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3,69

sur 277 notes
S'il y a bien deux atouts que je retiendrais chez « La Princesse au visage de nuit », ce sont l'ambiance et le design ! En effet, les éditions de L'Homme sans nom ont fait un très bon travail sur le maquettage : la couverture est magnifique, les intérieurs sont colorés, tandis que l'on distingue plusieurs branchages à chaque chapitre et à toutes les parties. C'est superbe ! Rien qu'au niveau du rendu, j'étais déjà en admiration du livre-objet ! Or, le résumé alléchant m'avait également attirée : il annonçait un huis-clos mystérieux où se mélangent le fantastique et le thriller/polar. Voilà un cocktail qui me plaît toujours ! Cet ouvrage n'a pas fait exception. Dès les premières pages, David Bry a su m'emporter dans son univers sombre, brutal, secret, magique et addictif. Si vous êtes un(e) adepte de thrillers fantastiques, vous serez ravis de trouver tous les éléments promettant une chouette lecture : un village rempli de non-dits, des meurtres, des drames, une légende sinistre et sanglante, des habitants cachant des choses ou ayant un comportement louche, des faits inexpliqués à la limite du mystique, etc. L'auteur maîtrise vraiment bien les codes du genre ! Si vous cherchez une lecture de saison ou quelque chose à vous mettre sous la dent pour Halloween, vous devriez être conquis. Pour ma part, j'ai adoré l'ambiance, au point que j'avais du mal à m'arrêter de lire…

Comme l'indique le titre, ce roman va tourner autour de la légende de la Princesse au visage de nuit, un spectre réalisant les souhaits les plus chers, mais à un prix colossal… Bien que j'aurais souhaité un approfondissement de cette fameuse Princesse, j'ai été sous le charme de cette idée d'être malélfique. On se demande réellement s'il est réel ou si c'est un conte narré et entretenu par les habitants à la manière du film « le village ». Qu'arrive-t-il à Hugo, ce jeune éducateur pour adolescents, ayant quitté ce village natal pour vivre à Paris ? Ses parents ont-ils eu un accident ou bien est-ce plutôt quelqu'un de malintentionné qui les a assassinés ? À moins que ce soit plutôt l'oeuvre de la Princesse ? Aux côtés de ce jeune homme perdu, on va essayer de démêler le vrai du faux. On va également enquêter sur son passé torturé. En effet, lorsque Hugo a quitté Saint-Cyr, il n'a pas qu'emporté ses bagages : il y a un poids lourd sur ses épaules… Que s'est-il passé pour qu'il décide de ne plus revoir sa famille ? D'où vient son amnésie ? Pourquoi cracher sa rancoeur lors de l'enterrement de ses géniteurs ? Cette double enquête fut terriblement intéressante ! Comprendre ces deux affaires fut intrigant et prenant.

Ainsi, je ne me suis jamais ennuyée. Les chapitres défilaient tous seuls… Pourtant, à y réfléchir, certains lecteurs n'apprécieront peut-être pas le rythme. C'est lent, mais constant, digne de Stephen King. L'action est surtout présente dans le dernier tiers de l'ouvrage. En ce qui me concerne, les mises en place lentes mais progressives ne me dérangent pas… Surtout si l'auteur propose une bonne atmosphère comme celle-ci ! Je me sentais bien au cours de cette lecture, tandis que je savourais la plume fluide, entraînante et efficace de David Bry. Celui-ci parvenait systématiquement à éveiller mon intérêt, que ce soit à travers les flash-backs de Hugo, les rebondissements, le mystère des personnages secondaires ou encore cet étrange décompte avant le solstice d'été…

