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EAN : 9782228921213
590 pages
Payot et Rivages (02/05/2018)
3.85/5   58 notes
Résumé :
Président incompétent, dérèglement climatique, tueurs fous, etc. : les problèmes de l'Amérique de 1927 sont ceux d'aujourd'hui... Mais cette Amérique-là est aussi celle de Lindbergh traversant l'Atlantique sans escale, celle de l'invention du cinéma parlant et de la télévision, celle d'Al Capone et de Ford, de Disney ou de Coolidge, l'indolent président qui avait horreur de serrer des mains... Bryson la raconte avec jovialité et érudition.
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Un été 1927 à découvrir. Une année riche, formidable, épique. Une année folle composée de légendes et de drames, des hommes et des triomphes. Commençons par le plus grand évènement du siècle dernier ou presque puisque à l'époque l'homme n'avait pas encore marché sur la lune, mais n'avait pas non plus traversé l'Atlantique en avion. C'est de ce point de départ, et en guise de fil rouge que Lindberg va traverser l'océan pour la première fois, en solitaire qui plus est, dans un avion façonné presque de bric et de broc, sans compas, ni la voix érotique d'un GPS ou celle d'un copilote grincheux. Respect et admiration de la foule. le Spirit of St Louis a décollé de New-York pour atterrir quelques jours plus tard à l'aéroport du Bourget. Clameur de la foule, la population se déplace en masse pour découvrir ce nouvel héros et le célébrer tel un… champion du monde… Grande parade, immense émotion, les gens en pleurs et en cri.

Mais le soccer n'est pas encore implanté – et ne le sera probablement jamais dans ces terres-là. Non, là-bas, les dieux du sport, sont les joueurs de Baseball. Que de matchs épiques racontés par l'auteur, comme de souvenirs de jeunesse, bien qu'il ne soit pas assez vieux pour les connaître. Mais le sport se raconte de génération en génération et les héros tel que Lou Gehrig et surtout son coéquipier Babe Ruth révolutionnèrent ce sport avec leurs frappes dingues et des records de Home-run. Oui, tu n'y connais rien au Base-ball, tu n'as jamais vu un match de ta vie, pourtant, avec la plume de l'auteur tu ressens cette sueur dans le gant, les frissons des spectateurs manquant de s'étouffer avec leurs hot-dogs, la balle qui vrille grâce au crachat du lanceur…

La boxe aussi entame sa révolution. Avec des cogneurs, des Blancs et des Noirs. Là aussi, j'ai le droit à la description de combats épiques, des gouttes de sang blanc qui se mêle à la sueur noire, le Ku Klux Klan perd son principal responsable pour une malheureuse affaire de violence sexuelle et s'effondre dans les sondages de popularité. Même si les temps changent, le doute subsiste, des périodes sombres se profilent, amis allemands, les noirs savent où sont leur place… quoique, finalement, les temps ou les mentalités mettent un certain temps à évoluer…

Dans deux ans, il y aura la grande crise. Celle de 29, comme un précurseur à celle des subprimes. Quand je disais que le temps ne change rien à la vie, à la douleur, au désespoir. Et puis avec cette crise, il y a la chute de l'épopée de la Ford-T, toute une époque, une révolution industrielle. En fait, la richesse de ce livre ne se compte pas avec son pesant de pages, plus de 600 tout de même, ce qui en fait un livre assez lourd à porter, nettement plus lourd que le Roadbook de Lindberg dans son Spirit of St Louis… Les aspects économiques, politiques, climatiques, culturels et sportives y sont abordés. Al Capone aussi, qui remercia tant la prohibition de lui accroître un tel pouvoir sur ses concitoyens, l'avènement de la mafia. Et ma bouteille de Jack Daniel's dont la jauge arrive sur ses derniers centilitres, vivement le retour de la prohibition...

1927, une année folle.
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Avant toute chose, je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Payot et Rivages pour cet envoi.
