Le domaine du château de Seneffe est un fleuron du patrimoine belge : son immense parc, son château et sa splendide collection d'orfèvrerie. Il suffit de franchir la grille pour découvrir la sobre façade de l'édifice, construit entre 1763 et 1768. Son concepteur, Laurent-Benoît Dewez, est considéré comme le grand architecte des Pays-Bas autrichiens, à cette époque. Il est le chantre du néoclassicisme dans nos régions, après un séjour à Rome. Il faut reconnaître que l'imposant corps de logis rectangulaire entouré de deux galeries terminées par deux pavillons forme un tout indissociable, rythmé par de puissants pilastres, le tout couronné par une balustrade qui dissimule le toit à croupes. Tout semble régulier alors qu'une modulation plus discrète que les ornements baroques anime les onze travées de la façade. Cet élégant logis est ceint au sud comme au nord par deux galeries courbes, ceignant la cour d'honneur. Plus loin, le petit théâtre, édicule également néoclassique. Et ailleurs encore, l'orangerie, vaste bâtiment devenu le restaurant du domaine.
Le décor intérieur est mémorable pour les parquets des différentes pièces. Dans le cabinet, un parquet en forme de fleur. Dans la salle de compagnie, une splendide rosace. Les visiteurs ne parviennent pas à croire le guide quand il leur dit qu'il a été refait à l'identique. de même pour les stucs des plafonds, bien souvent dessinés par Dewez lui-même. En effet, en 1970, l'Etat belge exproprie le domaine et le rachète. Mais les bâtiments laissés à l'abandon sont dans un état déplorable, si bien que le Musée de l'orfèvrerie de la Communauté française de Belgique n'ouvrira ses portes qu'en 1995. Dans les vitrines , le public découvre des oeuvres des plus fameux artisans des Pays-Bas méridionaux comme Godefroy de Huy, Hugo d'Oignies,
Jean Jacobs, Jean de Lens, Philippe van Dievoet, Balthazar-Philippe Vandive, Jacques Roettiers ou Joseph Germain Dutalis et leurs successeurs contemporains. Aux murs, plusieurs tapisseries
De Beauvais et quelques tableaux. Sans oublier les lustres de bronze et de cristal, les commodes, les consoles, les pendules et le baromètre. Tous ces objets sont nés sous les bons auspices de l'Antiquité gréco-romaine.
Aujourd'hui, la scénographie muséologique, mise en place après cette publication de
Véronique Bücken, donne le sentiment d'entrer dans l'intimité des anciens propriétaires, la famille Depestre. Dans une chambre, des vêtements sont abandonnés négligemment sur un paravent. Dans la salle à manger (une innovation du XVIIIe siècle), la table est dressée, attendant des convives pour un repas d'apparat. Ailleurs également, le temps semble s'être arrêté pour le passage des visiteurs. Mais, la porte fermée, les lumières à peine éteintes, les gentils fantômes reviennent en ce lieu calme, serein et doux.