AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Thrinecis


Après un premier voyage en Chine en mars avec Epouses et concubines, j'y suis retournée en mai pour la deuxième fois cette année avec l'Exilée, superbe roman à forte connotation autobiographique qui rend un hommage empli d'amour et d'admiration à la mère de l'auteure.

Avec le personnage de Carie, Pearl Buck évoque la vie de sa mère ainsi que sa propre enfance. Carie, jeune américaine élevée au sein d'une famille aimante dans un milieu pastoral très pratiquant, attend avec toute la ferveur de sa jeune âme que Dieu lui envoie un signe ou lui indique sa voie. Ce signe s'incarnera dans la forme bien physique mais très mystique du jeune Andrew, dont l'esprit exalté ne rêve que de missions d'évangélisation. Cette aspiration rejoint celle de Carie qui l'épouse à 22 ans sur un coup de tête malgré l'opposition de son père, et s'embarque pour un long voyage en bateau vers la Chine.

Là-bas, installée au bord du fleuve Yangsté, Carie se trouve brutalement confrontée à la misère et la saleté. Mais pleine d'un courage et d'un optimisme qui ne failliront jamais malgré les conditions de vie plus que rudimentaires, au milieu de la crasse, des insectes, du climat malsain qui amène son lot de maladies mortelles, elle s'emploie à nourrir, soigner, soulager, écouter les souffrances des chinois tandis qu'Andrew s'occupe de sauver leurs âmes. Puis Carie devient successivement mère de deux enfants et s'épanouit dans la maternité. Ce bonheur sera de courte durée... Mais à chaque drame intime qui la frappe, Carie toujours se relève et bravement s'occupe des enfants qui lui restent et de tous les miséreux qui l'entourent.

J'avais déjà lu ce roman il y a une trentaine d'années mais je me souvenais moins du contexte historique, très présent, qui nous fait vivre l'esprit colonialiste de l'époque ainsi que certains épisodes dramatiques de l'histoire de la Chine de la fin du XIXème siècle et du début du XXème comme la guerre de l'opium, la révolte des Boxers et la guerre contre la dynastie mandchoue menée par les révolutionnaires avant le proclamation de la république chinoise. En tant qu'étrangers, Carie et sa famille ne sont jamais à l'abri et, à chaque fois, il s'en faut de peu qu'ils ne soient attaqués.

Mais ce que je garderai en mémoire plus longtemps, c'est le magnifique portrait de cette mère si forte dans l'adversité, si gaie malgré sa profonde nostalgie de l'Amérique, qui trouve de la beauté partout, et qui toute sa vie durant, se reprochera d'accorder plus d'attention à sauver les corps plutôt que les âmes. Cette profonde dichotomie entre elle et Andrew se lit plus entre les lignes qu'elle n'est exprimée, et le travail du missionnaire paraît finalement bien dérisoire comparé à toutes les entreprises plus fécondes de Carie.

Près d'un siècle après sa publication en 1936, ce récit reste une très belle oeuvre que j'ai pris plaisir à relire.

Challenge plumes féminines 2022
Challenge multi-défis 202
Commenter  J’apprécie          122



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}