Voici un document absolument fascinant pour les passionnés d'histoire, car ça parle de tout : politique, économie, aviation, base-ball, innovations technologiques, personnages célèbres tels l'aviateur Lindbergh, Al Capone, le président Hoover, Henri Ford, Walt Disney, Sacco et Vanzetti, faits divers... et tout se passe durant l'été 1927 aux Etats-Unis.
Mais n'étant pas une passionnée d'histoire et l'année 1927 me semblant quand même bien lointaine, je n'ai pas apprécié cette lecture autant que les autres titres de cet auteur.
Etant curieuse de nature, j'ai beaucoup aimé découvrir ce pan de l'histoire passé sous la loupe de Bill Bryson, mais sa passion immodérée pour l'aviation (car il y revient à chaque chapitre) m'a finalement assez vite lassée, de même que les nombreux chapitres consacrés au base-ball ou à certains personnages historiques dont je ne me souvenais pas vraiment, comme le président Coolidge par exemple.
Je n'ai pas retrouvé ici l'humour habituel de cet auteur.
Beaucoup de passages m'ont vraiment semblé ennuyeux.
Une lecture en demi-teinte donc pour ce pavé historique qui plaira à ceux qui aiment l'histoire avec un grand H et les petites anecdotes du quotidien qui donnent du relief au passé, mais qui pourra laisser de marbre les fans de l'auteur qui préfèrent ses écrits humoristiques et ses récits de voyages.
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J'ai mis du temps à venir à bout de ce pavé (589 pages), mais c'est parce que je menais plusieurs lectures de front, et pas du tout parce que je l'ai trouvé indigeste, au contraire. L'été où tout arriva de Bill Bryson m'a intéressée à plus d'un titre. L'auteur prend l'été de 1927 comme pivot pour raconter l'Amérique des années 20 et s'offre quelque incursions jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale pour suivre une personnalité ou voir s'achever une aventure. Mais il s'est en effet passé beaucoup d'événements remarquables cette année 1927 !
***
Le plus fou, le plus délirant de ces événements, celui qui va occuper l'Amérique et une bonne partie du monde occidental pendant des mois, c'est la traversée de l'Atlantique par Lindbergh. La folle aventure de ce personnage pas franchement sympathique (et sa mère, donc !) ainsi que son incroyable talent de pilote deviennent des prétextes pour raconter les balbutiements et les développements de l'aviation. On fait ainsi la connaissance de Francesco de Pinedo. En 1925, cet aviateur italien vole d'Italie en Australie en effectuant plusieurs étapes ; il devient célèbre et, en 1927, fait une tournée aux USA qui se ne tarde pas à se transformer en réunions fascistes… C'est cette même année que « L'Oiseau blanc » des Français Nungesser et Coli disparaît. Dans l'engouement Lindbergh sort sur les écrans le court-métrage d'une souris pilotant un avion, film produit par un certain Walt Disney.
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Grâce à des faits divers, des phénomènes de société ou d'importantes découvertes, Bill Bryson nous plonge dans cette folle époque, juste après la boucherie de la Première Guerre mondiale et juste avant la crise de 1929. Il rend compte du culte voué aux écrivains, du développement des magazines grand public, de la naissance des tabloïds, du succès du jazz (« une musique pathologique provoquant irritation nerveuse et excitation sexuelle » affirme le journal New York American). Il raconte un meurtre sordide et le procès qui l'a suivi parce que cette histoire a défrayé la chronique, mais aussi parce qu'elle a inspiré le roman que beaucoup d'Américains considèrent comme le premier roman noir : le Facteur sonne toujours deux fois de James McCain qui sortira en 1934. le pays subit des intempéries exceptionnellement graves, une crue catastrophique du Mississipi, des tornades, des tempêtes, etc. Une forme d'indifférence accueille la première condamnation d'un truand pour évasion fiscale que l'on doit à la brillante idée d'une femme : Mabel Willebrandt. C'est pourtant ce même chef d'accusation qui ouvrira la voie au procès et à la condamnation de Capone.
