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EAN : 9782258162839
480 pages
Presses de la Cité (28/02/2019)
  Existe en édition audio
3.74/5   2271 notes
Résumé :
Les plus belles histoires d'amour ne meurent jamais.

Les plus belles histoires d’amour ne meurent jamais.
Elles continuent de vivre dans nos souvenirs et les coïncidences cruelles que notre esprit invente.
Mais quand, pour Nathy, ces coïncidences deviennent trop nombreuses, doit-elle croire qu’il n’y a pas de hasard, seulement des rendez-vous ?
Qui s’évertue à lui faire revivre cette parenthèse passionnelle qui a failli balayer sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (357) Voir plus Ajouter une critique
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sur 2271 notes
Prenez l'avion, prenez une machine à remonter dans le temps, embarquez Musso et Lévy et n'oubliez pas les zestes de guimauves pour essuyer larmes ou pitié allez savoir d'un pierrot cocu et d'un conquistador éploré sur sa route en solitaire.

L'avion c'est pour Nathalie, hôtesse de l'air. La machine c'est pour ces allers retours obligés entre 1999 et 2019. On reprend l'avion, Nathalie et on rajoute les mêmes ingrédients. Faute à une pierre magique, un talisman reçu de la main d'une gitane. Ça c'est pour le côté mystique, faut bien que le côté fantastique reste crédible sinon on embarquerait avec Marty Mc Fly ou Harry Potter.
La guimauve je l'aime bien chez Musso, ce n'est pas dégoulinant et on ne s'en met pas pleins les doigts. Bussi a dû ralêcher les doigts de son pote Musso pour en parfumer son dernier opus. Il y a comme une effusion de Seras-tu là par ici... enfin je trouve.

C'était pourtant pas si mal au début. Ces machins-choses autour des coïncidences, pourquoi pas, c'est vrai que la vie est pleine de bip bip, c'était donc pas si mal. Puis arrive dans ce même avion un troubadour, casquette écossaise, boucles d'ange et la jolie hôtesse, elle craque. Même si elle est mariée et mère d'une adorable fillette. Et là, l'avion il se crash et on boit la tasse. Longueurs à n'en plus finir, je t'aime mais oui mais non, je suis mariée mais pas tant que ça, je suis un musicien raté tant que j'ai pas ma muse, et pendant ce temps là, le cocu reste le dindon de la farce.

Je ne me montre pas plus sévère car malgré tout, j'ai apprécié le début, j'ai plutôt même bien accroché à la fin même avec tout le tralala des violons, mais apprécier 100 pages sur 476, c'est pas terrible terrible. Bussi et moi, ça n'a jamais vraiment commencé et cela va s'arrêter là.
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🎶 Vertige de l'amour
J'ai crevé l'oreiller
J'ai dû rêver trop fort...🎶

J'avais zappé l'avant-dernier livre de l'auteur, le titre de ce dernier me tentait, alors...décollage !

Pendant le tiers du roman, je n'ai pas vraiment décollé, en fait. Ni rêvé, hélas ! Encore moins trop fort...Bon, d'accord, deux périodes temporelles , 1999 et 2019 , qui semblent se télescoper, c'est intrigant. Et on sait que Michel Bussi aime placer ses intrigues sous le signe du temps. Mais le fait que le livre hésite sans arrêt entre" La machine à remonter le temps" et " Quand Nathy rencontre Ylian" m'a quelque peu agacée. Nous suivons les étranges coïncidences liées aux différents vols de Nathalie, hôtesse de l'air , la pagaille dans la tête, car certaines phrases énigmatiques nous dérangent.

Ensuite, évidemment, on veut savoir: magie? Folie? Manipulation? Et on s'accroche. Mais c'est long , malgré le talent de l'auteur pour nous maintenir en haleine, et cette quête éperdue d'un passé amoureux ne m'a pas du tout touchée. Les personnages non plus. J'ai eu l'impression de plonger dans un romantisme de pacotille... Tout m'a paru factice, truqué.

