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Ce recueil de poèmes de Charles Bukowski a été initialement publié en français en 1992. Cette traduction de chez Grasset est désormais épuisée depuis belle lurette et fait l'objet d'une abjecte spéculation sur le marché de l'occasion. Quelques poèmes seulement, parmi la collection de soixante-quatre que compte l'ouvrage, se retrouvent dans la compilation intitulée Avec Les Damnés. Il y a donc un vide éditorial et c'est d'autant plus dommageable que c'est du bon, voire du très bon Bukowski. Il fait vraiment montre ici d'une grande dextérité pour l'écrit court. (La dénomination de " poème " est peut-être un peu trompeuse, mais je ne souhaite pas me lancer dans un débat sans fin à propos de ce qu'est ou de ce que n'est pas la poésie. Écrit court ne me semble pas péjoratif.) On y retrouve Bukowski tel qu'en lui même : dépravé, délabré, ivrogne, libidineux, irrespectueux, jouisseur, pitoyable, et tout ce qu'en général ses détracteurs lui reprochent. Mais on le retrouve également extraordinairement lucide et sensible, avec toutes ses fissures qui le rendent magnifiquement humain. Selon moi, un vrai écrivain, quoi qu'en disent ou en pensent certains. Bien évidemment, Charles Bukowski touche aux limites de quelque chose et donc, ne peut pas être grand public, ne peut pas plaire à tout le monde ; mais il a un côté authentique et très personnel dans lequel certains se retrouvent littérairement parlant. Personnellement, sans être une fan absolue, j'aime beaucoup et je continuerai à lire Bukowski. Bien entendu, ceci n'est qu'un avis flûté utilisé comme un instrument à percussion, c'est-à-dire, bien peu de chose. + Lire la suite |
Qui était John-Antoine Nau, lauréat en 1903 du premier prix Goncourt ? Un aventurier comme il n'en existe plus, autant chez lui à San Francisco qu'en Martinique. Un poète féru de liberté et ivre d'indépendance.
Un romancier qui envoie le manuscrit vainqueur – "Force ennemie" – à compte d'auteur et ne daigne pas aller chercher sa récompense. Nau est l'anti-Goncourt par excellence. Alors qu'on le sacre, il est installé dans le cabanon du peintre Paul Signac au coeur de la baie des Canoubiers.
Entre une partie de pêche et la minutieuse préparation d'un dîner de gourmets, il expose à une pittoresque bande d'amis sa conception du Beau et son abjection pour les cénacles de littérateurs qui, sans cesse, complotent dans les antichambres. Goncourt originel et personnage absolument romanesque, John-Antoine Nau méritait bien un roman.
En écho à l'aveu de Huysmans, président de l'académie : « C'est encore le meilleur que nous ayons couronné ! ».
Cédric Meletta est l'auteur de "Jean Luchaire. L'Enfant perdu des années sombres" (Perrin), "Tombeau pour Rubirosa, un roman" (Séguier), "Diaboliques" (Robert Laffont) et en 2020, aux éditions du Rocher, "Les Bukoliques", récit littéraire autour de Charles Bukowski.