***
Bill Bryson s'attarde sur le très fort sentiment antiaméricain qui se développe en Europe : « Les États-Unis réclamaient avec insistance le remboursement total, plus les intérêts, des dix milliards qu'ils avaient prêtés à leurs alliés pendant la guerre, et les Européens trouvaient ça un peu fort de café dans la mesure où tout l'argent avait servi à acheter des denrées américaines, si bien qu'en cas de remboursement l'Amérique tirerait deux fois profit du même prêt. » L'Europe peine à se remettre de la Première Guerre alors que l'Amérique prospère… La radio connaît un essor incroyable, les gratte-ciel prolifèrent, New York supplante Londres et devient la plus grande ville du monde. La prohibition bat son plein, permet de rapides et spectaculaires enrichissement, mais l'empoisonnement de l'alcool industriel sur ordre de l'État (on peut y trouver strychnine, mercure, kérosène, benzène, formaldéhyde, acide sulfurique, etc.) provoque la mort de nombreux consommateurs d'alcool : « En fait, c'est parce que la prohibition ne donnait pas d'assez bon résultats que Wheeler et ses affidés insistèrent pour que les autorités empoisonnent l'alcool industriel. D'autres adjuvants tels que le savon ou de détergents auraient suffi à lui donner mauvais goût, mais pour les purs et durs, ce n'était pas suffisant. Wheeler pensait sincèrement que les gens qui buvaient de l'alcool empoisonné n'avaient que ce qu'ils méritaient. À ses yeux, ils commettaient « un suicide délibéré ». L'auteur note avec ironie l'opportunisme de Saint-Pierre-et-Miquelon pendant cette époque. Mentionnons encore le développement des achats à crédit, les deux présidents successifs carrément bizarres, Harding et Coolidge, les trois si on ajoute Hoover, les premiers développements de la télévision et les mesquineries qui les accompagnent, l'insondable ignorance de Henry Ford, sa passion immodérée pour le soja et son antisémitisme forcené, Sacco et Vanzetti, le mémorial du mont Rushmore, le tournage du Chanteur de jazz, etc., et, parallèlement, le succès de l'eugénisme et la répercussion de ces monstrueuses idées sur l'immigration : « en 1927, on expulsait au départ d'Ellis Island plus de gens qu'on en laissait entrer ».
***
Voilà, ça se lit comme un roman, ça va parfois dans tous les sens, c'est souvent très drôle, plein d'humour et d'ironie, ça touche à tout et chacun trouvera de quoi satisfaire ou attiser sa curiosité, me semble-t-il. Ma seule réserve tient à mon peu d'intérêt pour le sport en général et pour le baseball en particulier… J'avoue avoir lu ces passages en diagonale, mais je me suis complètement laissée emporter par tout le reste. Certains des autres titres de Bill Bryson sont tentants, et je vais me laisser tenter !
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L'opération Masse critique de Babelio (je les remercie de leur confiance, ancienne maintenant) portait cette fois non sur un roman mais sur le récit historique du très fin et très drôle Bill Bryson sur ces quelques mois américains de l'été 1927, L'été où tout arriva. Lindbergh, le légendaire joueur de base-ball Babe Ruth, Henry Ford, Walt Disney, les bien oubliés présidents Harding, Coolidge et Hoover, sont les protagonistes de cette saison particulière. Ou plus exactement c'est l'Amérique entière de 1927 qui revit, entre succès économiques, triomphes aériens, fin de la prohibition, inondations séculaires du Sud, ombres mafieuses, exécution de Sacco et Vanzetti, et aube du krach historique. Hollywood va commencer à parler. Des fortunes se sont faites et défaites en quelques mois. L'été 1927 est un Summer of speed tant tout s'est accéléré.

