Du point de vue chrétien, l'alchimie était une sorte de miroir naturel offert aux vérités révélées : la pierre philosophale qui change les métaux viles en argent ou en or, est un symbole du Christ (...) Par son intégration à la foi chrétienne l'alchimie se trouvait spirituellement fécondée tandis qu'elle apportait à la Chrétienté une voie conduisant à la "gnose" à travers la contemplation de la nature.
L'art hermétique pénétra encore plus aisément dans l'univers spirituel de l'Islam. Celui-ci fut toujours disposé, en principe, à reconnaître tout art pré-islamique qui, sous l'aspect de "sagesse", apparaissait comme un héritage des prophètes antérieurs. Ainsi, dans le monde islamique, Hermès Trismégiste est souvent identifié à Enoch (Idris). Ce fut la doctrine de l'"unicité de l'être" - interprétation ésotérique de la profession de foi islamique - qui donna à l'Hermétisme un nouvel axe spirituel, ou en d'autres termes, qui lui rendit toute l'ampleur de son horizon spirituel. (...)
Tout d'abord, l'alchimie pénétra dans le Christianisme occidental par Byzance, ensuite et plus amplement par l'Espagne soumise à la domination arabe. Ce fut dans le monde islamique que l'alchimie atteignit son plus complet épanouissement. (...) Lorsque se produisit, avec la Renaissance, la grande irruption de la littérature grecque, une nouvelle vague de l'alchimie byzantine s'étendit sur l'Occident. Au seizième et dix-septième siècle furent imprimés de nombreux ouvrages alchimiques qui n'existaient jusqu'alors qu'en manuscrit et circulaient plus ou moins secrètement. Grâce à cela l’étude de l'Hermétisme atteignit un nouveau sommet, mais ce fut pour entrer bientôt en décadence. (p.17-19)
En faveur d'une origine égyptienne de l'alchimie du Proche-Orient et de l'Occident, s'inscrit le fait que toutes une série de procédés artisanaux en relation avec l'alchimie et lui fournissant nombre d'expressions symboliques, surgit comme un groupe cohérent qui se développe depuis les derniers temps de l'Egypte pour apparaître finalement dans des livres de recettes artisanales d'époque médiévale. (....)
On se demandera sans doute, comment l'alchimie, avec son fondement mythologique, a pu s'intégrer aux religions monothéistes : Judaïsme, Christianisme et Islam. C'est que la perspective cosmologique propre à l'alchimie était organiquement liée à l'ancienne métallurgie, de sorte qu'elle fut adoptée avec le métier, simplement comme une science de la nature au sens le plus large du terme, (...)
On se demandera sans doute, comment l'alchimie, avec son fondement mythologique, a pu s'intégrer aux religions monothéistes : Judaïsme, Christianisme et Islam. C'est que la perspective cosmologique propre à l'alchimie était organiquement liée à l'ancienne métallurgie, de sorte qu'elle fut adoptée avec le métier, simplement comme une science de la nature au sens le plus large du terme, (...)
Pour les peuples anciens la matière était comme un aspect de Dieu. (...)
C'est seulement pour l'homme moderne que la matière est devenue une "chose" et non plus le miroir passif de l'Esprit. (p.57)