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Critique de polinna


Dès les premières lignes, les confessions du narrateur donnent le ton: il a tué les jeunes jumeaux dont il s'est servi comme "rats de laboratoire" pour découvrir, de façon prétenduement scientifique, le siège de l'âme. Isoler ces enfants de toute parole humaine aurait du lui permettre de résoudre cette question qui l'obsède depuis toujours, mais ceux-ci ont développé entre eux un chant ininterrompu, incompréhensible et entêtant, qui n'était plus supportable...

Nous avons tourné la première page et il est déjà trop tard. Emprisonnés avec ce cerveau malade, nous ne pouvons plus échapper à ce récit glaçant où toutes les clés, depuis l'enfance, qui mènent à l'expérience finale, sont distillées en un savant crescendo, ne nous épargnant aucun des détails les plus sordides et nous interdisant de reprendre notre souffle. On aura une idée du malaise ambiant en évoquant la nuit que le narrateur passe contre le cadavre nu et tiède de sa mère, cérémonieusement parfumé et fardé...

Privés de toute perception extérieure de ses actes, nous restons aussi désespérément exclus de son fonctionnement mental. Son discours reste d'un imperturbable détachement, et porteur cependant d'un certain charme poétique, aussi sombre que dérangeant. L'absence totale de moralité parvient alors à troubler nos repères, tant les limites entre le bien et le mal, la raison et la folie semblent ici friables.

Dualité, noirceur, violence: il s'agit bien là d'un roman écossais! On peut d'ailleurs se demander si le protagoniste ne serait pas une sorte de Mr Hyde, jumeau d'un Dr Jekyll-Burnside s'interrogeant sur son outil principal: le langage. Derrière cette trame romanesque ciselée, qui pointe odieusement notre propre perversité, se dessine en tout cas une exploration vertigineuse de l'âme humaine et une profonde réflexion sur nos angoisses métaphysiques.

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