Bill Bryson est un formidable raconteur et de sa plume alerte nous apprend des tas de choses sur l'époque où les progrès techniques voisinaient avec les idées souvent peu sympathiques. Lindbergh en est bien sûr le symbole le plus connu. Mais l'histoire de ce monde est un fabuleux roman et les héros en sont parfois bien loin des preux chevaliers ou des médecins humanistes. Pour mémoire, très intéressant, les premières ébauches de ce qui deviendra la télévision. En fait une vraie guerre de brevets, de tricheries et de banqueroutes pour une invention dont on perce à peine l'avenir. La politique n'est pas en reste avec trois présidents, semble-t-il, bien peu visionnaires. Passons sur les acquaintances avec l'Organisation. Sachez seulement que dans les années vingt, à l'enterrement d'Antony d'Andrea, mafieux notoire, figuraient dans l'impressionnant cortège vingt-et-un juges, neuf avocats et le procureur général de l'Illinois.

Bill Bryson, dont j'avais lu il y a quelques années le très bon Shakespeare. Antibiographie, sait parfaitement nous tenir en haleine avec son Amérique, sur des sujets dont on ne sait la plupart du temps que l'écume. L'odyssée de Lindbergh, par exemple, fut plus impressionnante par l'hallucinante tournée dans le pays de l'aviateur, sur un tempo infernal, pressuré, bousculé, vénéré. Bien plus fatiguant que de traverser l'Atlantique sur le Spirit of St.Louis. Quoi qu'il en soit j'ai aimé ce gros bouquin (thank you Babelio) qui se lit comme un très bon roman. Et j'ai aimé aussi le fait que L Histoire est souvent faite par des gens au demeurant loin, pour certains très, très loin, d'être sympathiques. Charles Lindbergh, Henry Ford eurent les goûts politiques que l'on sait. Babe Ruth, sur le plan privé, ferait passer Harvey Weinstein pour un ascète abstinent. Al Capone fit la belle carrière bien connue, très courte cependant. Sans oublier les boxeurs sonnés et les managers véreux, et les belles années du Klan. Ainsi va l'Amérique. God bless America. Fuck America.
Et plus que tout l'humour de l'auteur accompagne cet été 1927. Les lignes consacrées au chemin de fer sont délectables. Chantre du privé le pays a possédé jusqu'à 1200 compagnies, souvent au nom ronflant. Certaines arrivaient quasiment nulle part. Croyez-moi, c'est vraiment très drôle et ça donne envie de lire par exemple Une histoire de tout, ou presque..., Une histoire du monde sans sortir de chez moi, Des cornflakes dans le porridge (Un Américain chez les Anglais). Ou sa vision des antipodes Nos voisins du dessous. Chroniques australiennes. Rien que les titres...
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Je croyais lire un recueil intéressant mais surtout plein d'humour, comme habituel chez l'auteur de "Promenons-nous dans les bois" et "Nos voisins du dessous".
En réalité, il s'agit d'une compilation, érudite certes, mais plutôt monotone des nombreux évènements survenus durant l'été 1927 d'un coin à l'autre des Etats-Unis.
Il s'en détache les exploits de l'aviateur Charles Lindbergh qui a traversé l'Atlantique avec son coucou et a été prodigieusement fêté dans toutes les villes lors de sa tournée triomphale et exténuante, les coups de maître au baseball de Babe Ruth, les exploits du boxeur Dempsey, l'exécution de Sacco et Vanzetti, les débuts du cinéma parlant et de la télévision, la fin du KKK... Bref l'auteur nous présente une série de personnages pittoresques, y compris le président Coolidge qui a laissé peu de traces dans L Histoire.
La crise de 1929 est déjà préfigurée et je me suis aussi aperçue que malheureusement certaines lignes n'ont guère bougé depuis cette époque, par exemple les extravagances des milliardaires ou certaines opinions antisémites.
