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EAN : 9788872521182
160 pages
L'Arche (01/09/1991)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Ce recueil est une compilation de cinq essais dont le seul est même but est de rappeler qu'il existe une sorte de connaissance particulière, qui transcende infiniment la raison logique et déductrice.
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Dans la perspective scientifique moderne, le sujet humain dans sa totalité, à la fois sensibilité, pensée et esprit pur, est remplacé par cet artifice qu’est la pensée mathématique. On en arrive à évacuer toute vision du monde, voire à émettre des doutes à son propos : “Tout vrai progrès de la science, a écrit un théoricien contemporain(1), consiste en ce qu’elle se dégage de plus en plus de la pure subjectivité, qu’elle fait ressortir de plus en plus clairement ce qui existe indépendamment de la pensée humaine, quand bien même le résultat n’aurait plus qu’une très lointaine ressemblance avec ce que la perception originelle avait pris pour réel”. Il ne s’agit donc pas seulement d’éliminer la fragilité des observations individuelles, conditionnée par les interférences sensorielles ou affectives; il faut également se défaire de tout ce qui, à titre “subjectif’, est inhérent à la perception humaine, à savoir la synthèse des impressions multiples en une image. Tandis que, pour la cosmologie traditionnelle, la dimension métaphorique constitue la vraie valeur du monde visible, son caractère en tant que signe et symbole, au contraire, pour la science moderne, seul la schéma conceptuel auquel peuvent se ramener certains processus spatio-temporels possède une valeur cognitive. Cela vient du fait que la formule mathématique permet la plus grande généralisation possible sans abandonner la loi du nombre ; on peut donc toujours en faire la preuve sur le plan quantitatif. Mais c’est justement pourquoi elle ne saisit pas toute la réalité telle qu’elle s’offre à nos sens. Elle effectue une sorte de tri, et tout ce que ce tri élimine est considéré comme non-réel par la science moderne. Font naturellement partie de cette exclusion tous les aspects purement qualitatifs des choses, c’est-à-dire leurs propriétés qui, tout en étant perceptibles par les sens, ne sont pas strictement mesurables, qualités qui, pour la cosmologie traditionnelle, sont les traces les plus authentiques des réalités cosmiques, lesquelles recoupent la dimension quantitative et la transcendent.

La science moderne ne fait pas seulement une impasse sur le caractère cosmique des qualités pures, elle va jusqu’à mettre en doute l’existence même de ces propriétés, dans la mesure où elles se manifestent sur le plan physique. A ses yeux, par exemple, les couleurs n’existent pas comme telles, mais sont seulement les impressions “subjectives” des différents degrés d’oscillation de la lumière. “Une fois admis le principe — écrit un représentant de cette science(2) — selon lequel les qualités perçues ne peuvent être conçues comme propriétés des choses elles-mêmes, dès lors la physique offre un système entièrement homogène et sûr de réponses aux questions concernant ce qui est réellement sous-jacent aux couleurs, aux sons, aux chaleurs, etc.”. L’homogénéité de ce système, qu’est-elle sinon le résultat d’une réduction des aspects qualitatifs de la nature à leur expression quantitative ?

La science moderne nous invite donc à sacrifier une bonne partie de ce qui fait, pour nous, la réalité du monde, et elle nous offre en contrepartie des schémas mathématiques dont le seul avantage consiste à nous aider à manipuler la matière sur son propre plan, celui de la stricte quantité.

(1) James Jeans, Die neuen Grundlagen der Naturerkenntnis, Stuttgart 1935.
(2) B. Bavink, Hauptfragen der heutigen Naturphilosophie, Berlin 1928. (pp. 40-42)
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L’homme de l’Antiquité qui se représentait la terre comme une île entourée par l’océan primordial et le ciel comme une coupole protectrice posée par-dessus, ou l’homme du Moyen Age qui se figurait les cieux comme des cercles concentriques échelonnés depuis le centre de la terre jusqu’à la sphère de l’esprit divin, englobant toute chose et ne connaissant plus de limite propre, ces hommes se trompaient certainement sur les véritables relations régnant dans l’univers physique. En revanche, ils étaient parfaitement conscients d’un fait beaucoup plus important, à savoir que le monde matériel ne représente pas toute la réalité, qu’il est entouré et pénétré par une réalité à la fois plus vaste et plus subtile, laquelle est à son tour contenue dans l’esprit ; directement ou indirectement, ils savaient également que l’immensité de l’univers n’est rien par rapport à l’Infini.

