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EAN : 9782021414615
208 pages
Seuil (05/03/2020)
4/5   12 notes
Résumé :
A un moment où une certaine confusion a été introduite dans les esprits, Florence Burgat mène une enquête passionnante sur la vie végétale. Des ouvrages et des articles récents ont connu un grand succès en anthropomorphisant les plantes et en leur attribuant une conscience, une vie sensible et des émotions qu'elles n'ont pas. L'auteur éclaire d'une manière scientifique et philosophique, dans le cadre d'une approche phénoménologique remarquablement bien conduite, did... >Voir plus
Que lire après Qu'est-ce qu'une plante ? - Essai sur la vie végétaleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
A un moment où une certaine confusion a été introduite dans les esprits, Florence Burgat mène une enquête passionnante sur la vie végétale. Des ouvrages et des articles récents ont connu un grand succès en anthropomorphisant les plantes et en leur attribuant une conscience, une vie sensible et des émotions qu'elles n'ont pas. L'auteur éclaire d'une manière scientifique et philosophique, dans le cadre d'une approche phénoménologique remarquablement bien conduite, didactique et élégante, la différence ontologique entre animaux et végétaux.
Les végétaux, en effet, ont une vie d'un autre type et des interactions biochimiques entre eux et avec leur biotope : les plantes sont dépourvues de psyché, elles n'ont pas d'existence "pour soi", il n'y a pas de psychologie des plantes. Sans organes sensoriels ni système nerveux, les plantes réagissent mais ne perçoivent pas, elles n'ont pas de subjectivité , elles ne sont confrontées ni à la souffrance, ni à l'expérience de la mort : leur vie, contrairement à la vie animale, n'est pas marquée par l'inquiétude et n'a pas de dimension tragique. Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas s'engager pour protéger les forêts, les arbres, les buissons, les fleurs, ni s'opposer à la destruction et à l'appauvrissement des écosystèmes et notamment de la flore. Cela signifie que l'on est fondé à se demander "qui" sont les animaux mais que pour la vie végétale, d'une radicale altérité par rapport à la vie animale, la nôtre et celle des autres espèces, la bonne question est bien :"qu'est-ce" qu'une plante?
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Florence Burgat est philosophe, spécialiste de la question animale ; notamment des aspects moraux et juridiques qui relient les animaux et les hommes. Elle prolonge sa réflexion sur les manières d'être au monde dans ce livre qui s'arrête, cette fois, sur la vie végétale. Florence Burgat réagit ici vivement aux diverses publications, récentes et ayant eu le succès que l'on sait, qui prêtent aux plantes les diverses caractéristiques qui déterminent la vie animale et humaine : la sensibilité, la souffrance, l'intelligence, la vie psychique, la capacité à se mouvoir, les limites précises de la vie et de la mort, l'intentionnalité, la conscience etc. Selon l'auteur cette volonté de mettre toutes les modalités du vivant sur le même plan moral ne peut que conduire à de profondes contradictions juridiques et éthiques. le droit consistant dans son essence à juger, à orienter, à autoriser et à interdire en fonction de critères discriminants et classificateurs, il lui semble pour le moins compliqué de constituer en personne morale et de donner des droits à un plan de carottes, une pelouse ou même un arbre pris seul. D'un point de vue éthique, Florence Burgat s'interroge sur les motivations profondes de cette volonté de niveler les différentes modalités du vivant ; elle met l'accent sur les conséquences très hostiles au végétarisme qu'impliquent ce nivellement : en effet si le haricot qui se fait couper souffre de la même manière que le cochon qui se fait égorger il semble illogique de se priver de cochon sous le prétexte de la souffrance animale. Un livre iconoclaste, solidement argumenté qui donne un éclairage inattendu et convaincant à un sujet devenu d'actualité.
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ABC 2022/2023
Un essai passionnant , à rebours de la mode "anthropomorphiste" qui fait fureur. le discours est clair, vif, argumenté , et met en lumière de manière incontestable ce que Francis Hallé nomme l'"altérité radicale" du monde végétal. À découvrir absolument!