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critiques presse (1)
Lexpress
17 mai 2018
Impressionnant, mais aussi passionnant, époustouflant, ébouriffant, amusant, instructif, récréatif... Difficile de jouer la modération devant une telle somme d'érudition et d'humour.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les trains roulaient là où les rails de chaque compagnie le leur dictaient, ce qui signifie qu'ils ne prenaient pas toujours le chemin le plus court ni le plus rapide. Le Lake Shore Limited, qui reliait New York à Chicago, mettait d'abord le cap au nord, vers le Canada, pendant 240 kilomètres, avant de tourner brusquement sur la gauche à Albany, comme s'il reprenait soudain ses esprits. Les convois qui parcouraient de longues distances étaient fréquemment divisés ou rassemblés en cours de route, en un ballet compliqué leur permettant de se raccorder à d'autres lignes. Le Suwanee River Special partait tous les jours de Saint Petersburg, en Floride, à destination de Chicago, mais en différents points du trajet certaines de ses voitures étaient décrochées et rattachées à d'autres trains se dirigeant vers Buffalo, Cleveland, Detroit et Kansas City. Le Lake Shore Limited s'arrêtait à Albany pour récupérer des wagons de Boston et du Maine, puis à Buffalo pour en embarquer d'autres arrivant de Toronto, et à Cleveland certaines voitures étaient détachées et envoyées vers le sud, à Cincinnati et Saint Louis, pendant que le convoi principal continuait vers l'ouest efin de rallier Chicago. Pour les passagers, la possibilité de se réveiller à Denver ou à Memphis alors qu'on avait l'intention d'aller à Omaha ou à Milwaukee ajoutait un frisson d'incertitude à n'importe quel long trajet, tandis que les changements d'aiguillage et la recomposition des trains vous empêchaient presque systématiquement de dormir. Le côté romanesque de la chose ne sautait pas toujours aux yeux de ceux qui prenaient effectivement le train.
Pour distraire les passagers, et pour générer des revenus supplémentaires sur un marché encombré, quasiment toutes les lignes mettaient l'accent sur les repas. Alors que la taille des cambuses leur permettait à peine de faire sauter une crêpe, les cuisiniers préparaient une gamme de mets sensationnelle. Sur la Union Pacific, rien qu'au petit déjeuner le client avisé pouvait choisir entre une quarantaine de plats - bifteck d'aloyau ou côte de bœuf, escalope de veau ou côtelettes d'agneau, crêpes de froment, maquereau au sel grillé, demi-coquelet, pommes mousseline, pain de maïs, bacon, jambon, saucisses longues ou plates, œufs sous toutes les formes -, et les autres repas étaient tout aussi copieux. Les passagers qui voyageaient de nuit à bord du Midnight Limietd entre Chicago et Saint Louis pouvaient même prendre un abondant (et littéral) "lunch de minuit" tout en roulant dans les ténèbres.
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On pourrait situer les débuts de la boxe moderne à différentes dates, mais il semble pertinent de la faire commencer avec Jess Willard. Ce géant du Kansas était laboureur, et il le serait resté toute sa vie si un organisateur de matchs, après l'avoir vu manipuler des balles de foin de 200 kilos comme si c'étaient des coussins de plume, ne l'avait pas encouragé à monter sur un ring. Cela se passait aux alentours de 1910. Avec 1.98 mètre pour 102 kilos, Willard avait assurément le bon gabarit, et sa puissance de frappa se révéla colossale. A son cinquième combat, il cogna si fort le pauvre garçon que le coup fit pénétrer une partie de sa mâchoire dans son cerveau et le tua. Willard pulvérisa un certain nombre d'adversaires, puis devient champion du monde des poids lourds à La Havane en battant par K.-O. en vingt-six reprises le grand Jack Johnson, un boxeur formidable mais ostensiblement noir et imprudemment provocateur.
La victoire de Willard marqua un tournant crucial, quoique condamnable, dans l'évolution de la boxe : le champion des poids lourds était à présent un Blanc, ce qui était malheureusement une condition sine qua non pour qu'elle devienne un grand sport populaire. Avant cela, c'était la seule discipline sportive - voir la seule activité - où un Noir pouvait se mesure d'égal à égal avec un Blanc. D'un point de vue moderne cela semble paradoxal, mais si avant 1920 la boxe était considérée comme malsaine et insupportablement vulgaire, c'était en partie parce qu'elle n'était pas raciste. Et la convertir en divertissement respectable consistait surtout à s'arranger pour que, comme tous les autres sports majeurs, elle soit dominée par les Blancs. Aucun boxeur noir n'allait avoir la moindre chance de remporter le titre chez les poids lourds pendant une génération.
