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EAN : 9782812610318
173 pages
Editions du Rouergue (09/03/2016)
3.79/5   35 notes
Résumé :
« Chevalier préférait aller à son travail en Mobylette quand il faisait beau, et il portait toujours le même casque, orange, sans visière. Ce jour-là, il avait sur le dos une chemise à manches courtes que le vent de la course faisait flotter autour d’un genre de bermuda. De loin, on voyait d’abord le blanc livide de ses mollets, puis son ventre laiteux que la chemise découvrait par saccades. »
Il n’y a pas de femme dans la vie de Chevalier, pas qu’on sache en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Probablement que je n'aurais pas lu ce premier roman sans les 68 premières fois... et j'y aurais perdu un moment d'intense plaisir, une lecture douce et enveloppante qui a déposé tout un monde à mes pieds.
Ce monde c'est celui de Chevalier et des quatre jours qui font basculer son existence. Un homme taciturne, obstiné, accommodant au point parfois de s'oublier pour rendre service aux autres, fier d'être reconnu comme le meilleur mécanicien de son usine même si cela l'oblige parfois à travailler en dehors de ses horaires, assez satisfait finalement de son existence dans ce petit village où il connait tout le monde. Il vit paisiblement en apparence même si, derrière cette façade, le manque de tendresse lui pèse. Mais,contrairement à son ami Ségur le volage, il n'a jamais su s'y prendre avec les femmes ! Résultat ? Il est seul et se contente des visites de Claudie, l'infirmière, son amour déçu avant que d'être dit.
Mais un Chevalier doit forcément trouver une Princesse à sauver et c'est ce qui arrive un samedi soir où il devient un héros en sauvant trois passagers d'une voiture accidentée. Parmi eux, une jeune fille qui disparaît puis réapparaît. Une fille de prince africain qui est aussi une fée puisqu'elle parvient, l'air de rien, à tout chambouler dans la vie bien rangée de Chevalier... comme si elle le réveillait d'un long sommeil et l'amenait face à des choix qu'il n'aurait jamais pensé faire. le monde entier est à sa portée.
Fondamentalement humaine, l'écriture de François Bugeon accompagne ces vies ordinaires et singulières, nous en fait ressentir intensément les moindres frissons, les infimes vibrations. Concentré sur quelques jours, le récit se noue et se dénoue sur des péripéties quotidiennes qui par la magie de l'écriture et de la construction deviennent des aventures fabuleuses. On s'attache aux personnages, on s'inquiète de leur présent et de leur devenir, on les accompagne sur un chemin qu'ils défrichent en avançant et on aime vivre à leurs côtés le temps de cette lecture délicieuse de bienveillance, de tendresse rentrée et d'amitié silencieuse.
Un roman lumineux !
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Le monde entier de François BUGEON

Chevalier est un homme, tout ce qu'il y a de plus tranquille. Il est célibataire, vit dans une petite maison mitoyenne à la campagne, avec pour voisin un vieil homme avec qui il discute le soir. Il a des amis d'enfance avec qui il reste lié.
Un soir, Chevalier, en rentrant d'une balade en mobylette, sauve 3 personnes coincés dans une voiture accidentée. Il se réveille à l'hôpital, où il apprend que sa mobylette n'a pas été retrouvée sur les lieux de l'accident et qu'il n'y avait que deux blessés quand les secours sont arrivés.
Quelques jours plus tard, son ami d'enfance, Ségur lui ramène sa mobylette, puis revient avec une jeune fille d'une vingtaine d'années, noire, qui s'avère être la troisième personne de la voiture accidentée. Chevalier l'héberge chez lui…
Alors mon imagination se met en route : Chevalier va-t-il avoir une relation avec cette jeune fille étrange ? Pourquoi cette jeune fille se cache-t-elle ? Quel mystère entoure cette jeune fille ? Et, rien de tout cela ! Les pages tournent, et je découvre que Chevalier est un homme sans histoires, que sa vie tourne autour des histoires des autres. Son ami Ségur, apparemment sans histoire, a son histoire, son amie infirmière aussi, mais pas lui ! Chevalier est l”oreille compatissante, le bon ami de tous. Quand à la jeune fille, je n'en dis pas plus, mais est-elle aussi mystérieuse que l'auteur nous le laisse présager ?

