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Si l'on compare "Les cités de la nuit écarlate" aux romans de la trilogie précédente ("La machine molle", "Le ticket qui explosa", "Nova Express"), on verra que le confort du lecteur y est plus grand. Il y a de larges pans de récit linéaire classique, alors que dans les précédents romans, la technique du brouillage et du "cut-up" rendait la lecture parfois difficile. D'autre part, l'intention idéologique est plus visible ici : les récits mythiques ou réalistes que les personnages traversent sont porteurs d'une utopie libertaire pour les uns, d'un discours légendaire et de SF sur l'origine de la race blanche (un virus faisant muter et dégénérer les noirs) pour les autres. Cependant ce roman est, entre autres, de la bonne science-fiction : il ne prêche pas à la manière française, mais entremêle ces thèmes à d'autres dans un ensemble esthétique réussi où l'ironie ne manque pas (qu'on le compare à un Bordage, par exemple). Ce qui est le plus fascinant dans ce roman d'aventures, mêlant pirates, agents secrets, voyageurs temporels, touristes, etc, c'est l'instabilité des temps et des identités : non seulement les mêmes personnages se retrouvent dans des époques différentes, mais ces personnages voyagent d'une identité à l'autre, d'un corps à l'autre. Nulle difficulté de lecture, je le répète : un glissement fascinant de récit en récit, de héros en héros, un véritable voyage et un très beau poème romanesque. Enfin, une vraie réflexion et un vrai travail sur le roman en tant que forme, alors que les auteurs idéologues adoptent passivement la forme pour la mettre au service de leur propagande. A lire.
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Je viens de finir < Les cités de la nuit écarlate > de W.Burroughs. Lecture sans fin, sans début, sans ordre, tout en vibrations spontanées et en situations aussi autonomes que sensiblement liées les unes aux autres.
Si la trame narrative est bien présente, se fondant sur l'Idée d'un cosmos bien particulier où pirates, pirates travestis notamment, insurgés,homosexuels, personnages atypiques, camés, tous brillants pour leur vivacité d'esprit, renverseraient non pas le monde mais l'ordre spatial, Burroughs régale ici pour son amour de l'imagerie et sa conquête des ressources pures du langage, déconnectées de toute intrigue.
Ce livre ne se résume pas. Il ne se lit pas non plus mais s'absorbe. C'est un voyage passionné et passionnant au coeur d'un imaginaire si cher à cet auteur que j'admire profondément, notamment pour ses audaces poétiques ( < Ces petits jeunes, ils veulent tous aller à Waghdas, à cette heure, pour trouver les réponses ! Je leur dis en vain que chaque fois qu'on trouve une réponse, on trouve six nouvelles questions en dessous, comme les lutins qu'on trouve sous les champignons > )
Je n'en dirai pas plus si ce n'est que j'ai osé imaginer Burroughs sous le coup d'une forte émotion au mot de la fin. Comme je l'ai été.
Ps : Heroin des Velvet est idéal pour s'imprégner de la substance quasi organique du livre dans son ensemble, en fin de lecture. ( < I dont know just where i'm going> : voyage spatio temporel non défini sur fond de sublimes dispersions )
A bon entendeur...
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Des quelques livres que j'ai réussi à attraper au vol, celui-ci est l'un des plus abordables, avec Junky et Le Festin nu. Pourquoi abordable ? Burroughs est un adepte de la technique du cut-up, qui consiste à "prendre des petits bouts de truc et puis les assembler ensemble". Il fait du patchwork, quoi, en prenant ici et là, en aiguisant ses mots comme un couteau de boucher pour égorger les âmes sensibles et en profiter pour rajouter quelques milliers de scènes de cul à tous les étages. En dehors de ça, il lui arrive aussi d'écrire des histoires avec une vraie structure (ou presque), des phrases complètes et une certaine logique.

Dans Les cités de la nuit écarlate, qui est le premier tome d'une trilogie, il met en scène plusieurs époques, plusieurs lieux et personnages, avec une idée principale : baisez à outrance et droguez-vous pour une vie meilleure, et que vive l'utopie pirate. Il y a de la matière, du début à la fin, et ça marche : on accroche. Que ce soit sur un navire de jeunes pirates finis à l'opium, ou dans des cités où règnent l'art de la potence, de l'aphrodisiaque et du féminisme ; que ce soit ce détective privé qui maîtrise l'art de la sorcellerie pour retrouver de jeunes garçons perdus, ou ceux-là qui organisent des rituels pour ressusciter dans le corps de nouveaux-nés pour vivre éternellement, Burroughs sait capter l'attention et poser de vrais décors. le seul reproche, peut-être, c'est qu'au fur et à mesure de l'histoire, on oublie certains personnages pour se consacrer à d'autres, alors même qu'on aimerait bien les revoir plus souvent, et qu'on s'y perd un peu parfois, car il n'est jamais précisé de qui il est question aux débuts de chapitre.

Je le conseille vraiment pour ceux à qui Burroughs ne fait pas trop peur, et celui-là surtout pour commencer à se lancer dans son oeuvre dérangeante. Si j'ai l'occasion, en tout cas, je continuerai la trilogie. Et le prochain sur ma liste ? Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines, ne serait-ce que pour le titre, mais aussi parce qu'il est en collaboration avec Jack Kerouac. A suivre, donc.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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« Les captifs torturés seront servis avec les condiments et les confiseries les plus délicieux: cervelles crues encore toutes vibrantes à la sauce piquante, testicules confits, pénis à la sauce aigre-douce, rectum bouillis au chocolat »

Si ça vous allèche, ce roman est fait pour vous!

C'est vrai, il est plus aisé à suivre que « Le festin nu », même assez abordable à lire. Burroughs disait de ce propre livre:

« Oui, c'est utopique d'un certain point de vue puisque des pirates s'emparent du continent américain et créent le monde qu'ils désiraient. Mais d'autres ne pourront pas les considérer comme ayant des fins purement utopiques… »
(Colloque de Tanger).
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Difficile à aborder. Il faut se battre pour le lire, l'achever.
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Un livre impossible à lire, à décrire.
Un livre dont je ne me sépare pas.
Un livre qui trône bien visible au milieu des autres.
Un livre qui a participé à ma construction.
Un livre dans un sale état car il suit mes errances.
Un livre que je relis pourtant comme une piqure de rappel.
Sans oublier Jérôme Bosch.
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On y retrouve ici tous les ingrédients qui firent le succès de William Burroughs et qui l'érigèrent comme un des plus grands écrivains de la littérature américaine.
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