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Gérard Guégan (Traducteur)
EAN : 9782253143840
315 pages
Le Livre de Poche (01/02/1998)
3.91/5   1092 notes
Résumé :
C'est en 1967, dans le magazine anticonformiste Open City, qu'un poète presque inconnu commença de publier une chronique régulière. Avec une brutalité rarement égalée, doublée d'une superbe indifférence au scandale, il y exprimait sa révolte contre la société américaine, le pouvoir, l'argent, la famille, la morale. L'alcool, le sexe, les échos d'une vie marginale et souvent misérable y étaient brandis comme autant de signes de rupture...

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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1092 notes
Mon père me racontait des tas d'histoires, mais surtout comme un bon papa : il m'enseigna l'art du nichon bien léché, l'art de la vulgarité sans poésie, sans talent, brut de biture, une binouse à portée de bouche, biberonnant du réveil au soleil couchant, quelle descente, quel enfer, quel enculé…

Un week end sur deux, la décision du juge était légitiment juridique, peu importe le bon sens, c'est ton père qu'ils disent tous ces fous… donc au nom de la putain de loi de sa mère, je devais aller écouter un ramassis de conneries, lui titubant, d'un pas mal assuré, la langue bien pendante, il déambulait au grès des grammes qu'il ingurgitait, m'éduquant tout bien comme il faut pas :

« un gramme dans chaque poche qu'il disait, je suis fait comme rat ma biche… » la chute était violente, le sol bien bas, la dignité envolée, alors la fierté dans ton cul lulu :

 lulu, une belle salope aussi, mais une chatte bien faite, bien grasse, bien dégueulasse, donc mieux valait passer par derrière pour et ignorer ce doux visage qui donne soif, encore un verre pour oublier l'horreur d'un physique si disgracieux, mais la bite n'a pas yeux, elle s'enfonce mollement, pourvu que ça glisse entre ses cuisses si juteuses, m'enfin peut-être bien que c'était du pipi, je voie tout flou à cette heure si matinale, et puis merde rhabille toi Simone, j'ai un fils a élever moi, je suis un irresponsable, responsabilisé par la frigidité de sa mère… »

J'ai toujours voulu changer de papa, moi fils d'une salope qui voulait pas baiser, enfin si un peu mais que le mardi qu'il disait…mais maman était de l'avis que je n'avais qu'un papa, aussi tout pourrie qu'il peut être, elle qui avait retrouvée l'amour fou au près d'un trouduc peut-être encore pire… mais plus beau que père qu'il était, plus ivrogne au fil des années qui défilaient jusqu'à s'enfoncer dans les profondeurs de l'alcool à volonté…

ah l'Amourrrrrrrr…

enfin divorce...

Alors je comprends le Bukowski, je sais causer le Bukowski, avec sa bite tordue qui fait de la poésie, ce mec d'une culture prête à faire bander les plus sobres d'entre nous, libre comme l'air, chavirant de bar en bar, d'aventure en aventure, culbutant le glauque, le sale, cet anti héros à la prose si vulgaire qui se fait tant tripoter, mais qui me fait surtout bien marrer, c'est tellement ironique et cynique… mais comment peut-on apprécier autant d'insanités ? de délires alcooliques ?

Et bien sans jamais se prendre au sérieux… Ce que je fais de mieux, rien à foutre de toutes ces conneries, moi l'inculte toujours sobre et névrosé de part mes parents d'amour, tout juste capable de pondre des avis avec vulgarité, mais pas traumatisé pour un cul, ça non, mais je voulais vous mettre dans l'ambiance d'un Bukowski, sans vous tromper sur ce que vous allez y trouver…

Car c'est pire, moi je ne vous ai pas raconté quand j'allais chier… Lui oui..

- Allez papa on rentre
- Putain il n'est que 2 heures ma biche
- Mais papa je suis fatigué
- Oui mais j'ai envie de la sauter la lulu, alors occupe toi tu veux ma biche

C'est que à 9 ans je fatiguais vite voyez-vous ! ou peut-être 7 en fait ou 8 ans, merde je ne sais même plus trop tellement qu'il était torché le con...