La fin est comme souvent chez l'auteur précipitée et peu vraisemblable. Moi qui ai tant aimé " Nympheas noirs", je suis vraiment déçue ! Pourtant, les avis des babeliotes sont plutôt positifs. Je ne me fais en tout cas aucun souci pour Michel Bussi, il connaitra encore le succès avec ce dernier opus. En ce qui me concerne, le vertige de l'amour, je l'ai davantage en écoutant Alain Bashung...
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Décoller en compagnie d'une hôtesse d'Air France vers Montréal, San Diego, Barcelone et Jakarta permet à Michel Bussi de nous mener dans les restaurants et boites de nuit emblématiques de ces villes. Y croiser un artiste prometteur et séduisant nous offre quelques pages style Harlequin qui permettent à l'auteur de toucher au coeur un lectorat féminin, garantie de gros tirages et de nombreuses traductions. Quelques guides touristiques permettent ainsi de noircir le papier allègrement …

J'avoue m'être un peu impatienté au long de ces chapitres car il faut atteindre la seconde moitié du roman pour découvrir, ENFIN, des enlèvements et des tentatives d'assassinats, retrouver le romancier apprécié depuis des années et plonger dans les trafics des personnels volants et les arcanes du show-biz, avant d'être emporté par un extraordinaire tsunami final. Chapeau l'artiste !

Comme Patrick Modiano, Michel Bussi est hanté par la quête de la parentalité et, en bon détective, traque et conserve le moindre indice afin de tracer les individus et reconstituer leurs généalogies. L'infidélité, l'absence, l'abandon sont les briques de leurs autofictions.

« J'ai du rêver trop fort » aborde, sous un ton badin, le drame des mères porteuses contraintes d'abandonner leur enfant au lendemain de l'accouchement … saisissant prolongement de « N'oublier jamais » qui montre les traumatismes d'une Fécondation In Vitro.

Cette réflexion sur les fondements même de notre civilisation et sur les racines de l'écologie humaine est, mon avis, la qualité principale de ce roman qu'il ne faut pas classer trop vite au rayon « roman policier ».

Car dans la catégorie polars je préfère nettement « Un avions sans elle », « Nymphéas noirs », « Maman a tort » ou « Gravé dans le sable »
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A l'heure où je prends la plume (enfin la souris), Michel Bussi est déjà en tête des ventes depuis plusieurs semaines (en fait, dès la sortie du livre) et certainement en train d'écrire les deux romans suivants. Il se moque probablement de mon avis et du petit conseil que j'ai à lui donner... celui de faire un bon break, de mettre un peu plus de temps entre deux romans afin de peut-être espérer retrouver l'inspiration, la vraie. Produire un roman par an c'est déjà un rythme de dingue (voir ce que cela produit sur Amélie Nothomb...) mais en plus avec ce qui est sa marque de fabrique, le twist déstabilisant, c'est une gageure de penser qu'on peut faire mouche à tous les coups. Je ne suis pas de ceux qui se pincent le nez quand on prononce son nom. J'ai quand même pris un gros pied avec Nymphéas noirs, je ne l'oublie pas. Mais je me méfie de la récurrence et de ce rythme de dingue. du coup, je ne les lis pas tous. J'avais été très agréablement surprise par On la trouvait plutôt jolie, l'an dernier, plus ambitieux sur le fond et hyper efficace dans la forme. Honnêtement je n'avais pas l'intention de lire celui-ci. Mais on me l'a gentiment offert lors d'une sympathique soirée de lancement en présence de l'auteur (très sympa lui aussi), alors...

Alors, je l'ai trouvé tarte. Mais vraiment tarte. Au début j'ai pensé que l'auteur s'amusait de façon parodique à se glisser dans un genre de littérature qui flirte avec la collection Harlequin. Après tout, le cliché de l'hôtesse de l'air un peu naïve qui tombe raide dingue amoureuse d'un apprenti musicien alors qu'il chatouille les cordes de sa guitare dans le hall de l'aéroport, ça pouvait être amusant de jouer avec. Mais ce n'est pas un jeu. C'est l'histoire et on en prend pour 480 pages. Parce que forcément, quand on connait Bussi on se dit qu'à un moment ça va basculer et que, même si c'est à la page 400 on sera amplement récompensé de s'être accroché à suivre cette histoire d'amour sans consistance. Pas de chance, ça s'aggrave. Il n'y a pas vraiment de twist, et la révélation finale est tellement abracadabrante que je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler. J'ai bien compris ce qu'il essayait de faire avec son parallèle temporel et son lot de coïncidences et oui, ça m'a bien intriguée quelques secondes. Mais l'histoire et les personnages manquent tellement de fond qu'il m'a été impossible de me laisser faire. Quelle différence avec par exemple Maman a tort où la psychologie des personnages et la mécanique de la mémoire étaient tellement fouillés que ça devenait captivant. Là, on a juste envie de coller une claque à Nathy pour la réveiller et puis passer à autre chose.