« La Princesse au visage de nuit » propose tout un éventail de personnages troubles, avec des failles et des secrets. Hugo fut un héros intéressant auquel je me suis finalement attachée durant les cinquante dernières pages. J'ai aimé sa personnalité, ses valeurs, ses convictions ainsi que sa détermination malgré toutes les horreurs qu'il a traversées. Sophie, la soeur d'une amie d'antan, fut également un protagoniste dont j'ai aimé l'évolution. Sa relation avec son aînée m'a terriblement émue, en particulier dans les ultimes chapitres. En revanche, je n'ai pas accroché avec les autres personnages. Même si j'ai aimé leur rôle, les habitants de Saint-Cyr m'ont paru assez caricaturaux : la vieille folle, le vicomte, l'antiquaire, le commissaire, etc. Seul le prêtre m'a semblé être le plus nuancé. du côté des amis parisiens, j'avoue m'être longtemps demandé quel serait leur utilité dans le récit. J'avais plutôt l'impression que leur intervention nuisait à la dynamique du texte. Finalement, leur présence fut importante lors du dénouement. de plus, ils ont permis à Hugo de réfléchir sur son passé, d'emprunter le chemin de la résilience et d'avoir un but. Ce n'est donc pas une mauvaise chose (même si, je l'avoue, j'aurais néanmoins pensé qu'ils interviendraient davantage…). La seule chose sur laquelle je n'arrive pas à faire une impasse, c'est malheureusement sur la fin : j'ai trouvé les réponses trop expéditives. Tout s'est conclu avec une vitesse déconcertante et pas de la façon que j'espérais. J'attendais beaucoup plus d'imaginaire. le soufflet est un peu retombé. C'est dommage, car David Bry avait réussi à me captiver.

Je remercie Amanda avec qui j'ai lu ce roman. Comme toujours, j'ai adoré nos échanges, nos suppositions (surtout sur la Princesse ou sur la vieille Lisienne) et notre envie commune de dévorer frénétiquement les chapitres. Même si nous aurions espéré un peu plus de fantastique et même si nous n'avons pas été convaincues par le dénouement, nous avons été transportées par l'ambiance ainsi que par le concept de cette créature des bois. Pour ma part, je compte bien noter ce livre dans la sélection du PLIB, car je me suis régalée pendant les trois-quarts du récit et c'est ce qui compte à mes yeux… Merci aux éditions de l'Homme sans nom pour la découverte.
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Ce que j'ai ressenti:

« La princesse au visage de nuit est de retour. »

Qu'est-ce qui pousse une légende à devenir si forte? Qu'est-ce qui l'emmène à imprégner un lieu, les esprits, des destins? La malédiction de la princesse au visage de nuit pourra sans doute, vous éclairer…Au pire, suivez les lucioles…

Je me pose toujours, en ouvrant un livre de conte, cette question de savoir quelle est la part de vérité? Car si le conte emmène son lot de merveilleux, il ramène aussi, une part de sombre réalité tenace…Et avec cette lecture, on commence d'ailleurs, dans l'orage et ça finit dans l'obscurité, et entre, il y a une ambiance assez lourde qui nous maintient dans un malaise oppressant…Le compte à rebours est fixé, et même si il a un petit côté « magique », on sait qu'il va se passer quelque chose. Quelque chose de dramatique. Mais on est tellement happé par l'atmosphère trouble de ce petit village de Saint-Cyr, que la curiosité l'emporte sur l'angoisse…

J'aurai presque envie d'enfiler les oripeaux pour aller discuter avec cette princesse cachée au fin fond de son antre, parce que finalement, même si elle incarne une fatalité évidente, c'est quand même vers elle, que se tournent les enfants. C'est ce qui m'a bouleversée. Vraiment bouleversée. Que ces enfants, ne croient non seulement plus, en une justice divine, mais pire encore, en la justice des hommes, et cherchent dans une figure insaisissable, l'espoir d'une réparation des torts…C'est horriblement triste…

La princesse au visage de nuit est un mélange de fantastique et de thriller, qui nous sensibilise sur la maltraitance infantile. Un page-turner captivant, qui fait resurgir toutes nos peurs enfantines. Derrière l'univers très réussi de cette forêt mystérieuse, avec tout ce folklore d'êtres récurrents des contes, le véritable problème qui transparaît dans la réalité, c'est bien les violences multiples auxquels, les enfants doivent faire face. On va suivre, dans deux temporalités différentes, ces victimes et leurs évolutions suite à ces traumatismes.

J'ai été touchée par cette histoire et encore une fois, charmée par la plume et la sensibilité de cet auteur. L'amitié, l'entraide, la bienveillance, la confiance, la parole restent les meilleurs moyens de lutter contre les pires démons, qu'ils soient réels ou imaginaires…

Alors, êtes-vous prêts à partir à la rencontre de la princesse au visage de nuit?
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Familles, je vous hais.

Hugo est de retour vingt ans plus tard. Ses parents sont morts dans un accident de voiture. Hugo avait vainement tenté, enfant, de trouver la Princesse au visage de nuit pour être sauvé d'eux. L'occasion est venue de découvrir la vérité.