L’homme sait aujourd’hui que la terre n’est qu’une boule animée d’un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abîme insondable, attirée et dominée par les forces qu’exercent sur elle d’autres corps célestes, incomparablement plus grands et situés à des distances inimaginables ; il sait que la terre où il vit n’est qu’un grain de poussière par rapport au soleil, et que le soleil lui-même n’est qu’un grain au milieu de myriades d’autres astres incandescents ; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrégularité dans cet enchaînement de mouvements sidéraux, l’interférence d’un astre étranger dans le système planétaire, une déviation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire vaciller la terre au cours de sa révolution, pour troubler la succession des saisons, modifier l’atmosphère et détruire l’humanité. L’homme aujourd’hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles étaient déchaînées, pourraient provoquer sur terre une conflagration planétaire presque instantanée. Tout cela, l’“infiniment petit” et l’“infiniment grand”, apparaît, du point de vue de la science moderne, comme un mécanisme d’une complexité inimaginable, dont le fonctionnement est dû à des forces aveugles.

Et pourtant, l’homme d’aujourd’hui vit et agit comme si le déroulement normal et habituel des rythmes de la nature lui était garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abîmes du monde intersidéral, ni aux forces terribles que renferme chaque corpuscule de matière. Avec des yeux d’enfant, il regarde au-dessus de lui la voûte céleste avec le soleil et les étoiles, mais le souvenir des théories astronomiques l’empêche d’y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessé de représenter pour lui la manifestation naturelle de l’esprit qui englobe le monde et l’éclaire. Le savoir universitaire s’est substitué en lui à cette vision “naïve” et profonde des choses. Non qu’il ait maintenant conscience d’un ordre cosmique supérieur, dont l’homme serait aussi partie intégrante. Non. Il se sent comme abandonné, privé d’appui solide face à ces abîmes qui n’ont plus aucune commune mesure avec lui-même. Car rien ne lui rappelle plus désormais que tout l’univers, en définitive, est contenu en lui-même, non pas dans son être individuel, certes, mais dans l’esprit qui est en lui et qui, en même temps, le dépasse, lui et tout l’univers visible. (pp. 58-59)
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...d’où l’émergence d’une autre question : dans la conception de la Divine Comédie, Dante a-t-il été conscient de puiser à certains ouvrages de la mystique islamique qui lui sont apparentés ? Le genre du poème épique qui décrit sous une forme symbolique la voie que suit celui qui fait l’expérience de Dieu n’est pas rare dans le monde islamique. On peut supposer que plusieurs de ces textes ont été traduits dans la langue provençale(1), et l’on sait que la communauté des "Fedeli d’Amore", à laquelle appartenait Dante, était en relation avec l’Ordre des Templiers(2), établi en Orient et ouvert au monde spirituel de l’Islam.

On peut même aller plus loin et trouver presque pour chaque motif majeur de la Divine Comédie un modèle correspondant dans les écrits ésotériques islamiques, pour l’interprétation des sphères planétaires comme les degrés de la connaissance spirituelle, pour la subdivision de l’enfer en cercles, pour la figure et le rôle de Béatrice et bien d’autres motifs. Mais par ailleurs, d’après certains passages de l'Enfer (chant XXVIII, 22), il est en fait peu probable qu’il ait connu et reconnu l’Islam comme religion. Il est en revanche vraisemblable qu’il a pu puiser dans des écrits qui n’étaient pas eux-mêmes islamiques, mais indirectement influencés par des modèles islamiques(3) ; néanmoins, tout ce qui est parvenu par cette voie jusqu’à Dante aura sans doute été plus modeste et limité que ce que laissent supposer les études comparatives(3). Car les vérités spirituelles sont ce qu’elles sont, et les esprits peuvent très bien se rencontrer à un certain niveau de connaissance, sans avoir jamais rien su de leur existence mutuelle sur le plan terrestre.

(1) II existe une traduction en provençal médiéval du Mi'râj, le récit de l’ascension du prophète (Eschiele Mahomet, publié par Munoz Sendino et Enrico Cerulli) ; mais il s’agit là d’une version plutôt populaire de ce thème, qui a par ailleurs donné lieu à d’importants traités métaphysiques et mystiques.