Donc, j'aurais mieux fait de suivre mon instinct et de faire l'impasse. D'ailleurs, c'est ce que je vais faire pendant un moment, le temps que monsieur se régénère. C'est vrai qu'il a quand même produit son meilleur en début de carrière (Nymphéas noirs, donc) ce qui n'est pas simple, mais il a sorti des choses tout à fait honorables depuis. Puisqu'il aime bien le dire en chansons (mais là quand même, le pauvre Bashung n'a pas hérité du meilleur), pour l'instant, sur l'air de "Capri"... Bussi... c'est fini...
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Est-ce la lassitude, la répétitivité des intrigues, ou le (gros) côté fleur bleue de ce roman, mais j'ai tendance à moins apprécier les derniers Bussi.

Nathy, hôtesse de l'air d'Air France, a réussi à concilier sa vie professionnelle, rythmée par les escales et les hôtels, et sa vie personnelle. Son mari Olivier est ébéniste. Ils ont une maison en bord de Seine, deux filles épanouies. L'aînée est mère de deux jumeaux assez agités, la cadette est encore à la maison, mais communique plus avec son smartphone qu'avec sa mère. Une vie bien remplie...
Mais Nathy porte encore douloureusement en elle le souvenir d'une rencontre qu'elle fit en 1999 lors d'une escale à Montréal. Un jeune guitariste, Ylian, talentueux, mais manquant de confiance en lui, avait tourneboulé son coeur. D'autant qu'elle l'avait plusieurs fois recroisé, renforçant ainsi son attirance. Pour préserver sa famille, elle avait fini par mettre un point définitif à cette romance.
Voilà qu'en 2019, le destin lui joue des tours. Son planning du mois est la réplique de celui qui lui fit croiser et recroiser Yl (diminutif d'Ylian selon Bussi…) vingt ans plus tôt. Les circonstances de son voyage à Montréal ressemblent énormément à celles de 1999. Beaucoup de hasard, trop de souvenirs…

Bussi sait raconter une histoire, pas de doute. Il fait durer un suspense en alternant les chapitres en 1999 avec ceux d'aujourd'hui. D'où la volonté du lecteur de toujours aller plus loin pour découvrir un peu plus l'intrigue.
Intrigue, intrigue… C'est là que le bât blesse. Bussi développe sur plus de quatre cent pages une belle histoire d'amour contrariée. Assez invraisemblable par le fait qu'elle se serait déroulée aux quatre coins du monde dans un court délai. L'accumulation de similarités entre 1999 et 2019 fait que le lecteur devine une intervention humaine. Certes… Mais sans avancée aucune jusqu'aux cent dernières pages. Et les révélations finales ne sont pas renversantes.
Bussi a fait le choix d'écrire un (long) roman sentimental. Qu'est-ce que l'amour ? Peut-on refaire sa vie ? Doit-on même l'imaginer quand le coeur s'emballe, mais que la famille est là ? Voilà à peu prés toute la problématique du récit.
L'histoire séduira un lectorat vibrant à l'unisson de l'héroïne. Les nostalgiques d'un Bussi plus ancré dans le policier et soignant plus ses retournements finaux peuvent eux passer leur tour.
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critiques presse (2)
LeFigaro
07 mars 2019
Un roman à suspense qui nous emmène aux quatre coins du monde [...] Alors que dans Le temps est assassin (2016), Michel Bussi mettait en miroir deux étés meurtriers, dans J'ai dû rêver trop fort, il repousse les lois de la temporalité [...] Son dernier roman est un livre sur la liberté.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
28 février 2019
J'ai dû rêver trop fort, un titre emprunté à la chanson "Vertige de l'amour" d'Alain Bashung, peut se lire à la fois comme un poignant roman d'amour et un thriller machiavélique à l'intrigue bien ficelée comme Michel Bussi en a le secret.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (222) Voir plus Ajouter une citation
2019

J’arrive porte M.

J’essaye de repousser ces souvenirs qui tambourinent dans mon crâne, les uns après les autres, comme s’ils voulaient à nouveau défiler, exister, revivre pour de vrai.

Je parviens tant bien que mal à chasser les images d’avant le décollage, en 1999, le passager pour Chicoutimi, Flo surexcitée, mais pas complètement les accords de guitare. La partie la plus raisonnable de mon cerveau tente de faire preuve d’autorité : Ma belle, arrête de délirer !

Je range la liste des membres d’équipage dans la poche de mon uniforme et je serpente entre les voyageurs qui attendent. Sagement, pour la plupart. Seuls quelques-uns, plus pressés, ou arrivés trop tard pour trouver un siège libre, commencent à former une ligne devant la porte d’embarquement. Les passagers ne monteront pas dans l’avion avant vingt minutes, pourtant je sais d’expérience que petit à petit, les gens se lèveront pour allonger la file d’attente improvisée, au lieu d’attendre patiemment assis.