A plus les copains et n'oubliez pas 'alcool est dangereux pour la santé, donc avec modération… par contre le sexe c'est à volonté…

Mesdames…
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Avant de lire Bukowski, j'avais envie de devenir quelqu'un de bien. Mais dois-je croire que l'envie n'était pas si tenace que cela qu'il me fallut seulement lire ces quelques nouvelles (ô combien brillantes et délirantes) pour réaliser que je n'avais absolument pas envie d'approcher le feu sacré et de finir comme ces « suceurs de bites, artistes, peintres, médecins, proxénètes, bérets verts, plongeurs, dentistes, trapézistes et ramasseurs de fruits ». L'habit ne fait pas le moine, certes, même si le pécule semble proportionnel à certaines tenues enfilées mais enfin, à quoi sert l'argent quand on peut très bien passer des semaines sans manger –à condition cependant de se goulasser le sacré feu éthylique dans l'oesophage. Ainsi pourra-t-on même continuer à jouir de coulées de bronze d'une vigueur exceptionnelle : « figurez-vous que, bien que n'ayant pas fait un seul repas depuis des siècles, une irrésistible envie de chier venait de s'emparer de moi ».


Dans sa théorie du King-Kong, Virginie Despentes ânonnait : « J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf », ceci dans l'espoir de réconforter les catégories sus-citées en leur faisant croire que si on ne les baisait pas, ce n'était pas de leur faute mais de celle d'une société mal foutue. Charles Bukowski n'a aucune prétention lénifiante. Il ne cherche à réconforter personne, pas même lui-même. On peut baiser quand on veut si on le veut, suffit de fréquenter les bons endroits. On peut aussi ne pas baiser si on veut, veuve poignet restant toujours fidèle au poste et se rappelant que, certes, « le sexe ne manque pas d'intérêt, mais il est de moindre importance qu'on ne l'imagine. Je m'explique : comparé à la défécation, il fait (physiquement) pâle figure. Un homme peut vivre jusqu'à 70 ans sans tirer un coup, mais qu'il ne pose pas sa pêche d'une semaine et le voici qui meurt ».


Imaginons une rencontre entre Virginie Despentes et Charles Bukowski. Buko, c'est certain, lui aurait demandé d'où lui venait cette rage à se battre pour une activité de moindre intérêt (qui ne devrait en tout cas pas remettre en cause notre identité) : es-tu sûre de vouloir baiser à tout prix, te faire bien baiser, continuer à croire que de la baise il en ira de ta fierté ? Rappelons que « le sexe est un goulag », une « bouillie visqueuse » qui a un « goût d'amertume, de synthétique, d'angoisse, et de yaourt périmé ». Mais c'est encore le moins dégueulasse de ce qu'il y a dans la vie (après la littérature et l'alcool), alors si Despentes n'avait pas lâché le morceau, continuant à tambouriner la haine sur le tambour de ses mamelles, Buko l'aurait bien embrochée dans un coin, lui tenant à peu près ce doux, sirupeux et lubrifiant langage : « ma poulette, dans la minute qui vient, je m'en vais t'arracher ta petite culotte et te montrer un engin de levage dont tu te souviendras jusqu'au tombeau. J'ai un énorme pénis, recourbé comme une serpe, grâce à quoi plus d'une chagatte désabusée en a eu le souffle coupé avant de recracher la purée sur mon tapis totalement indifférent bien que grouillant de cafards. Mais laisse-moi d'abord finir ce verre ».
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Hier, sur l'emballage du PQ, j'ai vu qu'il était inscrit :
« Toute votre peau a besoin d'amour ».
Ah !
Puisque je me torche le cul avec amour, je vais normalement aimer écouter un mec torché parler de cul.
C'est parti pour du Bukowski.


Bon, au début, j'ai eu du mal à accroché. Gênée par le style décousu ?
Non, pas vraiment, mais il s'agit de chroniques parues dans un journal.
Certaines sont d'un autre temps.
Je n'ai pas eu la culture nécessaire pour entrer dans le contexte pour plusieurs d'entre elles.

Difficile aussi de trouver le bon rythme de lecture.
Tout à la suite ne convient pas forcément. Mais effectivement une fois dedans, autant y rester un peu.
Au bout d'une centaine de pages, je ne l'ai finalement plus beaucoup reposé. Cela m'a semblé plus narratif et plus personnel à partir de ce moment.

On peut reprocher à Bukowski son exagération : c'est très vulgaire, ça parle de cul, de merde…
Oui, mais plus nombreux sont ceux qui exagèrent dans l'autre sens : feignant de croire que ça sent bon jusque dans les chiottes parce que pour eux « puer » est déjà un « gros mot »…
Alors cela rétablit un peu l'équilibre de la balance !



