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EAN : 9782072965722
Gallimard (09/11/2023)
3.57/5   14 notes
Résumé :
WR Burnett
Rien dans les manches
Traduit de l'anglais par Jacques-Laurent Bost

"Dans les années 20, dit l'excellent journaliste Ben Reisman, on savait s'amuser. Les bootleggers se mitraillaient, pour le simple plaisir de faire des cartons. Cette rue-là, c'était un vrai champ de tir [...] Il ne se passe donc plus jamais rien, maintenant?"
Si, il se passe encore des tas de choses dans cette énorme cité du Midwest. Tout à l'heure, R... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Voici un titre que j'ai lu il y a près de trente ans au milieu des années 90. Un roman noir américain que la série noire avait fait paraitre dans les année 50 avec ses traductions francisées, ses chapitres coupés et autres paragraphes disparus.
Mais aujourd'hui et depuis quelques année, maintenant, Marie-Caroline Aubert, qui a pris la tête de la série noire en 2018 a décidé de faire retraduire les classique de la littérature noire américaine. j'ai vu passer Raymond Chandler, Shelby Foote, William Riley Burnett et dans un autre genre Horace McCoy. Et avec ses nouvelles traductions, les textes reprennent toute leurs ampleurs !
Mais alors que nous raconte ce « Rien dans les manches«
Dans les années 1920, à Chicago, Ben Reisman, journaliste, apprend que Léon Sollas est le nouveau caïd de la ville et que Harry Radabaugh, élu au Congrès, a dû céder sa place à Thomas Stark. Depuis lors, les bookmakers et proxénètes sont pourchassés. Mais un bruit court qu'un certain Ark officierait encore dans le Coin de la Mort, le quartier le plus malfamé de la ville.
Notre écrivain américain a toujours été inspirés par le monde des truands et des trafics en tout genre. Comme souvent dans son oeuvre, Burnett décrit le monde impitoyable du crime, de la nuit et de la grande ville (New York, ou ici Chicago).
Les bas-fond l'inspire, il aime décrire la corruption qui gangrène toutes les strates de la société au sein duquel la police elle-même est corrompue.
Burnett dresse ici le portrait d'une Amérique corrompue à tous les niveaux.
Il a un faible pour ces personnages tombés dans la criminalité sans que rien ne les y prédestine.
J'ai aimé retrouvé toute la profondeur et tous la complexité des protagonistes de cette histoire obscure et dense à la fois. Drôle aussi parfois… J'ai aimé son sens du dialogue inimitable.
Ce polar frappe par son réalisme et sa violence. Il est pour notre auteur l'occasion de dépeindre de façon magistrale cette faune humaine aux personnalités multiples. Il nous entraine avec lui au beau milieu de tueurs, de gangsters, de bookmakers, de prostitués.
Mais aussi avec des flics ripoux entraînés eux aussi vers une chute inexorable.
Il aime les destinées tragiques. Il adore tous ces hommes pitoyables chez qui la moralité n'est pas forcément l'apanage des gardiens de l'ordre et de la justice, mais plutôt celui des voyous et des criminels.
« Dans les années 1920, dit l'excellent journaliste Ben Reisman, on savait s'amuser : les bootleggers se mitraillaient en plein jour… Il ne se passe donc plus rien, maintenant ? »
Et pourtant, il se passe encore des tas de choses dans cette énorme cité du Midwest…Et qui mieux que William R. Burnett pour nous parler de ce monde là. Car avec son style sans faux semblant et son écriture efficace, il arrive à nous rendre familière cette pègre américaine des année 20. C'est comme si on y était !
Perso, je me demande si je ne vais pas non plus relire l'excellent « Quand la ville dort » de notre auteur qui mérite autant de considération qu'un Dashiell Hammett Raymond Chandler, Howard Fast, Ross Macdonald, Jim Thompson, Chester Himes, ou encore de l'anglais James Hadley Chase. Et aussi d'autres grands du hard boiler américains qui dénonce collusion entre le pouvoir politique et la pègre mais aussi les méfaits du capitalisme effréné et la corruption policière.
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Deuxième tome de la trilogie urbaine imaginée par William Riley Burnett, Rien dans les manches à sa manière bien à lui de prendre la suite. Pas tant en raccrochant les wagons avec Quand la ville dort (une ou deux allusions maximum) qu'en réinstaurant une mécanique semblable à ce prédécesseur. Si on parle de structure et de personnages (Reisman = Farbstein, Arky = Dix, Stark = Hardy), les deux romans sont très similaires. Nous sommes témoins d'une marche vers l'inéluctable, d'une époque qui se meurt et d'une confusion entre les bons et les méchants. le précédent traçait une ligne de démarcation perceptible entre les deux camps, elle est maintenant indistincte, embrouillée, signe d'une corruption insidieuse et implantée...Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ? Ça nous arrangerait bien. Mais la réalité décrite par Burnett est justement plus complexe. Après le simple coup organisé par les petites mains, nous voici catapulté dans de plus hautes sphères, d'un côté comme de l'autre. La corruption part peut-être d'en bas, mais c'est bien de là-haut qu'on l'entretient. Une leçon apprise par le Juge Creet (autre personnage ambivalent), ce qui donne au livre l'un de ses monologues les plus saisissants sur le caractère destructeur du succès.