J’aurais préféré.

Ça aurait été plus simple pour tous les observer.

Je me sens stupide d’être venue jusqu’à la salle d’embarquement, alors que tous les collègues m’attendent déjà en cabine. A dévisager ainsi chaque passager. Aucun, d’ailleurs, ne vient me demander de renseignements, ni pour Chicoutimi, ni pour nulle part. Mon esprit continue de jouer au ping-pong entre passé et présent, obsédé par les coïncidences entre aujourd’hui et il y a vingt ans : un vol Paris-Montréal, avec Flo, qui décolle porte M, piloté par le commandant Ballain, avant d’enchaîner sur L.A. Je tente une nouvelle fois de me raisonner. D’ordinaire, être hôtesse de l’air ne m’empêche pas d’avoir les pieds sur terre.

Ce n’est pas la première fois que je ressens cette impression d’avoir déjà vécu la même scène, dans le même couloir, à la même porte d’embarquement, dans le même avion, avec les mêmes équipages, et de ne plus savoir quelle heure il est, ni qui je suis, ni où je vais, Pékin, Pointe-Noire ou Toronto, surtout quand les vols se répètent trop rapidement et que les jetlags s’accumulent. Oui, elle est fréquente cette sensation de déconnexion, hors sol, hors temps, après l’enchaînement des nuits de vol, en revenant chez moi.

Mais jamais en partant !

Jamais en arrivant de Porte-Joie après cinq jours de repos.

Malgré moi, malgré ce qui me reste du sens des réalités, je scrute chaque visage dans la salle d’embarquement, et plus encore, je me concentre pour écouter chaque son.

Même si je n’ose pas me l’avouer, pas vraiment, je sais ce que je cherche dans cette salle d’attente surpeuplée.

Une casquette écossaise !

Des cheveux bouclés, peut-être aujourd’hui argentés.

Et à défaut de les trouver, entendre une discrète mélodie jouée à la guitare sèche dans un coin de l’aéroport.

Quelle gourde !

Tout en laissant mon regard inspecter le hall, je tente d’apaiser mon trouble. La Nathalie d’aujourd’hui n’a-t-elle rien compris ? N’a-t-elle pas assez souffert ? La Nathy d’il y a vingt ans ignorait ce qui l’attendait… mais pas la Nathalie d’aujourd’hui ! Je ne vais pas laisser les fantômes venir me tirer les pieds pour trois coïncidences ridicules. La porte M du terminal 2E en 2019 n’a rien à voir avec celle de 1999. Des écrans ont surgi partout, géants aux murs ou miniatures, entre les mains des voyageurs. Certains, pour les recharger, pédalent ou les placent dans des box fermés à clé ! Les salles d’embarquement sont devenues des stations-service où l’on fait le plein de batterie avant de partir.

Mes yeux pourtant, malgré moi, poursuivent leur traque, ils se sont posés au moins trois fois sur chaque voyageur… Les jeunes, stupidement, et ceux de cinquante ans, évidemment… Aucun ne lui ressemble, de près ou de loin. Aucun ne porte de guitare ni aucun autre instrument. Aucun ne joue de quoi que ce soit pour les autres. Chacun possède sa propre musique et l’écoute en silence, branché sur ses propres écouteurs.

Le dieu farceur doit avoir épuisé son stock de blagues. Le passé ne revient jamais, même si la vie est truffée de souvenirs qui viennent vous chatouiller. On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, comme disent les Grecs, les Japonais ou je ne sais quel peuple soi-disant empreint de sagesse. On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, même si elle s’écoule aussi lentement que la Seine au bout de mon jardin. La vie est un long fleuve tranquille, avec une cascade de temps de temps, histoire de provoquer quelques petits clapotis, et surtout de ne pas pouvoir la remonter à contre-courant…

So long, Yl…

— Nathy ?

La voix me sort de ma rêverie. Je me retourne. Flo se tient derrière moi. Uniforme impeccable et chignon blond perlé de gris, quelques rides en plus depuis notre dernier vol pour Kuala l’hiver dernier, mais excitée comme une ado qui va faire son premier tour de moto.

— Nathy, répète Flo, qu’est-ce que tu fais ? Viens vite. Tu ne devineras jamais !

— Quoi ?

— Y a Robert dans l’avion.

Robert ?

Je veux répondre mais le prénom se bloque dans ma gorge.

Robert ?

Tous les traits de mon visage se paralysent. Comme je peux, je m’accroche à ma valise. Flo remarque que je titube, elle éclate de rire et me soutient en posant ses mains sur mes épaules.