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La chute du Ku Klux Klan fut aussi soudaine qu'inattendue, et c'est le rondouillard et déplaisant Stephenson qui la provoqua. En mars , il invita à dîner une jeune femme de bonne réputation du nom de Madge Oberholtzer. Au grand désarroi de ses parents, celle-ci ne rentra pas ce soir-là, ni le suivant. Quand Stephenson la relâcha enfin, elle était dans un état effroyable. Elle avait été sauvagement battue et violée. Elle avait le seins et les organes génitaux lacérés. Elle raconta à son médecin et à ses parents qu'après être venu la chercher Stephenson s'était soûlé, qu'il était devenu violent et qu'il l'avait forcée à entrer dans un hôtel, où il avait brutalement abusé d'elle à plusieurs reprises. Submergée par la honte et le désespoir, Madge avait avalé une dose mortelle de chlorure de mercure. Lorsqu’elle regagna le domicile familial, les médecins ne pouvaient plus rien pour elle. Son agonie dura quinze jours.
Stephenson, croyant que son statut de dirigeant du Ku Klux Klan dans l'Indiana le mettrait à l'abri des poursuites, fut étonné d'être reconnu coupable d'enlèvement, de viol, de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et d'être condamné à la prison à perpétuité.
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La canicule transforma la vie des citadins. Elle créa un sentiment de calvaire partagé et suscita des échanges entre inconnus. Pour une fois, il y avait un sujet de conversation commun à tout le monde. Le quotidien prit des allures communautaires qu'on avait presque oubliées. Les gens s'asseyaient sur leur perron. Les barbiers installaient des fauteuils à l'extérieur et rasaient leurs clients à l'ombre d'un arbre ou d'un store. Partout les fenêtres étaient grandes ouvertes, celles des bureaux, des appartements, des hôtels, des bibliothèques, des hôpitaux, des écoles, si bien que les bruits de la ville circulaient partout librement. Le mugissement lointain du flot des voitures, les cris ponctuant les jeux des enfants, une dispute dans l'immeuble voisin - tous ces sons et mille autres encore vous parvenaient tandis que vous travailliez, lisiez ou essayiez de trouver le sommeil. Aujourd'hui, on rentre chez soi pour échapper au vacarme urbain ; dans les années 20, il pénétrait en grande partie avec vous à l'intérieur.
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Si, à première vue, la chaise électrique paraissait une manière rapide et humaine d'exécuter les gens, dans la pratique ce n'était ni simple ni infaillible. En cas de décharge trop faible ou trop brève, la victime était souvent sonnée mais pas tuée, simplement réduite à l'état d'épave pantelante. En cas de secousse plus violente, les résultats pouvaient se révéler désagréablement spectaculaires. Les vaisseaux sanguins éclataient quelquefois, et un jour l'un des yeux du condamné avait explosé. Il était arrivé au moins une fois que celui-ci rôtisse à petit feu. L'odeur de chair brûlée était "insupportable", avait déclaré l'un des témoins. Manifestement, la science de l'électrocution exigeait professionnalisme et doigté si l'on voulait qu'elle fût à la fois efficace et relativement humaine. C'est là que Robert Elliott était entré en scène.
Appelé comme consultant pour une exécution dans l'État de New York, et conscient aussi bien des défaillances du dispositif que des souffrances infligées jusque-là, il avait compris que le truc consistait à moduler à bon escient la puissance du courant électrique d'un bout à l'autre du processus (un peu comme un anesthésiste règle le flux du gaz administré à un patient qu'on opère), afin de plonger le sujet d'abord dans l'inconscience, puis dans la mort, de manière progressive et relativement paisible.
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Vidéo de Bill Bryson
Bande annonce du film RANDONNEURS AMATEURS (A Walk in the Woods), adaptation du livre de Bill Bryson.
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