La logique voudrait qu'on soutienne Thomas Stark, directeur des services de police fermement résolu à enrayer l'organisation criminelle. On le fait, de bonne grâce. En souhaitant très fort que Arky, collecteur pour "le Patron", passe entre les mailles du filet. Lecteur retourné. Mais est-ce vraiment une surprise ?
En pénétrant dans l'esprit des "bad guys" de Quand la ville dort, on entrait finalement en empathie avec. Rien dans les manches va un cran plus loin, jusqu'à la faire partager par son personnage de chevalier blanc (Stark), trop lucide pour ne pas établir une hiérarchie dans les menaces. Ni cynique ni résigné, l'état des lieux jeté sur ce bas monde est pragmatique. Il est question d'une nation cosmopolite où des pans entiers de citoyens sont marginalisés en raison de leurs origines (ex : Arky le "paysan" ou "les "Polaks"), tout comme les intègres sont évincés des postes cruciaux. Immigration, industrialisation et la corruption sont autant symptômes de décomposition d'un système social que de la régénérescence d'un nouveau, plus moderne mais obéissant aux mêmes vices de fabrication. Difficile d'espérer une résolution tranchée dans ces conditions puisque le mieux est bien souvent l'ennemi du bien.

Avec un tel parti pris, comment les ouvrages de Burnett ont-ils pu se retrouver affiliés au hard-boiled ? D'accord, on trouve beaucoup de dialogues et le rythme est soutenu. Par contre, il n'y pas beaucoup d'action à proprement parler. L'essentiel se concentre sur les personnages et leurs tourments intérieurs*, ce qui amène les récits vers une dimension plus sociologique. D'autant plus que dans la forme, l'auteur joue avec les échos, répétitions pour donner des accents tragédiens à ses romans noirs. L'écriture effeuille les icônes, n'en reste plus que des individus en proie à leurs émotions. de quoi déstabiliser les perceptions, d'autant que celles de nos "héros" sont sujettes à la contradiction. On pourrait parler du juge Greet, du préfet Stark, ou d'Arky. L'exemple le plus significatif sera pourtant le portrait du fils Byron tiré par Reisman, très éloigné de l'homme que nous rencontrerons quelques pages plus loin. C'est sur terrain que Burnett se rapproche effectivement de certains collègues, à son corps défendant (il désapprouvait les comparaisons avec Dashiell Hammett, par exemple). En poussant son lecteur à s'immerger sans se laisser submerger. Cette plongée n'est pas aussi populaire mais d'une qualité égale à Quand la ville dort.