En ambiance musicale pour commencer à écrire cette critique, je ne pouvais rater cela et je ne résiste pas à la mettre en entier :

« Elle était grasse et bien dodue
J'l'ai branchée ouais dans la rue
J'l'ai trainée dans un p'tit coin
Et là j'lui ai dit "Allez viens"
Oh tripote-moi la bite avec les doigts
Oui tripote moi la bite avec les doigts

Alors elle a dit "Ouais et ta soeur?"
J'lui ai dit "Ouais barre moi le beurre"
Tripote-moi la bite avec les doigts
Alors elle a dit "pourquoi pas?"
Elle s'est jetée sur moi
J'étais aux anges,
Tout bon pour la vidange
J'voyais plus que ses yeux
J'l'avais raide ouais comme un pieu
Alors la bouche en coeur
Elle a sorti son cutter

La bouche en coeur
Elle a sorti son cutter

Et d'un coup ça a sarclé
J'ai vu mon sang pisser
OOh

En se retroussant les babines
Elle a bouffé ma pine

OH NON
OH la putain!

La morale de cette histoire
C'est que si tu sors ton braquemard
Mets-toi une capote en fer
Si tu veux pas que ta bite aille en enfer »

(« Tripote-moi la bite avec les doigts » chanson de fin de soirée de Mano Solo, que je suppose inspirée par une chanson paillarde intitulée « La p'tite Huguette », dont elle reprend le « refrain »)

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Un gros mot pour m'exprimer ! Me dis-je les yeux grands ouverts, sourcils remontés jusqu'à la racine des cheveux, bouche en O. Je ne parle pas des poèmes, j'ai bien compris que Bukowski en avait écrit une gigantesque malle, mais de ses chroniques fulgurantes publiées dans le magazine américain Open City, fin '60. Ces textes ont été rassemblés pour notre plaisir à tous dans un recueil. le partage de « son état de fureur permanente ou de son humeur chagrine » (p218). Voici le carnet d'un bourlingueur dans une version simili clochard.

Je me serais pris une belle planche sur le faciès si l'auteur avait su que je plaquais sur Word ce que je pense de lui avec Stromae bourré s'échappant de mon casque audio. Mais bon, je ne risque rien de la version papier de monsieur Bukowski. Paix à son âme. le chanteur est bien là, le volume maintenu entre nuit et jour. Et puis, chacun son truc. Pour moi, ils sont tous les deux des artistes formidables
.
Dès les premières pages, j'ai été frappé par le débit de mots, par la spontanéité et la ponctuation. Déçu par l'abondance de virgules et quand un point s'imposait courageux en fin de phrase, la fatigue revenait en courant empêchant un réveil miraculeux de majuscules. La première chose que je me suis dite : vade retro style précipité, désordonné et récupéré par un mage pour rassembler 300 pages sur base d'un nom connu.

Que nenni. Ma première réaction trouve son explication en fin de bouquin. Les ultimes précisions de Gérard Géant. Oups. Lapsus ? C'est Guégan. Gérard de son prénom. Je vous prie de croire, Monsieur, l'expression de mes plus plates excuses. Donc la typographie, terme exact, était évidemment réfléchie. Explication.

Bukowski était un iconoclaste (p335). Mais oui, j'ai regardé la définition : retenez une personne qui s'oppose aux valeurs traditionnelles. Les années soixante, changement des moeurs, le sexe, la musique, la politique et le mouvement littéraire également. Poussé par Kerouac (que Bukowski appréciait), Ginsberg et Burroughs (ce que Bukowski en pensait, je vous laisse imaginer la réaction de Charles si vous aviez eu l'occasion de lui offrir un coca-cola). Donc pendant la libération de la pensée, Bukowski marquait son désaccord des valeurs patriarcales rigides jusque dans les mots comme Pouvoir, Devoir, Gouvernement, Réussite, Armée. La majuscule conférait une certaine grandeur… Voilà pourquoi !

Je me suis encore perdu. Ah ben ! N'est pas chroniqueur qui veut. Je commence à le comprendre. Je m'écroule sous le poids de ce que je dois libérer. Conséquence d'une prose énergique aux répercussions cataclysmiques sur un innocent surgit de nulle part. Une prose qui après son passage enflammé — telle une comète qui file à ras de notre sol tranquille, notre terre aux espaces cultivables verdoyants et aux senteurs magiques — qui après un passage révolté ; ne me laisse qu'une respiration suffocante, et… il faut que je m'en remette. C'était surpuissant. Il ne reste plus rien des cultures, un horizon noir flottant, un tout complètement cramé. Je vois une mouche qui chute entre mes deux pieds : BZZZZ ; elle cuit sur le coup : FSCHHHH !