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critiques presse (1)
LaViedesIdees
18 septembre 2020
Par cette phénoménologie de la vie végétale, la philosophe Forence Burgat nous rappelle que les plantes se définissent avant tout par ce qu’elles n’ont pas : sans conscience intentionnelle ni monde vécu, comment pourraient-elles mener la vie secrète que leur prêtent certains ouvrages populaires ?
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La mort d'un être sensible est son expérience vécue, son ultime expérience, et elle est irréversible. Francis Hallé a la bonne idée de rappeler que "manger des asperges sauvages à l'huile d'olive, puis une tarte aux pommes de terre avec un verre de Pic Saint Loup, ne tue aucune des plantes concernées qui continueront de nous nourrir pendant des années. Manger une entrecôte, un foie de veau ou un filet de hareng apporte la certitude que les animaux concernés sont morts*". Comment faire fi d'une différence aussi fondamentale que celle du temps vécu et de son corollaire, l'expérience de la mort, entre la vie végétale et la vie animale, qui englobe ici la vie humaine puisque, sur ce plan en tous cas, il y a égalité de conditions?

* Francis Hallé, "Un arbre tout neuf. Trois idées nouvelles au sujet des arbres, in Philosophie du végétal, Vrin, 2018, p. 90
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La vie psychique est une vie affective, émotionnelle, une vie qui se souvient et qui oublie, une vie qui met des significations en abyme. "La sensibilité, la mémoire et un organisation telle qu'apparaisse une certaine indétermination, un certain non-être dans leur être*" sont les prérequis d'une zooconscience.
Rejoignant Freud, Henri Hey s'appuie sur la vie de relation des animaux supérieurs, qu'il décrit comme "organisée comme la nôtre**" par un système nerveux central. C'est tout naturellement, parce que nous sommes en effet en relation avec eux, que nous leur attribuons la conscience. Nous tenons les animaux pour des êtres "co-conscients de notre propre conscience dans la mesure où ils se présentent 'eux-mêmes' semblables à nous, quand s'institue entre eux et nous des communications", qui instituent à leur tour une ressemblance entre eux et nous**. Cette "identification" n'est possible qu'entre êtres de conscience, c'est-à-dire des êtres qui ont des sensations - "être conscient c'est sentir" -, ce qui suppose, et la précision est capitale pour distinguer la signification apparente de la signification réelle, "non un état de conscience mais une structure de conscience au travers de laquelle apparaît l'expérience en tant que vécue***". Une structure, et non un état. Car faire de la conscience un simple état (la réception d'informations physico-chimiques, par exemple) ouvre la porte à un panpsychisme qui ne permet plus de distinguer parmi les formes de vie celle des être doués, ou plutôt lestés, d'un appareil psychique. C'est lui qui permet alors de penser leur vie comme des existences chaque fois singulières. Loin de la conscience transparente et massive du cogito, comme de la conscience éthérée de l'information physico-chimique qui pourtant anime la totalité de la nature, demandons-nous ce qui pourrait bien attester une vie psychique chez les plantes, au sens du phénomène mis au jour par Freud, et qu'il continue de nommer, au soir de sa vie, "l'énigme véritable****".


* Henri Hey, La conscience, Desclée de Brouwze, 1983, p. 8
** Ibid., p. 10
*** Ibid., p. 14
**** Sigmund Freud, Abrégé de psychanalyse, PUF, 1951, p. 27
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Dans le cadre explicatif propre au schéma stimulus-réaction, y a-t-il place pour des dispositions, qualités, attitudes [d'une plante], qui indiquent de manière essentielle un lien signifiant entre un sujet et un objet? Ces derniers sont deux réalités ontologiquement distinctes dans la mesure où la première "constitue" (au sens phénoménologique du terme) la seconde : c'est le sujet qui "fait" l'objet. Avons-nous affaire dans le monde végétal à une forme d'action entre deux objets (par opposition à une relation subjecto-objective), et si oui comment penser cette forme d'action? Les plantes voient-elles la lumière?
Non, les plantes sont comme si elles percevaient, comme si elles étaient sensibles. Un stimulus n'est pas un signe. Ce dernier désigne, annonce, représente quelque chose d'absent ou qui n'est pas donné en pleine présence. Les plantes ne vivent pas dans un monde où circule du symbolique. Jacques Tassin, nous l'avons vu, parle d'ailleurs de signal et non de signe. Ce dernier est porteur d'une équivoque absente dans le signal. Le rapport sémiotique est triangulaire. Il engage l'individu sentant et se mouvant (le "sujet-vivant", animal ou humain), le signe (une matière, une chose, un son, etc.), et la signification à laquelle il renvoie. Il comprend un tiers absent. Le rapport qui existe entre le stimulus et la réaction est binaire, jamais virtuel ou oblique.
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L'altérité radicale de la vie végétale, son enracinement - son être-là au sens littéral du terme -, sa luxuriance, la fantaisie de ses motifs, son impassibilité et son silence, constituent le contrepoint du vivre des êtres mortels faits de chair et de sang. Cette vie qui ne meurt que pour renaître est le contraire d'une tragédie.
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