— Oui ! Robert Smith, ma grande ! Le chanteur des Cure.Je te jure, il vit encore ! Ils tournent encore, ils sont dans l’avion ! Putain, Nathy, j’ai l’impression d’avoir vingt ans de moins !

.......

J’ai encaissé le choc. En apparence du moins. Les millions de kilomètres passés à somnoler à côté du cockpit aident à fonctionner en mode sourire automatique. J’ai suivi Flo jusqu’à l’Airbus, les jambes en coton, et je me suis appuyée à la carlingue pour accueillir chaque passager de la classe économique, laissant à Flo le soin de s’occuper de la business et de ses ex-stars de la pop anglaise qui jouent au Métropolis, la salle de concert historique de Montréal, dans trois jours. Le lendemain de notre retour.

Mon cœur continue de battre à une vitesse supersonique alors que j’écoute Jean-Max débiter son baratin en prenant l’accent québécois : « Ici le commandant Ballain, attachez vos ceintures les chums, on a fini de gazer, ça va clancher. »

Une bonne blague du pilote fait davantage pour la réputation de la compagnie qu’un bon plateau-repas, paraît-il. Les passagers rient de bon cœur. Les hôtesses qui volent avec Jean-Max pour la première fois aussi, subjuguées par l’humour du commandant poivre et sel. Seuls Georges-Paul, Flo et Sœur Emmanuelle, les plus expérimentés des navigants, jouent les blasés. Georges-Paul envoie un dernier message sur son portable, Flo rajuste son chignon avant de retourner servir le champagne à ses rock stars oubliées, tandis que Sœur Emmanuelle frappe dans ses mains.

Au boulot !

J’exécute la pantomime des consignes de sécurité, affublée de mon masque de Dark Vador, parfaitement coordonnée avec Georges-Paul et Charlotte, ma petite stagiaire protégée. Nous avons intérêt à ne pas nous planter dans la chorégraphie, Sœur Emmanuelle nous surveille avec la raideur d’une maîtresse de ballet. Elle est la dernière des chefs de cabine à considérer que le rappel des consignes présente un intérêt. Je suis certaine que si elle pouvait, elle interdirait les portables, la lecture de magazines et même les conversations privées pendant que les hôtesses les miment. Ou bien elle préviendrait les passagers qu’après l’exposé, y a interro pour vérifier si tout le monde a bien écouté.

Le rappel des consignes de sécurité, sous le contrôle de Sœur Emmanuelle, dure deux fois plus de temps que d’ordinaire, mais permet, petit à petit, aux battements de mon cœur de s’apaiser.

Je continue d’occuper mes pensées en m’activant dans les allées, je rassure un enfant qui pleure, je déplace un voyageur compréhensif pour que deux amoureux séparés puissent voyager ensemble, je m’assois enfin avant que l’Airbus décolle et que Jean-Max annonce « Ostie, restez assis, le char va décoller ! ».

Ma respiration retrouve un rythme normal alors que l’avion s’éloigne de Paris. Georges-Paul précise que nous sommes déjà au-dessus de Versailles. Ceux qui l’entendent se penchent vers le hublot pour vérifier, et confirment, impressionnés.
Je suis à peu près apaisée, je crois, mais la voix de Flo continue de cogner en écho dans mon cerveau : Y a Robert dans l’avion ! Robert Smith, ma grande ! Le chanteur des Cure. Je te jure. Je n’arrive pas à distinguer si ces mots sont ceux d’il y a vingt minutes, ou ceux d’il y a vingt ans. Je n’ai plus envie de jouer au jeu des probabilités, je me contente d’ajouter cette nouvelle coïncidence à la liste des précédentes : un vol Paris-Montréal, piloté par Jean-Max Ballain, accompagnée par Florence… et le groupe Cure au grand complet en business class ! Une seule de ces coïncidences aurait dû suffire à me rendre folle. Peut-être, au fond, est-ce leur accumulation qui m’aide à continuer de chercher une explication, à me dire que je suis victime d’une caméra cachée, ou d’une mauvaise blague, ou d’une hallucination. Que tout ça n’est qu’un simple concours de circonstances, une de ces anecdotes incroyables qui n’arrivent qu’une ou deux fois dans une vie et qu’ensuite, quand tout s’est calmé, on aime transformer en bonne histoire à raconter.

A qui ? A qui pourrais-je la raconter ?

La raconter, ce serait avouer. Avouer l’effroyable. Avouer ma malédiction. Celle que j’ai emmurée, pendant toutes ces années.