Silence total. La comète Bukowski est passée. Je garde le souvenir de sa lumière éblouissante. Hips !

Dans l'ouvrage, LES RENCONTRES d'époques, visez un peu : Neal Cassidi (le compagnon de route de Kerouac), peu de temps avant sa mort. Des pages précieuses : (p 39-44)
« Jack Kerouac n'a fait que son métier d'écrivain, ce n'est pas lui qui a enfanté Neal, mais la mère de celui-ci. quoique, pour avoir fait son métier, Kerouac l'a démoli, qu'il l'ait ou non cherché. Neal dansait maintenant en tête à tête avec l'Éternité. la vieillesse, la souffrance, toute cette chiennerie se lisait sur son visage, alors que son corps était le corps d'un gamin de 18 ans. » (P40)

Kerouac (p45-53) : un individu toujours entier, impulsif, franc qui dénigrait Bukowski : « il sue l'ennui et le lieu commun. à croire qu'il n'a jamais écrit tous ces recueils de poèmes. sans doute qu'il a trop longtemps marné à la poste. il est sur la pente descendante. ils lui ont sucé les neurones. qu'ils soient maudits. » Et pourtant, il lui reconnaissait un grand talent : « reste qu'il est toujours un maître, un maître indiscutable. » (p46) Bukowski l'admirait : « et bien que je me sente encore d'humeur maussade, JE ME PÉNÈTRE de l'énergie de cet homme, SON ÉNERGIE, si bien que je me raconte que je suis sans aucun doute en train de déambuler aux côtés d'un des rares génies de la vraie poésie contemporaine. » (p49)

Ce que Bukowski n'aimait pas chez Jean Genet, Allen Ginsberg, Williams Burroughs : « Burroughs est un écrivain particulièrement soporifique et, sans le soutien de ses relations dans le monde de la pop-littérature, il ne vaudrait pas un clou, comme Faulkner d'ailleurs qui n'est qu'un petit tas de nullité, excepté pour les extrémistes sudistes, les très raides misters Corrington, Nod et Mange-Merde » (p52). Ou encore en page 101 : « or ces écrivains sont finis, ils ont sombré dans la mollesse, la répétition, la nullité, ce sont désormais des femmelettes… l'écrivain qui s'affiche dans la rue se fait sucer sa substantifique moelle par les imbéciles. il n'y a qu'une chose qui convienne à l'écrivain : la SOLITUDE devant sa machine à écrire. un écrivain qui descend dans la rue est un écrivain qui ne sait rien de la rue. »

Vous l'aurez compris, il avait un regard affûté, un mot tantôt salvateur, tantôt poétique pour tout le monde.

Une période ou le talent était florissant ? Ou était-ce juste l'émancipation des idées qui permit l'utilisation du verbe moins académique, moins classique, plus noire, plus réaliste, une langue franche sulfureuse, percutante, piquante ? C'était la rupture. Fin d'un style, la littérature du XIXe siècle. Et début d'une littérature plus libre et décomplexée (merci l'émission d'Arte http://www.arte.tv/guide/fr/047586-000/beat-generation qui m'a permis de me situer) : la Beat génération. Des auteurs de talent influencèrent le monde littéraire, ceux-ci donnèrent l'impulsion du changement catégorique. Depuis, beaucoup prétendent qu'il ne se passe plus grand-chose. Les auteurs essaient, mais n'apportent pas de nouveautés. Les livres sont souvent moins éloquents, moins surprenants au profit d'une masse de titres plus vendeurs, plus populaires.
« Journal d'un vieux dégueulasse » vous plonge dans une ambiance marginale corsée. Surprenant et très riche. Autant pour l'inventaire des bouteilles, de pack de 6 que l'auteur a pu ingurgiter, autant pour sa perspective du monde qui le saoulait. Charles B. allait de ville en ville, vivait dans un appartement, une cabane, une chambre, un studio, une ruelle… Il était témoin de l'extase qui animait le monde lors des matchs de base-ball, de boxe, les joueurs de poker autour d'une table et les parieurs des courses épiques. Tout l'inspirait.

