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Critique de Yvan_T


Dans la pénombre, une houppette bleue apparaît. Lentement et complètement déboussolé, Doug se réveille avec un pansement sur le crâne. Au loin, Inky, son chat noir – pourtant mort depuis plusieurs années – se tient devant un trou béant. Étonné, le jeune homme se lève et suit le félin de l'autre côté du mur de briques. Là, un décor étrange, fait d'inondations, de décombres et d'humanoïdes bizarres, s'offre à lui. Bienvenue dans l'univers de Charles Burns

Publié simultanément aux États-Unis sous le titre de « X'ed Out » et clairement influencé par l'oeuvre d'Hergé et de William S. Burroughs, ce premier tome de « ToXic » marque le retour de l'auteur du cultissime « Black Hole« . de cette couverture ouvertement inspirée de « L'Étoile mystérieuse » à cette première scène de l'autre côté du miroir, visiblement tirée de l'album « le Trésor de Rackham le rouge », en passant par ce personnage à la silhouette caractéristique et au nom d'artiste éloquent (Nit Nit, Tintin à l'envers), les références au petit protégé de Moulinsart sont légion.

Pour son premier livre en couleurs, l'auteur s'approprie d'ailleurs également ce style ligne clair familier des tintinophiles, mais ne manquera pas de prendre le lecteur à contre-pied par la suite. Car il devient vite évident qu'en suivant les pas de Doug, Burns a bel et bien l'intention de nous emmener dans son monde à lui, d'évoluer vers un style visuel plus sombre et d'user de la puissance évocatrice de son dessin pour livrer des protagonistes plus inquiétants et d'ainsi dégager un sentiment de malaise profond au fil des planches.

Construisant son histoire sous forme d'ellipses, multipliant les allers-retours et proposant une narration très fragmentée, l'auteur s'amuse à brouiller les pistes et accompagne brillamment les errances de ce héros à la dérive. Passant d'un personnage alité et drogué aux souvenirs embrumés d'une soirée Punk-Art en compagnie d'une fille aux goûts artistiques glauques, sans oublier les flashs psychédéliques au sein d'un monde peuplé de créatures étranges, l'album entremêle habilement le quotidien, les rêves et les hallucinations de Doug. D'abord déroutant, avant de devenir prenant, le récit se joue des repères spatio-temporels et permet à Burns d'aborder des thèmes qui lui sont chers, tels que la prise de drogues, la violence et les découvertes sexuelles qui caractérisent le mal-être adolescent dans l'Amérique ultra codifiée des années soixante-dix.

Oscillant entre rêve et réalité, ce premier volet de « ToXic » abandonne le lecteur complètement étourdi et légèrement frustré d'être sorti de cet univers envoûtant avant la fin de ce nouveau trip artificiel proposé par ce génie graphiste au style souvent imité mais rarement égalé.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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