Au premier abord, la couverture ne me donnait pas envie d'aller vers le livre, mais le contenu s'est avéré être un régal.
C'est un roman bien écrit que nous livre cet auteur. Un roman banal, avec une intrigue qui n'en est pas une, mais qui donne un réel plaisir de lecture.
J'ai aimé la construction de ce roman, avec sa part de mystère qui laisse vagabonder l'imagination et qui finalement ne révèle rien !

Un très bon premier roman qui pourrait devenir le “chouchou” des 68 premières fois !

Extraits :

Chevalier entra dans le bistrot. Il n'y allait pas si souvent, enfin, plutôt deux fois qu'une s'il y avait de quoi, des copains ou l'air du temps qui s'y prêtait, mais il n'était pas un pilier de bar, n'en sortait jamais bourré, et d'ailleurs n'y allait pas spécialement pour boire. Pour lui, le café était comme une cuisine à l'échelle du village, dans laquelle on pouvait se retrouver pour parler de rien et se tenir au chaud, comme une famille avant le souper.

Il n'y avait pas beaucoup de tendresse entre sa mère et lui, le sentiments avaient dû être lessivés avec le reste, avec le linge des gens pour qui elle faisait le manage, ou avec celui de la famille, des trois filles et du père mort depuis vingt ans et qu'on regrettait sans regretter, vu qu'il buvait.

Il avait gardé ce goût pour la sieste d'été, s'allongeait n'importe où après le déjeuner, entre deux caisses au travail, dans son lit chez lui ou mieux sur l'herbe à l'ombre d'un arbre quand il faisait beau. Il dormait vingt minutes et sortait de là frais comme un gardon, satisfait du repos bien fait, se foutant pas mal des commentaires rigolards de ceux qui bossent, eux, ou qui lisent pendant ce temps. Il disait qu'il trouvait son bonheur dans la sieste, et que personne ne saurait le lui reprendre.

Ségur lui avait dit ce que c'était d'être amoureux, comment ça le réveillait en pleine nuit sans qu'il puisse se rendormir. Il lui avait dit le goût de ferraille dans la bouche que ça fait quand quelqu'un vous manque, qu'il est tout prêt mais qu'on ne peut l'approcher parce qu'il y a ses gamins, ou parce qu'il y a le mari quand les gamins n'y sont pas, ou la famille, les gens qui passent. Ségur avait dit aussi qu'elle l'aimait de la même façon, peut-être plus encore, et Chevalier avait vu à son visage grave que ce ne devait pas être une invention.

Ce qui était remarquable, selon Chevalier, ce n'était pas qu'ils soient amoureux, mais que Ségur soit amoureux de quelqu'un. C'était le dernier qu'il imaginait s'attacher un jour à une femme, à accorder du prix à ses sentiments.



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Ce livre, pas si facile à "apprivoiser", me fait écrire que j'ai eu raison de suivre L'insatiable Charlotte dans sa folle aventure. Je ne pense pas que j'aurais emprunté ou acheté "Le monde entier". Les premières pages ne m'ont pas immédiatement plue mais motivée par le challenge "les68premièresfois", j'ai continué ma lecture et le charme a opéré. Un charme discret, insidieux, un style en apparence sans grand relief et au détour d'un paragraphe, une phrase d'une sublime intensité.