Même si cela faisait partie de Bukowski, il est important de faire fi de son comportement étrange, de sa vulgarité quasi constante. Afin de se rendre compte qu'il ressortait de lui une capacité narrative luxuriante, ce qui le classe encore aujourd'hui comme un chroniqueur redoutable et d'une grande lucidité. C'était un humaniste. Dans ce recueil de textes, son exagération est le décor d'un raconteur d'histoire, celui d'un accusateur d'une époque changeante et en transe. Un homme intelligent qui critiquait le révolutionnaire irréfléchi et le système démocratique. « nombreux sont ceux qui s'en vont répétant que la révolution est imminente, mais je détesterais qu'ils se fassent tuer pour rien. en clair, vous pouvez liquider pas mal de gens sans que la société soit liquidée. au pire, vous aurez perdu les meilleurs d'entre vous. et alors qu'aurez-vous gagné sinon un pouvoir qui s'exercera CONTRE le peuple ? une nouvelle dictature qui s'avancera tout de blanc vêtue ; et toutes ces grandes idées n'auront servi qu'à faire parler la poudre. »(P102)
C'était un dégueulasse calculé avec des propos surréalistes parfois. Tout ce mélange : nécrophilie, suicide, sexe, alcool, drogue, bisexuel, homo, hétéro, femmes, jeunes, vieilles ; tout appartient à la noirceur des années d'errances de Bukowski. Après son enfance difficile, avant d'être publié sérieusement. Tout donne un résultat hors normes. Dans le même ton, pour ce genre d'attitudes et de compositions je préfère ces sujets intégrés dans un roman. Pour savourer une histoire plus aérée et surtout pour un plaisir prolongé. Comme John Fante l'a brillamment fait. D'ailleurs, Bukowski en parlait et fut fortement influencé par l'auteur de «Demande à la poussière ».

C'était un érudit, un affamé, et surtout un assoiffé, triste, qui s'expatriait à travers ses écrits. Il possédait une maîtrise fine de l'humour mis sur un piédestal, il flirtait avec le fait divers glauque, vomissait la politique, décortiquait le sport et bousculait la culture avec effervescence. Il est capital de tenir compte de l'enfance du prodige, c'est ce récipient qui emmagasina sa matière, son inspiration, pendant des années. de là naquit l'image qu'il s'était donnée, « la position de l'homme frigorifié », à force de recevoir les coups d'affûteuse infligés par son père et sous le regard d'une mère indifférente. Rien n'avait plus d'intérêt. Ni paroles, ni pleurs. À en devenir presque un sociopathe. « vivre en Homme Frigorifié ne signifie pas en effet qu'on a perdu contact avec la réalité. nous cultivons l'indifférence que parce que toute autre attitude nous paraît dépourvue de sens » (p 315).

L'accumulation du silence a entraîné sa capacité d'observation vers des sommets. Sa folie retranscrite a provoqué la naissance de recueils et de romans exceptionnellement vrais et durs. En tout cas, c'est ce que j'imagine en regard de ma première lecture. Je suis convaincu que je retrouverais la même puissance dans « Women », un roman cette fois, qui m'attend sur ma pile de livres à lire.

Quand je suis arrivé à la fin du livre, j'avais un rubik's cube à reconstruire à la place du cerveau. Je venais de découvrir un mythe quelques siècles après tout le monde et j'allais certainement être redondant dans mon impression de lecture. J'ai décidé de faire semblant de ne pas m'en rendre compte et de vous partager quand même les 3 immenses pages (A4) de commentaires que j'avais entre les mains. J'ai passé un magnifique moment en compagnie de Bukowski. J'ai été très impressionné par son savoir-faire. Et pour une première lecture, il me semble que c'est l'ouvrage adéquat. En dehors de la poésie. Il m'a permis de cerner le personnage et l'atmosphère dans laquelle il trempait pour écrire.

Charles, désolé, mais tu es FORMIDABLE. À la tienne !

Pour ceux qui veulent aller plus loin et en savoir plus sur la vie de l'auteur. le site, en anglais, http://bukowski.net/ est fort bien nourri. La langue ne constituera pas une barrière pour visionner les photos (voir onglet « photos », les peintures (voir onglet « Art »), où encore une carte (voir onglet « Maps ») qui mentionne les endroits où l'auteur à habité. Pour le reste, il y a des lettres (correspondance avec traducteurs et autres. du peu que j'en ai compris dans les 2 piochées au hasard (voir onglet « Manuscripts » tout en bas de la page, listing des lettres), j'ai quand même reconnu le mot « bootle » = bouteille…). Vous pourrez voir des cartes postales, un forum, des manuscrits, ses poèmes, des documents du FBI vu qu'il était très surveillé ! Un travail de fourmi. Simple curieux ou fan, ça devrait vous plaire même si c'est en anglais.