L’avion ronronne maintenant, flottant au-dessus d’une mer de nuages. Je me lève, je sers les plateaux-repas, je rapporte des couvertures supplémentaires, j’explique comment on baisse les sièges, comment on éteint les lumières, puis je laisse l’avion se taire. Plonger dans le noir et le silence.
Assise seule à l’arrière de l’appareil, la tête appuyée contre le rideau du hublot, je me perds dans mes pensées. Je me persuade qu’il reste une différence entre le vol de 1999 et le vol d’aujourd’hui, une différenc
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Laisse-moi un peu de toi
Une tranche, une branche, un pétale de ta fleur
Une miette, trois paillettes, un petit bout de ton cœur
Une part, de ton regard
Un éclat, de ta voix
Une larme, de ton charme
Une goutte pour la route
Un morceau, de ton dos
Un chouïa, de tes bras
Une miette, d’oreillette
Une particule, de ventricule
Un petit bout de ton cœur
Une miette, trois paillettes,
Un pétale de ta fleur
Une partie de ta vie
Une miette de ta tête
Un morceau de ton cerveau
Un extrait de tes traits
Un soupçon de ton front
Une ride, avant le vide
Un pour cent de ton sang
Rien qu’une goutte pour ma route,
Ma déroute, rien qu’une goutte
Une tranche, une branche, un pétale de ta fleur
Une miette, trois paillettes, un petit bout de ton cœur
Mais laisse-moi un peu de toi.
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Pourquoi crois-tu que l’on enterre les gens, Nathy? Qu’on jette de la poussière sur les cercueils avant de les recouvrir de terre ? Pourquoi crois-tu qu’on supporte ça, nos amis, nos amours, nos parents, nos enfants dans un trou ? Pour être sûrs qu’ils ne reviendront pas. Pour être sûrs que c’est fini. Pour ne pas vivre avec en tête cette folie. Et s’il restait un espoir de les revoir ? Ce qui est impossible ne rend pas malheureux. On ne souffre que de ce qui est possible mais qui n’arrive jamais.
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Son pouce dans le bas de mon dos appuie plus fort, ses autres doigts descendent encore, m'invitent doucement à m'ouvrir pour recueillir la rosée de mon désir.
- Sais-tu ce que font les marins ?
- Ils ont une maîtresse dans chaque port ? Ou un amant, quand ce sont des navigatrices ?
Le plus grand des doigts d'Ylian a fait la loi, et seul, se glisse en moi.
- Quand ils ont vogué plus de cinq mille milles, ils se tatouent une hirondelle. Elle est le symbole de leur liberté. Je vais me tatouer une hirondelle, Ylie. Pour toi. Une hirondelle comme preuve de notre amour eternel.
Ma tête remonte de quelques centimètres. J'envoie mon oreille écouter au puits du nombril d'Ylian, mes lèvres veulent prendre la place. Je les ouvre une dernière fois...
- Je ne veux pas me contenter d'un soir. Je veux te revoir.
... avant de laisser ma bouche accueillir le feu de son désir.
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12 septembre 2019

— J’y vais.

Olivier est assis devant la table de la cuisine, les mains jointes en porte-gobelet autour de sa tasse de café ; son regard traverse la fenêtre et le porte bien plus loin, bien au-delà des confins du jardin, bien au-delà de l’atelier, jusqu’aux brumes de la Seine. Il me répond sans même se tourner vers moi.

— Tu es vraiment obligée ?

J’hésite. Je me lève et tire la jupe de mon uniforme. Je n’ai pas envie d’engager une longue conversation. Pas maintenant. Pas le temps. Je me contente de sourire. D’ailleurs, lui aussi. C’est sa façon de poser les questions sérieuses.

— Je suis convoquée à Roissy, terminal 2E, à 9 heures. Faut que je passe Cergy avant l’ouverture des bureaux.

Olivier n’ajoute rien, ses yeux suivent les courbes du fleuve, les caressent du regard comme pour en apprécier la perfection infinie, au ralenti, avec cette même patience qu’il prend pour évaluer l’arrondi d’une tête de lit, la cambrure d’une commode dessinée sur mesure, l’angle des poutres d’une pièce voûtée. Cette intensité avec laquelle il me regarde toujours, quand je sors de la douche et me glisse dans le lit. Cette intensité qui à cinquante-trois ans me rend belle, encore, à m’en faire frissonner. Dans ses yeux. Dans ses yeux uniquement ?

Tu es vraiment obligée ?

Olivier se lève et ouvre la porte-fenêtre. Je sais déjà qu’il va avancer d’un pas et jeter les miettes du pain d’hier à Geronimo, le cygne qui a construit son nid au bout de notre allée, sur les berges de la Seine. Un cygne apprivoisé qui défend son territoire, et par la même occasion le nôtre, mieux qu’un rottweiler. Nourrir Geronimo, c’est le rituel d’Olivier. Olivier aime les rituels.

