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Critique de Saiwhisper


David Bry est un auteur que j'ai découvert à travers « Que passe l'hiver », un roman dont l'ambiance m'avait séduite, mais où j'étais finalement ressortie mitigée à cause de la quantité impressionnante de personnages. Avec « le Garçon et la ville qui ne souriait plus », j'espérais ne pas être encore une fois perdue. Heureusement, ce ne fut pas le cas ! David Bry a parfaitement su distiller les informations de son univers, faire découvrir les différents protagonistes et installer son intrigue remplie d'action. L'ensemble est fluide, compréhensible et agréable à lire. D'ailleurs, il n'a pas fallu longtemps pour que je rentre dans l'histoire ! Dès les premiers chapitres, j'ai été sous le charme de cette uchronie se déroulant dans un Paris du XIXème où tout est malheureusement uniformisé. En effet, le peuple parisien doit se soumettre à la loi de l'Église : toute personne jugée comme ayant une difformité physique (nanisme, bossu, peau foncée, handicap, etc.) ou mentale (homosexualité, folie, etc.) est considérée comme contre-nature et donc punissable par la loi. Ces « monstres de la société » sont contraints de vivre isolés de tous, sur une île portant le nom de la Cour des Miracles… le concept est original et n'est pas sans rappeler l'actualité où il est plus que jamais question de tolérance, de différence et de liberté. L'ouvrage pousse donc à la réflexion…

On va suivre les péripéties de Romain, un jeune bourgeois ayant un lourd secret. L'adolescent m'a paru très ingénu cependant, il s'est révélé être courageux, déterminé, brave, gentil et loyal. Il n'a malheureusement pas un quotidien très agréable, notamment à cause de sa famille. Soeur en retrait, père absent, mère terrible et directive, majordome le rossant souvent, … Malgré son statut aisé, le pauvre n'a pas les conditions idéales pour être heureux ! le seul à le comprendre est son ami Ambroise, avec qui il réalise souvent des escapades nocturnes. Pourtant, Ambroise ne sait pas tout : il ignore que son compagnon se rend régulièrement sur l'île afin de voir les anormaux. L'entourage du héros m'a semblé intéressant toutefois, je regrette qu'on en sache peu sur eux, notamment sur la gent féminine, peu mise en avant dans l'intrigue. Dans la Cour des Miracles, Romain va faire la connaissance de plusieurs personnages hétéroclites comme Lion (un beau rouquin à l'oeil difforme), Akou (son frère à la peau noire), Zacharie (un bambin à la peau tachetée et qui zozote) et bien d'autres. Il y a là une très belle galerie de personnages secondaires variés, attachants et touchants ! J'aurais d'ailleurs adoré qu'on les développe davantage. On reste trop en surface. Toutefois, cet ouvrage est à destination d'un public adolescent. L'auteur a donné de la consistance à tout ce petit monde, mais a davantage mis l'accent sur le rythme de son intrigue. C'est un choix compréhensible même si, je le reconnais, j'aurais adoré un peu plus de profondeur que ce soit pour le monde ou les protagonistes y évoluant.

Complots, mystères, menace mortelle, … En plus de proposer une aventure haletante et sans temps morts qui rappelle les romans de cape et d'épée, David Bry a offert de beaux messages, notamment ceux de la tolérance, de l'acceptation de l'autre, de l'ouverture d'esprit, de l'altruisme et de l'entraide. le tout est accompagné de chouettes petites illustrations ainsi que d'informations annexes (rapports de police, extraits de journaux, textes de loi, lettres, etc.). On notera également la présence d'argot : crever l'oeil au diable (vaincre les difficultés), fagoter (travailler sans goût), gigot (bravo), ronflant (impressionnant), se manger le coeur (s'inquiéter), etc. Il s'agit principalement d'argot parisien de l'époque ainsi que des expressions inventées par l'auteur. le tout est assez dépaysant et parfois difficile à comprendre cependant, cela a son charme ! On finit par s'y faire (et si ce n'est pas le cas, il y a plusieurs pages de lexique en fin d'ouvrage).

Ce livre romanesque à la sublime couverture m'a enchantée ! Ce fut une belle ode à la différence. Merci aux éditions Pocket pour cette découverte que je recommande aux jeunes lecteurs et aux adeptes de l'imaginaire n'ayant rien contre les héros adolescents.
Lien : https://lespagesquitournent...
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