Excellente découverte. Ce roman mêle agréablement le fantastique et le polar. En effet, pour découvrir ce qui est arrivé à ses deux amis d'enfance, Hugo va mener son enquête sur les événements de son enfance. Il sera aidé d'Anne, petite soeur de Sophie, amie disparue en cherchant la Princesse au visage de nuit.

Outre l'enquête, ce roman se démarque par son ambiance. Celle-ci est inquiétante à souhait. Grincements, ombres inquiétantes, orages, et autres sont au programme. Nous sommes plongés dans un environnement où l'angoisse est reine.

Toutefois, l'horreur est avant tout tristement réelle. En effet, si Hugo avait des parents maltraitants, ses deux amis avait aussi leurs raisons de chercher la Princesse au visage de nuit. Pourquoi avoir peur de l'inconnu, quand son quotidien est entaché par la peur omniprésente ?

Le roman alterne chapitres au présent et chapitres au passé. Cela nous permet de nous attacher aux différents protagonistes, et comprendre leurs tristes raisons pour chercher la Princesse au visage de nuit.

Au final, un excellent roman où l'horreur ne vient pas du surnaturel, mais de la triste réalité.
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Attirée par la 4ème de couverture qui promettait une ambiance conte gothique avec souvenirs d'enfance et une bonne dose de surnaturel, j'ai plongé avec peut-être trop d'attentes dans ce récit.

Hugo, un jeune parisien, revient dans son village natal suite au décès de ses parents. le retour au domicile de son enfance ravivent les souvenirs douloureux d'anciennes maltraitances et de la disparition de ses amis. Pris dans les méandres de sa mémoire amputée des événements ayant conduit à cette disparition et en prise avec la tourmente de la réalité, Hugo commence à sombrer. Il tente également de comprendre pourquoi d'anciens jouets lui appartenant sont déposés sur le seuil de sa maison et les sombres avertissements de certains des habitants.

J'ai été happée par le récit, construit comme un aller-retours permanent entre les souvenirs de l'enfance et le présent. le rythme s'en ressent sur une bonne moitié du roman. L'auteur nous tient bien en haleine, on s'interroge sur la santé mentale du protagoniste, on compatit sur ses tourments et on tente avec lui de reconstituer le fil de cette nuit tragique qui a avalé ses deux meilleurs amis.
Cependant, au fur et à mesure de notre progression dans le récit, quelques bémols viennent plomber le récit.
Au niveau des personnages principalement.
Les habitants du village avec lesquels il a des interactions sont assez caricaturaux. Je peux comprendre l'effet recherché puisqu'on oscille sans cesse entre la réalité et le merveilleux. Ce ne sont donc pas les termes employés (ogre, sorcière) qui m'ont agacée mais bien le manque de crédibilité de ces personnages.
Au sujet de sa bande d'amis à Paris. Ces derniers sont vaguement évoqués au milieu de toutes les intrigues et j'ai été surprise par la tournure et l'importance qu'ils prennent en fin du récit. J'ai trouvé leur comportement et interactions peu crédibles du coup.

Au niveau du style, l'écriture est fluide et suffisamment travaillée pour éprouver du plaisir à la lecture et ne pas s'ennuyer. L'intrigue est bien construite, le lecteur est partie prenante dans cette histoire, il mène l'enquête tout comme le protagoniste principal.
J'ai trouvé la fin un peu décevante et manquant de panache.

Une lecture en demi-teinte mais un auteur que je vais continuer à découvrir car j'ai bien aimé son style.
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Ayant apprécié le garçon et la ville qui ne souriait plus de David Bry, j'étais curieuse de découvrir l'auteur dans un autre genre. Voilà chose faite avec La princesse au visage de nuit que j'ai tout simplement adoré.

Dès le début, l'auteur pose une ambiance inquiétante qui m'a semblé jouer avec certains codes des films et des romans d'horreur : une très bonne maîtrise des éléments avec, entre autres, des orages qui grondent et deviennent figure menaçante, un village qui semble vivre en vase clos, une femme en noire, une ombre qui surgit dans la nuit, un inquiétant et mystérieux château autour duquel courent d'étranges rumeurs, une apparition à la fenêtre, des yeux dans la nuit, des lucioles, un fantôme qui rôderait, des noms murmurés dans le vent, une histoire de malédiction, une vieille légende évoquant une princesse au visage de nuit…

C'est d'ailleurs cette dernière légende qui m'a passionnée, l'auteur jouant habilement entre le réel et le fantastique pour stimuler notre imagination et pousser ses personnages dans leurs retranchements. Et si le mythe de cette princesse au visage de nuit, figure salvatrice en même temps que mortifère, n'était pas qu'une invention d'enfants ou un vieux conte à effrayer les esprits les plus impressionnables ? Que se cache vraiment derrière cette légende qui remonterait au Moyen Âge ?