Je devine qu’il hésite à me reposer sa question, cette question rituelle à chaque fois que je m’en vais :

Tu es vraiment obligée ?

Depuis le temps, j’ai compris que cette question d’Olivier ne se résume ni à un trait d’humour un peu répétitif, ni à me demander si j’ai deux minutes pour prendre un café avant de filer. Son Tu es vraiment obligée ? va bien au-delà, il signifie, tu es vraiment obligée de continuer ce foutu boulot d’hôtesse de l’air ?, de nous quitter quinze jours par mois, de continuer à parcourir le monde, de vivre en décalé, Tu es vraiment obligée ?, maintenant que la maison est payée, maintenant que les filles sont élevées, maintenant que nous n’avons plus besoin de rien. Tu es vraiment obligée de garder ce travail-là ? Olivier m’a posé la question cent fois : qu’ont-ils de plus, les chalets des Andes, de Bali ou du Canada, que notre maison de bois que j’ai construite pour vous de mes dix doigts ? Olivier m’a proposé cent fois de changer de métier : tu pourrais travailler avec moi à l’atelier, la plupart des femmes d’artisan s’associent à leur mari. Tu pourrais faire la comptabilité ou le secrétariat de la menuiserie. Plutôt que de claquer notre fric à payer des sous-traitants incompétents…

Je sors de mes pensées et prends ma voix enjouée de business class.

— Allez, faut pas que je traîne !

Pendant que Geronimo se gave de baguette tradi aux céréales, je suis des yeux la course d’un héron cendré qui s’envole au-dessus des étangs de la Seine. Olivier ne répond pas. Je sais qu’il n’aime pas le bruit des roulettes de ma valise sur son parquet d’épicéa. Ma petite colère régulière gronde dans ma tête. Oui, Olivier, je suis obligée ! Mon job, c’est ma liberté ! Tu restes et je pars. Tu restes et je reviens. Tu es le point fixe et moi le mouvement. On fonctionne ainsi depuis trente ans. Dont vingt-sept avec un anneau au doigt. Dont presque autant en élevant deux enfants. Et plutôt bien, tu en conviens ?

Je monte l’escalier pour prendre mes bagages dans notre chambre. J’en soupire d’avance, mais Olivier pourrait me torturer à la varlope ou la chignole, jamais je ne lui avouerais à quel point ça me saoule de charrier cette foutue valise dans tous les escaliers, escalators et ascenseurs de la planète. A commencer par les dix marches de notre chalet. Tout en les gravissant, je visualise dans ma tête mon planning du mois, Montréal, Los Angeles, Jakarta. Je me force à ne pas penser à cette invraisemblable coïncidence, même si malgré moi, les années défilent et me ramènent vingt ans en arrière. J’y réfléchirai plus tard, quand je serai seule, au calme, quand…

Je bute contre ma valise et manque de peu de m’étaler sur le parquet de la chambre.

Mon armoire est ouverte !

Mon tiroir est entrouvert.

Pas celui de mes bijoux, pas celui de mes écharpes, pas celui des produits de beauté.

Celui de mes secrets !

Ce tiroir qu’Olivier n’ouvre pas. Ce tiroir qui n’appartient qu’à moi.

J’avance. Quelqu’un l’a fouillé, j’en suis immédiatement persuadée. Les bibelots, les petits mots d’enfant de Laura et Margot ne sont pas rangés à leur place. Les bleuets et épis de blé séchés, ramassés dans le champ de mon premier baiser, sont émiettés. Les Post-it roses d’Olivier, Tu me manques, bon vol, ma fille de l’air, reviens vite, sont dispersés. Je tente de me raisonner, peut-être me fais-je des idées, troublée par cet étrange enchaînement de destinations, Montréal, Los Angeles, Jakarta. Peut-être est-ce moi qui ai tout mélangé, comment pourrais-je m’en souvenir, je n’ai pas ouvert ce tiroir depuis des années. Je commence presque à m’en persuader quand un reflet brillant attire mon regard, sous le tiroir, sur une lame du parquet. Je me penche, écarquille les yeux sans y croire.

Mon galet !

Mon petit galet inuit. A priori, il n’a pas bougé de mon tiroir depuis près de vingt ans ! Il y a donc peu de chances qu’il ait sauté tout seul sur le plancher. Ce caillou de la taille d’une grosse bille est la preuve que quelqu’un a mis son nez dans mes affaires… récemment !

