AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de colimasson


Avant de lire Bukowski, j'avais envie de devenir quelqu'un de bien. Mais dois-je croire que l'envie n'était pas si tenace que cela qu'il me fallut seulement lire ces quelques nouvelles (ô combien brillantes et délirantes) pour réaliser que je n'avais absolument pas envie d'approcher le feu sacré et de finir comme ces « suceurs de bites, artistes, peintres, médecins, proxénètes, bérets verts, plongeurs, dentistes, trapézistes et ramasseurs de fruits ». L'habit ne fait pas le moine, certes, même si le pécule semble proportionnel à certaines tenues enfilées mais enfin, à quoi sert l'argent quand on peut très bien passer des semaines sans manger –à condition cependant de se goulasser le sacré feu éthylique dans l'oesophage. Ainsi pourra-t-on même continuer à jouir de coulées de bronze d'une vigueur exceptionnelle : « figurez-vous que, bien que n'ayant pas fait un seul repas depuis des siècles, une irrésistible envie de chier venait de s'emparer de moi ».


Dans sa théorie du King-Kong, Virginie Despentes ânonnait : « J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf », ceci dans l'espoir de réconforter les catégories sus-citées en leur faisant croire que si on ne les baisait pas, ce n'était pas de leur faute mais de celle d'une société mal foutue. Charles Bukowski n'a aucune prétention lénifiante. Il ne cherche à réconforter personne, pas même lui-même. On peut baiser quand on veut si on le veut, suffit de fréquenter les bons endroits. On peut aussi ne pas baiser si on veut, veuve poignet restant toujours fidèle au poste et se rappelant que, certes, « le sexe ne manque pas d'intérêt, mais il est de moindre importance qu'on ne l'imagine. Je m'explique : comparé à la défécation, il fait (physiquement) pâle figure. Un homme peut vivre jusqu'à 70 ans sans tirer un coup, mais qu'il ne pose pas sa pêche d'une semaine et le voici qui meurt ».


Imaginons une rencontre entre Virginie Despentes et Charles Bukowski. Buko, c'est certain, lui aurait demandé d'où lui venait cette rage à se battre pour une activité de moindre intérêt (qui ne devrait en tout cas pas remettre en cause notre identité) : es-tu sûre de vouloir baiser à tout prix, te faire bien baiser, continuer à croire que de la baise il en ira de ta fierté ? Rappelons que « le sexe est un goulag », une « bouillie visqueuse » qui a un « goût d'amertume, de synthétique, d'angoisse, et de yaourt périmé ». Mais c'est encore le moins dégueulasse de ce qu'il y a dans la vie (après la littérature et l'alcool), alors si Despentes n'avait pas lâché le morceau, continuant à tambouriner la haine sur le tambour de ses mamelles, Buko l'aurait bien embrochée dans un coin, lui tenant à peu près ce doux, sirupeux et lubrifiant langage : « ma poulette, dans la minute qui vient, je m'en vais t'arracher ta petite culotte et te montrer un engin de levage dont tu te souviendras jusqu'au tombeau. J'ai un énorme pénis, recourbé comme une serpe, grâce à quoi plus d'une chagatte désabusée en a eu le souffle coupé avant de recracher la purée sur mon tapis totalement indifférent bien que grouillant de cafards. Mais laisse-moi d'abord finir ce verre ».
Commenter  J’apprécie          513



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}