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Critique de francoiscolin


Ce texte date de 1973 et pourtant apparait toujours très proche de l'actualité du moment. Il est en fait le troisième d'un quartet mettant en scène le personnage d'Enderby :

- Inside Mr. Enderby
- Enderby Outside
- The Clockwork Testament or Enderby's End (Le Testament de l'orange)
- Enderby's Dark lady or no end to Enderby

Comme c'est le seul à avoir été traduit en France, une facilitée d'éditeur a fait référence dans le titre à un opus mondialement célèbre de Burgess, « Orange mécanique » pour en assurer sa commercialisation.

Le seul lien avec ce livre précédent est un sujet lors d'un débat télévisé auquel participe le personnage principal qui donne à choisir entre une société qui laisse le libre arbitre à l'individu, au risque de le voir
opter pour le mal, la violence ou une société qui impose autoritairement sa vision du bien.

Cela devait d'ailleurs être un essai initialement et finalement Anthony Burgess a revêtu une nouvelle fois le masque du personnage principal. Il en profite pour distiller en vrac ses avis sur la religion, l'art, la morale, la mort, la sexualité, l'empire britannique et les roustons qui pendouillent.

Plus significativement sur la place de l'art, de la création littéraire et précisément la poésie, qui a vocation à décrire le mémorable, dans une société matérialiste, informatisée, automatisée ou une certaine jeunesse s'enferme dans le militantisme dans ces lieux d'apprentissage que sont les universités américaines où Enderby enseigne en tant que professeur temporaire.

Il met en parallèle son déclin physique et celui supposée de la société qui vient incarnée par ses jeunes étudiants américains. Une belle bande de "jeunes salopards" à qui il enseigne une matière, la poésie, qui leur semble historique voire archéologique, pour le moins inutile et contre laquelle, malgré sa virulence, il ne peut pas vraiment riposter, engoncé dans le contexte politiquement correct du moment.

Poète britannique vieillissant et cardiaque, Enderby propose, par ailleurs, pour des raisons pécunières une adaptation d'un texte d'un obscur poète britannique catholique à une société de production cinématographique américaine.

L'universitaire se retrouve alors malgré lui embarqué dans un scandale, le film ayant été remanié et transformé en un produit de grande consommation à fort caractère libidineux. le film est agoni par les critiques pour son aspect blasphématoire, qui remettent en cause la liberté d'expression au nom de la création. le poète doit finalement faire face à ses détracteurs, d'aucuns en viennent à le menacer de mort. Un étudiant noir s'en prenant au vieux blanc colonialiste et une admiratrice obsédée par l'oeuvre d'Enderby
qui souhaite la voir désacralisée après quoi la vie d'Enderby s'estompera définitivement.

Les quelques premières pages peuvent apparaitre foutraques mais on s'accroche rapidement au fil de la pensée de l'auteur, le récit en devient réjouissant, parfois truculent, cynique et certaines fois hilarant.

Burgess fait de son personnage une figure qui lui ressemble probablement, qui n'est pas infaillible et est, par certains cotés, agaçant mais reste terriblement humain. Un récit court, riche et complexe qui fait regretter que les autres opus ne soient toujours pas traduits.

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