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Bukowski, c'est un peu le copain à qui on peut tout dire, mais avec qui on n'a pas forcément d'être vu dans la rue. C'est sûr qu'il ne présente pas très bien, toujours bourré, hygiène douteuse, propos crus et directs qui feraient frémir plus d'un membre de la bonne société.

Mais Bukowski, c'est aussi celui qui vous oblige à creuser en vous-même. Et quand on se débarrasse de sa couche de conventions sociales, de sa couche d'hypocrisie, et qu'on arrête d'éviter de regarder quelques vérités gênantes, et bien on se rend compte qu'il ne reste pas forcément grand-chose, et que ce pas grand-chose n'est même pas supérieur à celui de Bukowski, qui lui au moins l'expose au grand jour.

Les textes sont parfois drôles, d'autres fois déprimants, souvent les deux à la fois, mais en tout cas ils frappent souvent où ça fait mal.
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Si vous désirez savoir qui sont vos amis, faites vous condamner à une peine de prison.
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«Certains ne deviennent jamais fous... Leurs vies doivent être bien ennuyeuses.»
[ Charles Bukowski ]

«Toi, tu es laid, et tu ne connais pas ta chance : au moins, si on t'aime, c'est pour une autre raison.»
[ Charles Bukowski ] - Extrait des Contes de la folie ordinaire

«La poésie en dit long et c’est vite fait. La prose ne va pas très loin et prend du temps.»
[ Charles Bukowski ]

«J’ai un projet, devenir fou.»
[ Charles Bukowski ]
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les femmes raffolent des imposteurs parce qu'ils savent embellir la réalité.
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la révolution paraît très romantique, vous savez. mais faut pas se gourrer. c'est du sang et des boyaux et de la folie, ce sont des gosses tués parce qu'ils passaient par là, des gosses qui ne comprennent foutre rien à ce qui se passe. c'est votre poule, votre femme qui se fait ouvrir le ventre d'un coup de baïonnette et se fait violer dans le cul pendant que vous regardez. ce sont des hommes qui torturent des hommes, les mêmes qui riaient aux dessins animés de Mickey Mouse. avant de commencer, décidez où se trouve l'esprit de la chose et où se trouvera l'esprit quand tout sera fini. je ne suis pas d'accord avec Dos. — CRIME ET CHATIMENT — qu'aucun homme n'a le droit de disposer de la vie d'un autre homme. mais il faudrait quand même un peu réfléchir avant. bien sûr, l'emmerdement c'est qu'eux ils ont disposé de vitre vie sans tirer une seule balle. moi aussi j'ai travaillé pour des salaires minables pendant qu'un gros cul violait des vierges de quatorze ans à Beverly Hills. j'ai vu des hommes se faire renvoyer parce qu'ils étaient restés cinq minutes de trop dans les chiottes. j'ai vu des choses dont je ne veux même pas parler. mais avant de tuer quelque chose soyez bien sûr d'avoir quelque chose de mieux pour le remplacer ; quelque chose de mieux que des politiciens opportunistes débitant leurs conneries haineuses dans les parcs publics. puisque ça va vous coûter les yeux de la tête, autant chercher à obtenir quelque chose de mieux qu'une garantie de 36 mois. jusqu'ici je n'ai encore rien vu d'autre que cette soif émotive et romantique pour la Révolution ; je n'ai vu aucun leader valable ni aucun programme réaliste qui nous assurerait CONTRE la trahison qui jusqu'ici a toujours suivi. si je dois tuer un homme, je ne veux pas le voir remplacer par une copie-carbone du même bonhomme avec la même façon d'agir. on a gâché l'Histoire comme une bande d'ivrognes joueraient aux dés dans les gogues du bistrot du coin. j'ai honte d'être membre de la race humaine mais je ne veux pas encore en rajouter, je veux en effacer un petit bout.
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- Allez ma belle monte la-dessus.
Je l'ai soulevé et, après lui avoir bien écarté les fesses, je l'ai posée au sommet du mât . Et cette vieille dame de 55 ans s'est empalée dessus, tout en me couvrant de baisers . Certes, on nageait dans l'horreur mais, je le répète , son corps de 18 ans était aussi ferme que le sein d'une jeune vierge, et il se balançait et ondulait comme un serpent ou, mieux encore, comme un papier peint hystérique qui prendrait tout à coup apparence humaine. (page 153)
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