Et surtout, est-elle liée à la mort des parents d'Hugo qui, après vingt ans d'absence, est contraint de revenir dans son village natal pour enterrer des personnes qui mériteraient plus l'enfer que le repos éternel ? Car sous couvert d'une histoire empreinte de mystère et de secrets, et d'une enquête plutôt bien amenée et menée, l'auteur évoque, entre autres, la maltraitance infantile sous différentes formes. Rassurez-vous, il n'entre pas vraiment dans les détails, nous épargnant le plus sordide. Difficile néanmoins de rester de marbre devant la souffrance d'Hugo, mais aussi de ses amis disparus il y a deux décennies lors d'une nuit de la Saint-Jean. Une nuit maudite dont Hugo ne garde quasiment aucun souvenir, mais qui semble liée à tout ce qui se passe actuellement dans ce village devenu, dès son plus jeune âge, synonyme de malheur.

Grâce à de courts chapitres glissés entre les pages, l'auteur nous permet de remonter le temps pour faire brièvement connaissance avec l'enfant qu'Hugo a été, mais aussi avec Pierre, son ancien ami à la tristesse déchirante, et la petite Sophie dont on découvrira petit à petit les terribles souffrances. À mesure que se dessine leur vie passée, on comprend leur besoin impérieux de trouver cette princesse au visage de nuit réputée exaucer les souhaits des enfants, malgré le danger d'une telle rencontre… J'ai trouvé remarquable le travail effectué par l'auteur sur les espoirs de ces enfants perdus, pour des raisons différentes, mais toujours par la faute d'adultes maltraitants soit volontairement soit par négligence. Leur sort révolte, mais peut-être encore plus la pensée que des êtres aussi jeunes en soient venus à se tourner vers la mort, ou du moins une figure légendaire potentiellement mortelle, pour supporter la vie. Comment expliquer que dans un village où tout le monde se connaît et sait tout, personne ne fait rien ? L'histoire de lâchetés individuelles entraînant un déni collectif et le drame d'enfants qui auront perdu trop tôt leur innocence, à considérer qu'ils en aient jamais eu une.

Si le passé impacte encore fortement la vie d'Hugo, c'est bien le présent qui le met face à un nouveau défi : faire la lumière sur le meurtre de ses immondes parents afin d'éviter d'être accusé de leur mort. Il pourra heureusement compter sur le soutien moral de ses amis parisiens, mais surtout sur Anne, la soeur de son ancienne amie disparue, devenue gendarme. Les deux ont en commun de n'avoir jamais vraiment pu tourner la page de leur passé. Mais comment le pouvoir quand, comme Hugo, une partie de votre passé vous échappe et vous emprisonne, et que comme Anne, vous n'avez jamais su ce qui était arrivé à votre soeur. Sans vraiment m'attacher à ces deux personnages, j'ai apprécié leur travail d'équipe et le soutien mutuel qu'ils s'apportent l'un l'autre, les poussant parfois à prendre des risques et à tenter le diable… Mais tous les deux sont bien décidés à aller jusqu'au bout de leur enquête, quitte à déterrer des secrets difficiles à supporter, mais indispensables pour avancer.

Il y a un côté enquête en huis clos étouffant que j'ai apprécié, car dès qu'Hugo est dans son village, c'est un peu comme si un étau se resserrait progressivement autour de lui et que l'oxygène venait à lui/à nous manquer. le délabrement de la maison familiale, certaines manifestations inquiétantes ainsi que certaines figures du village comme la « sorcière » qui semble se délecter de la peine des autres et en savoir plus qu'elle ne veut bien l'admettre, concourent à ce sentiment d'être pris au piège dans un village où rien de bon ne peut arriver, mais tout est à craindre. Seul un homme, ancien protecteur de notre protagoniste, apporte une touche de lumière bienvenue, alors que lui-même peut être compté au rang des âmes en souffrance. Je dois d'ailleurs dire que c'est le personnage adulte qui m'a le plus touchée. Il aurait pu/dû faire plus pour Hugo quand il était enfant, mais il n'en demeure pas moins un homme très humain, habité par ses propres douleurs et fantômes.