*Il est à noter que la première version folio poche reprend la traduction "épurée" de l'édition Série Noire. À l'instar des premières éditions de Quand la ville dort, environ 15% de l'oeuvre est passée aux oubliettes. Pourquoi donc ? En premier lieu, pour maintenir une ligne éditoriale stricte (254 pages maximum). Et - plus ironique - coller à l'esprit de sécheresse propre au hard-boiled américain. Une rigidité qui trouve sa limite, au delà d'un argot parfois anachronique. Outre de menues descriptions conférant une âme à cette ville jamais nommée, la plupart de ces passages inédits s'employaient à approfondir les personnages : la maladie qui assaille Reisman, les observations de Stark, la sensibilité d'Arky par rapport au bébé ou aux agriculteurs, la lucidité dans les rapports de force,...Cette dizaine de pages offraient plus de coeur et de subtilité à Little men Big World (traduit par Rien dans les manches...allez comprendre) mais tranchaient un peu trop avec les "conventions" du behaviorisme, alors que son auteur assumait une démarche un pied dedans un pied dehors. Ce qui explique leur effacement et affaiblit le roman d'une couche de nuances nécessaires pour créer de la tension/de l'affect. Si vous souhaitez vous jeter sur l'univers de Burnett, je vous conseille d'investir dans la nouvelle édition Folio Policier directement reprise du recueil Underworld, avec des traductions révisées et non-caviardées.
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"Little men, big world" ( paru en France sous le nom "Rien dans les manches") est le deuxième roman de la trilogie urbaine de Burnett.
C'est un récit indépendant mais je peut que vous conseiller de lire le très bon "Quand la ville dort" pour savourer pleinement l'oeuvre de Burnett.
Par ailleurs, il y a beaucoup de similitude dans les personnages des deux romans.
Ce roman aura eu beaucoup moins de succès que son prédécesseur mais il n'en reste pas moins qualitatif ( un des rare roman de Burnett à ne pas connaître d'adaptation cinématographique).

Ce roman marque réellement le passage où la loi et le crime ne font plus qu'un, tout n'est plus que corruption du jeune flic jusqu'au grand juge. "Si tu cherche la justice, tu chercheras longtemps“
Dans ce roman il y a tout ce que j'aime chez Burnett, des personnages toujours aussi attachants et humains, une vision réaliste de l'époque, et des petits traits d'humour toujours bien placé.
Le personnage d'Arky est très bien construit et se rapproche énormément du personnage de Dix (Quand la ville dort).

Burnett avait beau affirmer que selon lui ses romans les plus réussis étaient ses westerns, moi c'est réellement dans le roman noir que je trouve qu'il excelle ( Little caesar, fin de parcours, quand la ville dort...).
"Rien dans les manches" est un formidable roman, très certainement l'un de mes préféré de cet auteur.
Une fois de plus je ne peut que le recommandé pour tout les fan de roman noir.


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W.R. Burnett - Rien dans les manches
Un auteur américain né en 1899, une formation de journaliste et sa ribambelle de petits métiers autour, qui découvre à moins de 30 ans les joies de Chicago, les gangs, la mafia, la corruption. Sa plume frétille, le journaliste est là, l'écrivain ne s'en laisse pas conter, et son âme de scénariste le meut déjà. Dans les années 30, le cinéma muet est en noir et blanc, son écriture adoptera les mêmes couleurs.
Ce sera à 30 ans "Little Cesar" adapté ensuite à l'écran. Eh, il n'est pas mauvais, l'intrépide, puisqu'il composera aussi le scénario de Scarface - et de Quand la ville dort.
Ce "Rien dans les manches" de 1951 a aussi été adapté en téléfilm. Ca ne m'étonne pas. Il dessine des personnages, compose sa "bible" en leur donnant une identité, une âme, un bagage, en même temps qu'il les lâche dans l'arène de son scénario. L'histoire m'a semble moins intéressante que cette galerie de personnages, qu'il a travaillés aux petits oignons - même s'il se passe plein de choses, on ne s'ennuie pas ! On les voit ses personnages, on les sent, on comprend leurs liens, on les regarde évoluer dans un coin de Chicago où règnent les salles de jeux. Flics ou journalistes, en bas de la hiérarchie ou au sommet, petits voyous ou pontes de l'organisation, avec encore ce sens de l'honneur qu'on voit disparaître avec l'arrivée des nouvelles mafia - c'est comme partout ma bonne dame, le respect se perd… Les "bons" ne le sont pas forcément, et d'ailleurs personne n'y croyait. Les "méchants" sont organisés, calmes, bien humains finalement, avec leur fidélité indéfectible à qui les a aidés un jour, capables d'aider à leur tour quand ils ont grimpé dans la hiérarchie. Il s'agit moins d'amitié que d'admiration et même de tendresse envers le chef aux tonalités de gourou. Les femmes sont charnelles, parfois casse-bonbon, imparfaites et charmantes, pas forcément victimes. L'argent est récolté avec ordre et manière, mais ne semble pas être le moteur de toutes les actions. Des gens, des vrais gens quoi, avec leurs peurs, leurs désirs, leur fatigue, leur âge, leur fierté, et le sourire qu'ils ont à voir gazouiller un bébé, des gens, Arky le héros, en tête.
Le scénario, du coup, est plutôt couleur sépia que pur noir et blanc. Comme la fin d'un monde, qui cède en fermant doucement la porte, allez, ça va pétarader maintenant, fini le petit artisanat local du malfrat loyal, c'est la vie, c'est le progrès...