Je peste tout en glissant le galet dans la poche de mon uniforme. Je n’ai pas le temps d’en discuter avec Olivier. Pas plus qu’avec Margot. Ça attendra. Après tout, je n’ai rien à cacher dans ce tiroir, seulement des souvenirs délaissés, abandonnés, dont personne d’autre que moi ne connaît l’histoire.

En sortant de la chambre, je passe la tête dans celle de Margot. Ma grande ado est allongée sur son lit, portable calé sur l’oreiller.

— J’y vais.

— Tu me ramènes des Coco Pops ? J’ai vidé le paquet ce matin !

— Je ne vais pas faire les courses, Margot, je vais travailler !

— Ah… et tu reviens quand ?

— Demain soir.

Margot ne me demande pas le nom de ma destination, ne me souhaite pas bon courage, et encore moins bon voyage. Elle remarque à peine désormais quand je ne suis pas là. Elle roule presque des yeux étonnés le matin quand elle me découvre au bout de la table du petit déjeuner, avant qu’elle ne file au lycée. Ça non plus, je ne l’avouerai pas à Olivier, mais à chaque nouvelle mission remonte la nostalgie de ces années, pas si lointaines, où Margot et Laura pleuraient à s’en rendre hystériques à chacun de mes départs, où Olivier devait les arracher à mes bras, où elles passaient leurs journées les yeux au ciel pour apercevoir maman, et guettaient mon retour devant la plus haute fenêtre montées sur un escabeau spécialement conçu par papa, où je n’apaisais leur détresse qu’à coups de promesses. Leur rapporter un cadeau du bout du monde !
.......

Ma petite Honda Jazz bleue file au milieu des champs nus grillés par un gros soleil orange. Cent vingt kilomètres de nationale séparent Roissy de notre chalet de Porte-Joie. Une route à camions, que je ne m’amuse plus depuis longtemps à doubler. Olivier prétend que j’irais plus vite en péniche. C’est presque vrai ! Depuis trente ans, j’ai emprunté la nationale 14 à toutes les heures du jour et de la nuit, avec dans les jambes des vols de douze heures et dans la tête des jetlags d’au moins autant. Certains ont peur de l’avion, j’ai pourtant connu bien plus de frayeurs sur ce tapis gris déroulé à travers le Vexin que sur tous les tarmacs de la planète où j’ai décollé ou atterri, pendant trente ans, à raison de trois ou quatre vols par mois. Trois ce mois.

Montréal du 12 au 13 septembre 2019

Los Angeles du 14 au 16 septembre 2019

Jakarta du 27 au 29 septembre 2019

Je ne vois rien d’autre de la route nationale que le carré de tôle gris d’un camion hollandais qui respecte scrupuleusement les limites de vitesse devant moi. Pour m’occuper, je me livre à un calcul compliqué. Un calcul de probabilités. Mes derniers souvenirs de probas remontant au lycée, donc à l’âge de Margot, c’est loin d’être gagné. Combien Air France, au départ de Roissy, propose-t-il de destinations long-courriers ? Plusieurs centaines au moins ? Je choisis la fourchette basse et j’arrondis à deux cents. J’ai donc une chance sur deux cents de me retrouver à Montréal… Jusque-là, rien d’étonnant, j’y suis retournée deux ou trois fois depuis 1999. Mais quelle est la probabilité d’enchaîner Montréal et Los Angeles ? Même si je suis une cancre en maths, le résultat doit ressembler à quelque chose comme 200 fois 200. Je tente de visualiser les chiffres sur le tableau gris du fond du camion, pile devant moi. On doit monter à une série de quatre zéros, donc une chance sur plusieurs dizaines de milliers… Et si on ajoute une troisième destination consécutive, Jakarta, la probabilité grimpe donc à 200 fois 200 fois 200. Un nombre à six zéros. Une chance sur plusieurs millions d’enchaîner les trois vols le même mois ! C’est à la fois totalement incroyable… et pourtant écrit noir sur blanc sur la feuille envoyée par les gars du planning…. Montréal, Los Angeles, Jakarta… Le tiercé dans l’ordre !

Juste avant la montée de Saint-Clair-sur-Epte, le Hollandais se range sur un parking, sans doute pour aller prendre son petit déjeuner dans un routier. Ma Jazz se sent soudain pousser des ailes. J’appuie sur l’accélérateur tout en continuant d’aligner les zéros dans ma tête.

Le tiercé dans l’ordre… Après tout, une chance sur un million, ça reste une chance… Celle à laquelle s’accroche chaque joueur qui noircit une grille de Loto. R
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