Les amis parisiens d'Hugo, s'ils ne sont pas d'un intérêt capital pour l'intrigue principale, permettent à l'auteur de nous montrer la place qu'ils ont et jouent dans la vie de ce dernier. Hugo et ses amis, tous avec leurs propres failles à surmonter, ont tendance à éviter les sujets difficiles et de fond, mais ils trouvent du réconfort et un peu de chaleur dans leurs soirées endiablées, leurs taquineries, leur complicité et leur solide amitié. J'aurais peut-être apprécié que ces personnages secondaires soient un peu plus développés, mais la dynamique du groupe m'a néanmoins convaincue, tout comme cette manière qu'ils ont de se soutenir et de s'aider à se (re)construire.

Quant à la plume de l'auteur, alternance de poésie et force brute, elle m'a de nouveau enchantée et conquise. J'ai apprécié la construction presque nerveuse du récit avec un compte à rebours qui engendre un certain sentiment d'urgence et d'angoisse, et des phrases courtes qui claquent et frappent. Un peu à l'image d'une histoire sombre et difficile aux teintes poétiquement mélancoliques, mais une histoire également porteuse d'amitié et d'espoir, la résilience étant en trame de fond. J'ai également apprécié les petites touches d'humour qui permettent de se distancier du drame, voire des drames. Parce que nos personnages, vivants comme morts, ont connu leur lot de malheurs…

Mais ce qui fait vraiment la force de ce thriller est son ambiance mystérieuse, entre réel et fantastique, entre secrets et suspicion, qui devient de plus en plus suffocante et angoissante à mesure qu'Hugo et Anne se rapprochent de la vérité. Leur enquête va les pousser à déterrer certains secrets, raviver des douleurs plus ou moins grandes, réveiller des peurs d'enfant, des traumatismes jamais vraiment guéris, et une légende que l'on pensait oubliée. Mais quand trouver les morts devient nécessaire pour réparer les vivants, une seule solution, déterrer le passé pour espérer un jour enfin avancer !

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Imaginez un village français tout ce qu'il y a de plus banal, perdu en pleine campagne et entouré d'une grande forêt. Imaginez à présent que des légendes courent depuis des décennies au sujet de ces bois que certains estiment hantés par le fantôme d'une jeune femme attirant à elles les enfants malheureux. Imaginez, enfin, que ces histoires aient une part de vrai, et que les disparitions et phénomènes étranges se multiplient de manière alarmante à l'approche de chaque fête de la Saint-Jean. Voilà, très rapidement, le principe de base sur lequel repose le nouveau roman de David Bry que je découvre avec « La princesse au visage de nuit » mais dont Dionysos a déjà exploré un peu la bibliographie (« Que passe l'hiver » ; « Le garçon et la ville qui ne souriait plus »). Plein de suspens, de tension, mais aussi d'humour, l'ouvrage se lit avec plaisir et flirte tour à tour avec le thriller et le fantastique, une combinaison qui en fait un véritable page-turner. L'auteur y met en scène un jeune homme, de retour dans le village de son enfance dans lequel il n'a jamais remis les pieds depuis cette nuit tragique qui le hante. Une nuit qui permit à Hugo d'être placé en foyer, après qu'aient été découvertes les marques de coups révélant la maltraitance de ses parents, mais au cours de laquelle le garçon a également perdu ses deux meilleurs amis, Pierre et Sophie, dont il ne parvient pas à se rappeler le sort et dont on n'a jamais retrouvé les corps. Malgré le traumatisme, Hugo a réussi à refaire sa vie, à Paris, auprès notamment d'une nouvelle bande d'amis eux aussi un peu cabossés mais qui le soutiennent à leur manière. La mort de ses parents va toutefois faire rejaillir tous les mauvais souvenirs de son enfance et l'obliger à se confronter à ce passé qu'il fuit depuis des années. Car leur mort s'accompagne d'un grand nombre de phénomènes étranges liés à la légende la princesse au visage de nuit, celle-là même qu'Hugo, Pierre et Sophie ont tenté de trouver cette fameuse nuit.