Une plume à découvrir, quoi. Suis tombée dessus par hasard, j'y retournerai volontiers.
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Dans ce polar américain de 1951, les mafieux sont tellement sapés qu'ils vont jusqu'à porter des caleçons en soie monogrammés. Les dessous de la ville sont du même ordre : bookmakers et élites locales sont secrètement assortis, avec un goût très sûr pour l'entourloupe à couture 100% invisible. Enfin, presque invisible. Il y a quand même dans les parages un journaliste dont l'oeil expert ne se laisse pas facilement abuser.
L'intérêt du livre (à l'ambiance très Cadillac, whisky et p'tites pépées) réside en grande partie dans le personnage du mafieux central, complexe, à la fois retors et touchant, arnaqueur et loyal, et de plus en plus mélancolique au fil des chapitres. Il tranche avec tout ce bling-bling : lui, au fond, l'argent l'ennuie, les voyages "le laissent froid", et il a des goûts très simples : " Quand il ne travaillait pas, un fauteuil ou un lit, un cigare, un verre de gin et un journal de courses suffisaient à son bonheur."
Un polar qui se lit comme on plonge dans un bon film - d'ailleurs l'auteur a aussi signé le scénario du célèbre "Scarface". le rythme est délibérément lent. Il y a de bons personnages secondaires, voire tertiaires, tel ce bébé polonais dont le regard franc et direct décontenance les rois de la pègre. Et un ton parfois délicieusement pince-sans-rire : "La porte de l'appartement était fermée à clef. Arky essaya de l'enfoncer à coups de pied mais elle tint bon et il fut obligé de l'ouvrir avec sa clef." Eprouvante vie des gangsters.

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
— Dans les années 20, dit-il, quand je travaillais dans ce secteur, c’était vraiment excitant. Les bootleggers se tiraient dessus pour le plaisir de faire des cartons. Cette rue-là, c’était une vraie galerie de stands de tir. Quand je descendais du tram pour aller au poste, je rentrais instinctivement la tête dans les épaules. Une fois, un motocycliste a été fauché par une balle perdue, juste devant ce bar – c’était un speakeasy à l’époque. Il ne se passe donc plus jamais rien, maintenant ?
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— Tu ne connais personne qui s’appelle « Ark » ? s’obstina Reisman, uniquement pour le plaisir.
Au bout d’un moment, Harry secoua lentement la tête, impassible.
— Non. Ça ne me dit rien. Qu’est-ce que c’est que ce nom ?
— Peut-être que j’ai mal entendu. Par moments j’ai l’impression que je deviens un peu sourd.
— Dieu sait pourtant que tu avais l’oreille fine, dit Harry. Les gars t’appelaient Ben-les-grandes-oreilles.
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Harry laissa tomber sa cigarette sur le tapis et se pencha lentement pour la ramasser, les yeux baissés, prenant son temps. Reisman comprit qu’il ferait aussi bien d’aller acheter la glace et de rentrer chez lui. Harry avait l’air de savoir parfaitement qui était Ark, mais il ne parlerait pas.
Harry reprit contenance, jeta la cigarette dans le cendrier et en alluma une autre.
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— Ma foi, dit Reisman, puisque tu as l’air d’en savoir moins long que ceux qui font courir les bruits, je n’ai plus qu’à regagner mon nid. C’était sympa de te voir.
— Quels bruits ?
— Sur George Cline.
Harry fit la grimace.
— Un tuyau crevé, Ben, il n’y a pas de doute. Ça fait cinq ans qu’on en parle.
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Reisman regagna sa voiture sous la pluie battante, en parlant tout seul. Il était toujours aussi excité. Il sentait qu’il tenait une piste – où menait-elle ? Mais une chose était certaine : il ne fallait plus poser de questions. Ça finirait par se savoir et tout le monde se méfierait de lui.
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