L'histoire se déroule sur trois jours, trois jours qui vont changer le cours de l'existence de Chevalier. Ce quadragénaire célibataire promène sa solitude sur sa mobylette. Il sillonne toujours les mêmes routes, pour aller au boulot ou au café, pour se rendre dans son petit jardin ou à l'étang pour pécher avec son ami Ségur. Il se satisfait de son sort, de sa vie circonscrite dans un minuscule périmètre. Il aurait peut-être aimé voyager mais n'a jamais bougé. Il aurait peut-être pu épouser Claudie, son amour de jeunesse mais il ne s'est jamais déclaré. Il est pépère avec sa mobylette, son potager et son chat à gratouiller. Pépère oui, heureux, c'est une autre question qu'il évite soigneusement de se poser.

Un samedi soir d'août, sur sa route, il découvre une voiture dans le fossé. N'écoutant que son courage, inquiet à l'idée que le véhicule ne s'enflamme, il porte secours aux passagers : un homme et deux femmes. Sa mission accomplie, il laisse son corps s'exprimer et s'évanouit, terrassé par ses blessures. Il se réveille le lendemain à l'hôpital. Il ne le sait pas encore mais sa vie ne sera jamais plus comme avant. Chevalier apprend tout d'abord qu'une des passagères n'est jamais arrivée jusqu'à l'hôpital. Elle s'est fait la malle avec sa mobylette, sa veste et son porte-feuille. Il a à peine le temps de tempêter sur l'ngratitude humaine que Ségur lui ramène à la maison sa Mobylette et aussi une jeune fille noire, la "voleuse" qui a l'air complètement perdue et ne dit pas un mot. Sans qu'il comprenne vraiment pourquoi, il prend la décision de l'héberger. La maison, alors, prend une autre dimension. Elle devient un abri pour oiseau tombé du nid. Elle acquiert une âme, s'anime. Rapidement, le papy qui habite le logement mitoyen, opère un rapprochement stratégique. Les deux hommes vivaient côte à côte sans rien partager. Une jeune fille "leur tombe dessus" et voilà qu'on sort la table de jardin, les chaises et le parasol, que l'on équeute les haricots pour préparer un repas à partager tous les trois. Ce qui est terrible quand on commence à s'ouvrir aux autres, c'est l' effet "boule de neige". On commence à parler, à se confier, à se demander si la solitude n'a que des vertus...

Un personnage profondément attachant, un univers proche de celui de Marie-Hélène Lafon
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Décidément, j'aime beaucoup les éditions du Rouergue. Les auteurs ont un supplément d'âme qui nous offre toujours de jolies histoires. François Bugeon ne déroge pas à la règle et son premier roman "Le monde entier" est un véritable régal.
Chevalier, son personnage principal, mène une vie d'une grande banalité, monotone et bien pauvre. Il n'a pas de femme dans sa vie et s'il a encore sa mère, pas de tendresse de sa part. Alors, il passe sa vie à mobylette pour se rendre au travail, dans une usine, à la pêche avec son ami Ségur, au café. Il côtoie ainsi tout un petit monde d'une grande simplicité : son voisin, une infirmière dont il a été amoureux, la patronne du bar… jusqu'au jour où un accident le transforme en héros et fait basculer sa vie. C'est à ce moment précis que le livre commence.
François Bugeon s'y entend pour envelopper ses personnages de tendresse, d'empathie, d'intérêt. Son écriture, délicate, légère et sans fioritures traduit parfaitement la modestie de chacun. Nulle ostentation dans ces lignes qui se déroulent comme un long fleuve tranquille, mais nous apportent un grand bonheur de lecture.
Et l'existence continue sans apparent changement malgré les mutations intérieures de Chevalier qui, parce qu'une jeune fille différente vient s'installer chez lui, parce que son ami pêcheur n'est pas obligatoirement celui qu'il pensait, va oser prendre un tournant, choisir un chemin différent, continuer à penser aux autres, certes, mais à lui aussi.
Finalement l'auteur, céramiste, modèle son récit comme de la terre par gestes amples et doux, par touches raffinées, par caresses effleurées. Au bout du compte, j'ai découvert une histoire délicieuse, infiniment humaine, généreuse et bienveillante qui me laisse dévariée* mais heureuse.
Je crois bien qu'il s'agit là d'un coup de coeur.