Le pitch est alléchant et assez révélateur à lui seul de l'ambiance du roman qui m'a beaucoup fait penser à plusieurs lectures récentes (sans pour autant jamais donner l'impression qu'il s'agissait de « réchauffé »), à commencer par « Je suis ta nuit » de Loïc le Borgne, ouvrage avec lequel le roman de David Bry présente de nombreuses similitudes, tant au niveau des thématiques que des personnages. L'atmosphère et le cadre sont également assez proches puisque, dans les deux cas, les auteurs mettent en scène un petit village banal et parviennent à rendre ce décor à priori tout à fait inoffensif totalement terrifiant (aspect que j'ai également retrouvé récemment dans « Passé déterré » de Clément Bouhélier et « Au bal des absents » de Catherine Dufour). Des bruits dans les fourrés, une ombre qui disparaît soudainement, des objets disparus il y a des années et qui refont surface, des malédictions tracées sur la porte des maisons… : il n'en faut pas beaucoup plus pour créer une ambiance oppressante qui met le lecteur en état d'alerte constant. Certains trouveront peut-être que l'auteur n'en fait pas assez, ou qu'il se contente de vieilles recettes (ce qui est partiellement vrai), mais personnellement le coup du regard dans la nuit ou du vent qui murmure suffit à me hérisser les poils (je suis à ranger dans la catégorie des « grosses flipettes », ce qui explique pourquoi je ne regarde jamais de film d'horreur et que je fais des cauchemars après chaque lecture un peu angoissante, celle-ci comprise). Bref, cela a fonctionné sur moi et je me suis rapidement prise au jeu de cette enquête mêlant événements passés et présents. La lecture a été d'autant plus plaisante que l'auteur a (et mes nerfs l'en remercient) pris soin de désamorcer régulièrement la situation grâce à l'humour de ses personnages, qu'il s'agisse d'Hugo ou de sa bande de potes qui ne sont jamais à court de bonnes vannes pour faire redescendre la tension d'un cran. Et ça fait un bien fou, car certains passages sont franchement éprouvant nerveusement et font ponctuellement basculer le récit dans l'horreur et le fantastique.

La rapidité avec laquelle se dévore le livre tient également à sa construction : l'auteur opte pour des chapitres courts, rythmés, et alterne entre passages au présent, au cours de laquelle on observe Hugo mener l'enquête pour comprendre ce qui lui est arrivé il y a des années, et passages au passé (bien plus courts) qui nous permettent de revivre des moments tragiques ou des souvenirs heureux d'Hugo redevenu petit garçon. Des flash-back qui contribuent évidemment à accentuer l'émotion du lecteur qui ne peut qu'être touché par le paradoxe entre la luminosité de ces enfants et l'innocence de leurs jeux, et les événements tragiques dont on sait qu'ils seront (ou sont déjà) les victimes. L'auteur aborde d'ailleurs un certain nombre de sujets très durs tournant autour du viol, de la maltraitance d'un enfant et de l'aveuglement des adultes, mais sans jamais sombrer dans la surenchère ou le sordide (un autre point commun avec « Je suis ta nuit » que je ne peux également que vous recommander). Alors certes, certains rebondissements de l'intrigue sont assez prévisibles, qu'il s'agisse de l'évolution de la relation entre Anne et Hugo ou encore le rôle de certaines des figures emblématiques du village dans l'affaire, mais ces légers bémols n'enlèvent rien au charme du roman ni à son efficacité. On pourrait également lui reprocher de mettre en scène des personnages un peu trop caricaturaux (la vieille mégère bizarre, le vieux gardien bourru, le pervers aussi répugnant à l'extérieur qu'à l'intérieur…) mais là encore ce choix ne dessert en rien le roman qui repose justement sur un certain nombre de poncifs qui visent d'abord à faire naître la familiarité, puis l'angoisse.

David Bry signe avec « La princesse au visage de nuit » un beau roman fantastique consacré à l'enfance, son innocence mais aussi les traumatismes qui peuvent s'y développer. La narration efficace et le suspens savamment entretenu jusqu'à la toute dernière page font de ce récit un vrai page-turner qu'on dévore avec un mélange d'inquiétude et de plaisir. Une belle découverte !
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J'ai eu le plaisir de lire La princesse au visage de nuit, avant de découvrir le chant des géants. Cela a été l'occasion pour moi de découvrir la plume de David Bry que j'ai particulièrement appréciée.

C'est un livre complètement différent, puisqu'ici nous ne sommes pas dans de la fantasy, mais plus un thriller fantastique.