(2) Voir les travaux de Luigi Valu, en particulier II Linguaggio segreto di Dante e dei Fedeli d’Amore, Optima, Rome 1928.

(3) A cet égard, il faut citer tout particulièrement le manuscrit Ms. Latin 3236 A (Bibliothèque Nationale, Paris), publié pour la première fois en 1940 par M.T. d’Alverny dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, que nous avons mentionné dans notre ouvrage sur l’alchimie. Il offre un certain nombre d’affinités avec la Divine Comédie, fait étrange, d’autant plus qu’il mentionne expressément les fondateurs des trois religions monothéistes, Moïse, le Christ et Mahomet, comme les véritables maîtres de la voie cognitive vers Dieu.

(4) Voir les études du P. M. Asm Palacios. [Notamment L’Escatologia musulmana en la Divina Comedia, Madrid 1919 et 1942. Édition française de prochaine publication, chez Archè], (pp. 154-155)
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L'homme de l'Antiquité qui se représentait la terre comme une île entourée par l'océan primordial et le ciel comme coupole protectrice posée par-dessus, ou l'homme du Moyen Age qui se figurait les cieux comme des cercles concentriques échelonnés depuis le centre de la terre jusqu'à la sphère de l'esprit divin, englobant toute chose et ne connaissant plus de limite propre, ces hommes se trompaient certainement sur les véritables relations régnant dans l'univers physique. En revanche, ils étaient parfaitement conscients d'un fait beaucoup plus important, à savoir que le monde matériel ne représente pas toute la réalité, qu'il est entouré et pénétré par une réalité à la fois plus vaste et plus subtile, laquelle est à son tour contenue dans l'esprit ; directement ou indirectement, ils savaient également que l'immensité de l'univers n'est rien par rapport à l'Infini. L'homme sait aujourd'hui que la terre n'est qu'une boule animée d'un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abîme insondable, attirée et dominée par les forces qu'exercent sur elle d'autres corps célestes, incomparablement plus grands et situés à des distances inimaginables ; il sait que la terre où il vit n'est qu'un grain de poussière par rapport au soleil, et que le soleil lui-même n'est qu'un grain au milieu de myriades d'autres astres incandescents ; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrégularité dans cet enchaînement de mouvements sidéraux, l'interférence d'un astre étranger dans le système planétaire. une déviation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire vaciller la terre au cours de sa révolution, pour troubler la succession des saisons, modifier l'atmosphère et détruire l'humanité. L'homme aujourd'hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles étaient déchaînées, pourraient provoquer sur terre une conflagration planétaire presque instantanée. Tout cela, "l'infiniment petit" et "l'infiniment grand", apparaît, du point de vue de la science moderne, comme un mécanisme d'une complexité inimaginable, dont le fonctionnement est dû à des forces aveugles. Et pourtant, l'homme d'aujourd'hui vit et agit comme si le déroulement normal et habituel des rythmes de la nature lui était garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abîmes du monde intersidéral, ni aux forces terribles que renferme chaque corpuscule de matière. Avec des yeux d'enfant, il regarde au-dessus de lui la voûte céleste avec le soleil et les étoiles, mais le souvenir des théories astronomiques l'empêche d'y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessé de représenter pour lui la manifestation naturelle de l'esprit qui englobe le monde et l'éclaire. Le savoir universitaire s'est substitué en lui à cette vision "naïve" et profonde des choses. Non qu'il ait maintenant conscience d'un ordre cosmique supérieur, dont l'homme serait aussi partie intégrante. Non. Il se sent comme abandonné, privé d'appui solide face à ces abîmes qui n'ont plus aucune commune mesure avec lui-même. Car rien ne lui rappelle plus désormais que tout l'univers, en définitive, est contenu en lui-même, non pas dans son être individuel, certes, mais dans l'esprit qui est en lui et qui, en même temps, le dépasse, lui et tout l'univers visible.
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Par sa duperie marxiste, anti-traditionnelle et pseudo-mystique, la théorie moderne de l’évolution des espèces se révèle comme la Grande Tromperie. Jamais auparavant une doctrine aussi incertaine sur le plan scientifique n’avait été prise aussi inconditionnellement comme fondement de décisions spirituelles graves, et c’est à se demander si le singe n’a pas été promu d’emblée comme ancêtre de l’homme pour que l’homme puisse être substitué à Dieu. (p. 86)
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