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Critique de Sarindar


On trouvera ici l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur la vie de Charles VII qui devint roi dans des conditions peu ordinaires : comte de Ponthieu, Dauphin après ses frères aînés qui décédèrent assez jeunes, dépossédé par ses parents, Isabeau de Bavière et Charles VI, après le mariage de Catherine de France avec Henry V de Lancastre, qui devait normalement devenir roi de France selon les termes du traité de Troyes signé en 1420, il revendiqua malgré tout la couronne de France à la mort de son père, Charles VI, car Henry V était décédé juste avant et Henry VI était encore mineur ; après une série de sérieux revers à Cravant et Verneuil, il eut la chance de pouvoir compter sur sa belle-mère, Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou, et sur l'aide non négligeable de Jeanne la Pucelle, qui empêcha les Anglais de prendre Orléans puis de menacer le royaume de Bourges où se trouvait le centre du pouvoir (il faut y ajouter Poitiers et les résidences habituelles du roi, Chinon, Loches, Angers, Yevre-le-Châtel, etc.)
Le sacre de Reims en juillet 1429 fit faire sa mue à ce roi qui, bientôt libéré du mauvais conseiller qu'avait été pour lui Georges de la Tremoïlle, et sa réconciliation faite avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon (paix d'Arras en 1435), put passer à l'action : reprise de Paris (1436) ; reconquête de la Normandie en 1449 et 1450 ; puis reprise de l'Aquitaine et entrée dans Bordeaux en 1453.

Il disposa pour ce faire d'une véritable armée permanente - les compagnies d'ordonnance qui lui permirent de mener une action militaire dans le temps - et profita des démêlés de l'épiscopat avec la papauté pour savoir si le concile n'avait pas plus de pouvoir que le pape - pour imposer à son clergé la Pragmatique Sanction. En matière de fiscalité, il rendit les "aides" - genre d'impôts - reconductibles d'année en année. Tout fut ordonné à la réussite de la reconquête de la France sur les Anglais. Pour Philippe Bully, auteur de cette belle et synthétique biographie, il fut le "roi des merveilles". Pour ses contemporains, il fut le Victorieux et le Bien Servi.
Et pourtant, il revenait de loin : car il avait d'abord été fort mal entouré par le Camus de Beaulieu, le sire de Giac et La Trémoïlle. Il donna trop facilement sa confiance à ces gens qui songeaient pour beaucoup à leurs propres intérêts et se priva longtemps des services d'un homme qui aurait pu lui être utile plus tôt dans ses entreprises, et ce fut le connétable Arthur de Richemont, qu'il n'aimait guère mais devait rentrer en grâce avec la mise à l'écart de la Trémoïlle. C'est en s'aidant de Jeanne la Pucelle, de Richemont, de Pierre de Brézé et de beaucoup d'autres qu'il fut le "Bien Servi". Il ne manqua pas non plus de s'appuyer sur "l'homme d'affaires" que fut Jacques Coeur, qui devint son Grand Argentier, mais à qui l'on prêta un rôle dans la mort suspecte de la maîtresse du roi, Agnès Sorel, et ce fut le prétexte que l'on saisit pour le déposséder de ses biens (il réussit cependant à échapper à une captivité trop longue et à la mort et parvint à prendre la clé des champs, gagnant le large et terminant ses jours sur une île de la Méditerranée).
Charles VII eut par ailleurs de sérieux ennuis avec son fils, le futur Louis XI, qui aurait aimé que son père, ne régnât pas trop longtemps pour rapidement exercer des talents dont il ne doutait pas dans la prise de décision politique et dans la conduite des affaires.
Les deux règnes ajoutés produisirent des miracles dont la France tira un grand avantage, car ils mirent tous les deux fin à des conflits désastreux : la guerre de Cent Ans pour Charles VII, l'élimination d'un ennemi de taille pour Louis XI avec la mort de Charles le Téméraire.
L'opposition du père et du fils n'empêcha pas, on le voit, la réalisation de ces grands desseins.
Philippe Bully nous donne une image très réaliste de la personnalité du roi et de son action. La chronologie est bien plus présente dans son ouvrage que dans celui de Philippe Erlanger, et cela ne gâche rien.
Un bon travail qui prépare utilement à la lecture de la biographie très détaillée de Charles VII signée quelques années plus tard par Georges Minois.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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