Le récit semble nous mener vers une histoire bien sordide, pour finalement s'orienter vers une direction complètement différente…

L'auteur brouille les genres, et la frontière est parfois très mince entre la réalité et l'imaginaire. A plusieurs reprises on se demande si l'histoire de la princesse au visage de nuit est réelle ou bien si c'est un conte, largement véhiculé dans ce village éloigné de tout. L'auteur amène les choses petit à petit, tout en distillant par parcimonie le suspens autour de cette légende. Et même si le rythme peut parfois sembler lent, il y a un côté contemplatif que j'ai particulièrement aimé, car les choses prennent le temps d'être amenée, tout en étant très dense.

L'éventail des personnages est très large, certains sont très intéressants, attachants, mais d'autres m'ont semblé un brin caricaturaux, mais sans vraiment m'attarder sur eux, ils ne m'ont pas empêché de trouver l'ensemble très bien construit.

Au-delà de l'histoire, dense, fantastique et très prenante, la construction, l'ambiance donnent un thriller fantastique d'une excellente qualité. David Bry signe un excellent roman sur l'enfance, son innocence mais aussi les traumas et leur impact sur les adultes. C'est un roman que l'on dévore jusqu'à la dernière page, tellement le suspens est entretenu par l'auteur tout au long du récit.

Comme d'habitude, l'objet livre est ici d'une excellente qualité et donne envie de lire. La couverture est intrigante, chaque chapitre est agrémenté de branches avec des colorations. Encore un très bel objet-livre.
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C'est une lecture que j'ai apprécié, premièrement car le mélange "thriller/suspense" et fantastique est bien amené et justement dosé.

L'écriture de David Bry (dont c'était ma première lecture) est très agréable, mature et en même temps facile à lire, avec dans la construction une alternance de chapitres courts et en quinconce sur deux périodes (de nos jours et il y a 20 ans).

Scénaristiquement c'est agréable, je me répète mais le mélange thriller et fantastique fonctionne, c'est même un des points forts du roman car la tension est palpable à chaque instant. La fin apporte son lot de surprises.

Le thème de fond porté sur la disparition d'enfants dans un bled paumé au milieu d'une forêt intéresse et les sujets annexes, Violences, maltraitance, traumatisme, amitié, superstitions et légendes accroche bien.

Les personnages sont agréables, même si tous ne sont pas inoubliables et que j'ai eu tendance à mélanger les prénoms. La diversité est de mise, autant générationnelle que dans les moeurs.

Enfin, la couverture est belle et la qualité du livre, l'objet en lui même est irréprochable (c'est le deuxième roman que je lis chez "L'Homme Sans Nom" et vraiment du travail soigné).

Je précise que ce titre fait parti des 25 sélectionnés du plib2021.
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Des avis glanés ici ou là, je voyais ce livre comme la Marmite, on aime ou on déteste.

On ne va pas vous faire mariner avec des tartines de paraphrases, moi les machins à base de levure j'aime pas.
Et donc ça commence comme un thriller classique avec des meurtres étranges à élucider. Mais attention, contrairement à la mode du moment, aux intrigues plus alambiquées qu'un bécher d'alchimiste, on a là un thriller simple et simpliste, à l'intrigue linéaire, aux personnages qui attendent vaguement la suite comme si le meurtrier allait venir les chercher en bus. Et de fait c'est à peu près ça. Les indices arrivent tout droit chez eux, comme les moments étranges qui se veulent effrayants. Les personnages qui semblent méchants sont... han la la, surprise!, méchants, les autres (au passé forcément meurtri par d'autres très vilains) (qui ne sont que vilains, pas de demi mesure vous dis je !) survivent en attendant l'aventure en picolant velu et avec des dialogues creux (je n'ai toujours pas saisi l'intérêt de la bande de copains de Paris, si ce n'est rallonger le récit par des allers-retours passions-éthyliques entre deux orages en province). Récit qui de fait, semble n'être fantastique que pour retomber sur ses pattes à la toute fin.

