elfes, pas plus de cinq cents ans, quoi ! – talentueux, susceptibles à l'excès et courageux. Ils décident de prendre ensemble le chemin de la capitale où le Roi Phénix vient tout juste d'inaugurer son règne pour rentrer dans la compagnie très distinguée du capitaine G'aereth,
les Gardes Phénix. A peine ont-ils mis les pieds en ville que tout s'enchaîne : duels, complots, jolies donzelles en danger et autres rebondissement propres à divertir tout jeune casse-cou qui se respecte. A un contre dix, contre cent, contre mille même, ils sauront défendre leur honneur (d'abord) et celui de l'Empereur (ensuite), quitte à voyager jusqu'aux confins de l'empire, aux frontières des royaumes orientaux peuplés de tribus barbare et assoiffées de sang !
«
Les Gardes Phénix » part d'une bonne intention et je tiens à remercier l'auteur pour cela : rendre hommage à
Alexandre Dumas en reprenant les héros des « Trois Mousquetaires » et en les incluant dans un univers de fantasy, celui de l'Empire dragaeran peuplé d'elfes millénaires mais aux comportements bien humains. Mais les bonnes intentions ne font pas toujours les bons bouquins… Clairement,
Steven Brust aime beaucoup et connait assez bien son Dumas mais il n'en a pas retenu forcément ce qu'il fallait. Dumas, ce n'est pas seulement des combats vides de sens où la bravoure imbécile triomphe toujours du bon sens. Ce n'est pas non plus des personnages monofaciaux, tout en gueule et rien dans la tête. Ni des dialogues à rallonge dans la verbosité masque mal l'inconsistance (« Vous avez une idée ? – Oui, j'ai une idée. – Vous allez me la dire ? – Oui, je vais le faire. » Etc, etc… jusqu'à l'indigestion). Bon, d'accord, il y a parfois un peu de ça, mais compensé par tant de qualités, par tant de richesses qu'on lui pardonne ses quelques défauts pas si récurrents que ça.
De Dumas,
Steven Brust n'a retenu que le superficiel et, en tant que fan, j'avoue m'en sentir plutôt vexée que flattée. Vous me direz qu'il faut lire tout ceci au second degré, rire de la caricature sans rechercher la profondeur. Mais la caricature, c'est divertissant un temps seulement ! 650 pages, c'est trop long, beaucoup trop long et si j'ai un peu souri aux premiers dialogues de sourd de
Brust et à sa narration ampoulée, je m'en suis très rapidement lassée. Bon, j'ai tenu jusqu'au bout et j'ai trouvé l'ensemble assez divertissant pour lui donner deux étoiles mais cela ne m'empêche pas d'être déçue, déçue, déçue. Pour ne pas partir sur une grimace, je conseillerais plutôt aux amateurs de mousquetaires et de fantastique la très sympathique trilogie « le Simulacre » de
Jean-Luc Marcastel. A bon entendeur…