*Dévariée : terme employé dans la région de Montpellier, d'origine occitane qui signifie : bouleversée, troublée, chamboulée
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Quelle jolie découverte que ce Monde entier, premier roman de François Bugeon que j'ai découvert grâce aux 68 premières fois ! Un de ces petits livres tout simples au personnage si attachant qu'on aurait envie de le faire découvrir tout autour de nous. Il s'appelle Chevalier, c'est tout, parce que c'est ainsi que tout le monde dit depuis toujours. Il n'y a guère que sa mère qui utilise son prénom, mais sa mère... Chevalier le solitaire qui chevauche sa vieille mobylette dès qu'il fait beau et qui un soir se mue en héros pour tout le village en extrayant d'une voiture accidentée trois personnes, au bord d'une route.
Cet accident marquera le début du reste de sa vie. Lui le solitaire, célibataire endurci, accueille chez lui la jeune fille qu'il a sauvée et qui s'est enfuie pendant qu'il perdait lui-même connaissance, blessé pendant le sauvetage et épuisé de douleur. Dans les quelques jours qui suivent, c'est tout son monde bien réglé qui bascule, révélant les non-dits, les secrets bien gardés, les blessures de ceux qui entourent Chevalier. C'est un monde de taiseux qui gravite autour de notre héros, lui-même est peu disert. et dans le village, chacun s'occupe de ses affaires sans trop regarder chez le voisin. Il a bien quelques amis : Flavio avec qui il partage le goût du jardinage. Ils se connaissent depuis toujours mais peuvent travailler l'un à côté de l'autre deux heures en échangeant à peine plus de trois mots. Gervais, son compagnon de pêche, à la réputation d'alcoolique et de tombeur. A la pêche, on ne parle pas. Cela ne veut pas dire qu'on ne partage rien : une présence, un plaisir commun, une amitié qui se passent de mots. Il y a bien aussi Sidonie, qui tient le bar du village. Et Claudie, l'infirmière, dont Chevalier a longtemps été secrètement amoureux. Et puis la mère de Chevalier, vieille femme, qui ne sait pas trop comment l'aimer et n'a même jamais voulu mettre les pieds dans la maison de son fils. Solitaire mais pas seul. Et prêt à beaucoup pour ceux qui l'entourent, même s'il n'avait pas vu Gervais changer, même s'il ne s'est jamais vraiment intéressé à sa voisine, même s'il remarque pas les regards de Sidonie.
Connaît-on vraiment les gens au-delà de ce qu'ils veulent bien nous montrer ? Chevalier ne s'était jamais posé la question mais quand soudain tout vacille autour de lui, notre homme aux habitudes bien ancrées se dit qu'après tout, il faut "bien bouger de temps en temps dans sa vie"...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il n'avait su ce que les femmes voulaient, n'avait jamais osé voir les messages qu'elles pouvaient lui envoyer, ni projeter en elles ses propres désirs. Il se doutait bien, pourtant, que certaines avaient tenté de lui faire savoir qu'elles le trouvaient à leur goût. Sans vouloir ressembler à Ségur, il aurait aimé, lui aussi,savoir reconnaître ces petits signaux qu'elles destinent aux hommes quand elles sont disposées à leur plaire.
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Claudie lui répondit que ce n'était pas étonnant, que c'est comme ça les vieux gars, que ça ne parle jamais de ce qui leur tient à coeur.
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Elle lui expliqua qu'il valait mieux le laisser en paix, qu'on ne veut pas voir grand monde de son vivant quand on a voulu ne plus voir personne dans la mort.
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En réalité, c'était le besoin de comprendre, l'urgence de savoir ce qui avait transformé à ce point son ancien amoureux, qui l'avait conduite jusqu'au jardin malgré sa peine.
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Ce n'était pas la couleur de sa peau, son histoire, son âge ou son milieu qui la rendaient différente à leurs yeux, mais sa façon d'être et de penser.
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