Et c 'est dommage parce que bon la plume de l'auteur fait qu'on dévore malgré toutes ces râleries les pages, que parfois c'est même joli les petites lucioles qui se rassemblent autour d'un arbre, ou la vieille folle aux longs cheveux blancs qui raiponce dans sa tour. Mais bon, le pot de Marmite aussi il est joli. Et pourtant, j'aime vraiment pas ça.
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Dans La Princesse au Visage de Nuit, on fait la connaissance de Hugo Pelletier qui doit retourner dans son village natal qu'il a fui enfant, pour enterrer ses parents, décédés d'un accident de la route. Vingt ans plus tôt, ses amis ont mystérieusement disparu dans la forêt qui jouxte le village. Lui seul a survécu. Mais de ce drame, il n'en a nul souvenir. Retrouvé sain et sauf, il a été placé en famille d'accueil par les autorités dès qu'elles ont découvert les sévices que ses parents lui faisaient subir. de retour au village, rien n'a changé, les souvenirs remontent petit à petit à la surface. Que s'est il passé cette nuit-là ? Et si ses amis avaient réussi à rejoindre la Princesse de Nuit ? Et si ce n'était pas qu'une légende locale ?

La Princesse au Visage de Nuit est un roman contemporain parsemé de touches fantastiques. En effet, David Bry a disséminé dans son texte de nombreuses références au conte qui s'exprime de bien des manières.

Aussi, certains habitants de cet étrange village ressemblent à s'y méprendre à des figures archétypales comme celle de la sorcière avec Christiane Lisenne, cette vieille folle qui hante le cimetière pour y nourrir les chats errants ou encore celle de l'ogre à travers le très inquiétant Auguste Trière qui rôde partout comme dans l'attente d'un mauvais coup à perpétrer.

Sans parler de cette forêt qui borde le village et que l'on dit hantée tant de folles rumeurs courent sur son compte. La plus importante d'entre elles est sans aucun doute celle concernant l'existence de la Princesse au Visage de Nuit. Avéré ou imaginaire, cet être est censé exaucer les voeux des enfants malheureux.

Les manifestations oniriques se multiplient au fil des pages entre les sensations fugaces d'une présence, la mystérieuse réapparition d'objets que l'on croyait perdus, ou encore la perception de prénoms chuchotés par le vent. A travers tous ces éléments, l'auteur confère à son récit une aura de mystère installant le doute dans le coeur des lecteurs sur la réalité tangible des faits relatés. La frontière entre le réel et l'imaginaire est volontairement floutée afin de maintenir le suspense d'un bout à l'autre du roman. L'univers décrit entre ces lignes est totalement immersif et instille des sentiments contradictoires de fascination et de répulsion.

Derrière le récit de la Princesse au Visage de Nuit, bien des destins nous sont contés. Tous sont douloureux. Sous le regard meurtri de Hugo, on prend conscience des drames qui ont jalonné chaque vie de cette petite communauté. Il n'y a donc pas que le narrateur principal qui ait souffert d'une enfance difficile.

Enfant battu et maltraité, on prend d'ailleurs la mesure de l'étendu de sa souffrance au fil des chapitres. Il est un survivant qui malgré, les traumatismes vécus, a réussi à les surmonter. Il veut même profiter de son retour pour tourner définitivement la page en comprenant enfin ce qui lui est arrivé dans cette forêt, il y a vingt ans. Autour de lui gravite une poignée d'amis qui sont à son image, cabossées par la vie.

Que ce soit Chloé, l'amie en recherche d'idéal masculin ou William, le pote en quête d'acceptation de son identité sexuelle, l'amitié qui les lie est le ciment nécessaire à leur reconstruction.

A travers les relations que certains protagonistes entretiennent entre eux, David Bry explore des valeurs fondamentales à l'équilibre humain : l'amitié, l'amour, la bienveillance, la camaraderie, la reconnaissance, l'assistance ou encore la fidélité.

Avec La Princesse au Visage de Nuit, David Bry signe un texte puissant du point de vue des émotions qu'il dégage. Il traite de la thématique douloureuse de la maltraitance de l'enfant mais l'aborde avec beaucoup de subtilité et d'intelligence.

Construit comme un puzzle, ce livre enchaîne des chapitres courts alternant le présent et le passé afin de faciliter l'appropriation de la multitude des histoires contées ici. Un procédé d'écriture qui a l'avantage de bien rythmer le texte.

Après avoir apprécié Que passe l'hiver et le Garçon et la ville qui ne souriait plus, j'étais très curieuse de me plonger dans cet autre livre et le voyage ne m'a aucunement déçu.

David Bry est une plume très talentueuse qui, à chaque roman, s'approprie une facette majeure des littératures de l'imaginaire pour proposer un récit original et captivant, porté par un ou plusieurs héros pour lesquels on s'identifie avec facilité... suite sur Fantasy à la Carte.
Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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