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EAN : 9782266282437
304 pages
Pocket (04/01/2018)
  Existe en édition audio
3.6/5   1115 notes
Résumé :
Voilà treize jours qu’Ariane a posé ses valises dans cette villa de la côte d’Albâtre. Pour elle et sa fille de 3 ans, une nouvelle vie commence. Mais sa fuite, de Paris à Veules-les-Roses, en rappelle une autre, plus d’un siècle plus tôt, lorsqu’une fameuse actrice de la Comédie-Française vint y cacher un lourd secret. Se sentant observée dans sa propre maison, Ariane perd peu à peu le fil de la raison…

Bienvenue au pays de Caux, terres de silences, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (205) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 1115 notes

Quelques mois plus tôt ...

Ca faisait plus d'une heure que je faisais du stop, en marchant à côté de la départementale 982, à l'ouest de Rouen, quand enfin une voiture s'est arrêtée.
Il était temps. Je commençais à avoir une crampe au pouce. Je ne sais pas si le temps pluvieux de Normandie est juste une légende urbaine mais en tout cas je suis complètement trempé.
La vitre se baisse et l'homme au volant me demande :
- Vous allez où monsieur ?
- Bonjour, je dois me rendre à Flers. Je ne suis même pas sûr d'être sur la bonne route, je suis complétement pommé.
- Ce n'est vraiment pas la porte à côté dîtes moi ! Ecoutez, je me rends à Caen en fin de journée, je pourrais déjà vous rapprocher. Mais avant je dois faire quelques recherches dans les environs dans le cadre de mon futur livre. Si ça ne vous dérange pas de sillonner le pays De Caux, montez !
- Vous n'êtes pas un pervers ou un psychopathe au moins ?
- Non. Mais si j'en étais un je ne vous le dirais probablement pas.

- Ca vous dérange si je mets un peu de musique ?
- Ben non, c'est votre voiture et c'est déjà bien aimable à vous de vous être arrêté.
Le lecteur CD enchaîne alors les chansons, à commencer par un avion sans aile de Charlelie Couture : Comme un avion sans aile / J'ai chanté toute la nuit / J'ai chanté pour celle / Qui ne m'a pas cru toute la nuit ...
Puis ça a été le tour de Mistral gagnant de Renaud : Enfin il faut aimer la vie / Et l'aimer même si le temps est assassin / Et emporte avec lui le rire des enfants / Et les mistrals gagnants ...
Suivi du tube de Mylène Farmer en 1984 : Un maman a tort / Deux c'est beau l'amour / Trois l'infirmière pleure / Quatre je l'aime...
On a également eu droit à la chanson de Pierre Perret, Lily : On la trouvait plutôt jolie, Lily / Elle arrivait de Somalie Lily / Dans un bateau plein d'émigrés / Qui venaient tous de leur plein gré ...
Des titres qui me rappellent quelque chose, qui ont un lien. Je l'ai sur le bout de la langue. Je regarde le conducteur plus attentivement et les engrenages se mettent en place.
C'est Michel Bussi ...
J'essaie de rester calme, de ne pas me changer en fan hystérique ou pétrifié d'intimidation. Auteur parfois décrié, j'ai beaucoup aimé pour ma part la majorité de ses romans.
Peut-être que le mieux, c'est de faire comme si de rien n'était.

Nous arrivons rapidement dans la petite commune de Touffreville-les-Corbeline où a justement lieu la brocante annuelle. Michel se gare à proximité, et je l'accompagne, regardant principalement les livres d'occasion, à la recherche de la perle rare. Genre Sang famille, actuellement le roman le plus dur à trouver de l'écrivain et l'un des seuls que je n'ai pas encore lus.
- Vous saviez que dans la région on appelle ces évènements des foires-à-tout ?
- Je connaissais le terme mais j'ignorais qu'il était principalement utilisé par ici. Et qu'est-ce qu'on doit chercher exactement ?
- J'ai juste une idée de nouvelle, qui s'appellerait "Vie-de-grenier", mais je recherche l'inspiration, je dois m'imprégner des lieux, pour rendre au mieux cette ambiance, décrire ces rues et ces chineurs à la recherche de bonnes affaires ou d'antiquités, et trouver une chute qui soit à la fois originale et réaliste. C'est un peu ma marque de fabrique, que ce soit dans mes romans ou mes nouvelles. Ce qu'on appelle un twist.
- Ce serait quoi le sujet de cette histoire ?
- Eh bien j'imagine un personnage principal qui serait fasciné par les mystères, les enquêtes, les affaires non résolues. Un modeste écrivain régional qui publierait ses recherches et qui dévoilerait par le biais de ses écrits les secrets régionaux qu'il aurait percés à jour.
Un jour, son épouse l'obligerait à sortir un peu, à arpenter ces rues couvertes de vieilleries. Et il se retrouverait avec une nouvelle énigme insoluble à résoudre.
- de quelle genre ?
- Eh bien, j'imagine qu'il tomberait sur un stand un peu particulier, où des jouets et des albums attireraient son attention. Ils reconnaîtrait les films de Disney que regardaient ses enfants et mettrait cette pointe de nostalgie sur le compte du hasard ... Jusqu'à reconnaître également les poupées de sa fille, les disques de son fils. Des objets courants pour la majorité mais qui en si grands nombre deviendraient une anomalie obsédante. Ces souvenirs, ce sont les siens et ceux de ses enfants qui ont quitté le domicile parental depuis belle lurette déjà. Mais ce cheval à bascule, ces albums, sont-ils ceux de son propre foyer ou est-ce juste une coïncidence ? Comment auraient-ils atterris entre les mains de cette brocanteuse ?

Peu après, nous remontons dans la voiture et nous passons par de jolies petites communes telles que Yvetot, Sainte-Marie-des champs, avant de rejoindre la départementale 20. Grémonville, Amfreville-les-champs, Doudeville...
On s'arrête à proximité de cette dernière, près d'un manoir au doux nom de "La Renardière".
- C'est là que va se situer une autre de mes histoires ! J'imagine très bien mes personnages. Un couple âgé de Parisiens qui prendrait des vacances ici même et qui, en arrivant sur ce petit chemin, entendraient un étrange cri, peut-être animal. Ils rencontreraient ensuite Monsieur Lefebvre, au lieu de son épouse avec laquelle ils avaient correspondu pour la location. Et là, les mystères s'enchaîneraient les uns aux autres : Ils ne rencontrent jamais l'épouse censée leur expliquer le fonctionnement du gîte. La seule consigne qu'ils ont obtenus de la part de leur hôte c'est de ne pas toucher à l'armoire normande dans leur chambre : Un petit bijou d'orfèvrerie, un héritage familial rendu fragile par les années et qui menace de s'effondrer. Et peu à peu, les coïncidences ne pourront plus en être, et le vieux couple, qui s'en amusait initialement, commence à additionner deux et deux et à s'inquiéter véritablement.
- Et comment ça se termine ?
- Ca je le garde pour moi, n'y voyez aucune offense.

On remonte dans la voiture pour une dernière escale, poursuivant au nord sur la départementale. On tourne à droite juste avant d'arriver à Saint-Valery-en-Caux.
Michel Bussi met le volume à fond et laisse s'exprimer la voix d'Hubert-Félix Thiéfaine :
"On s'est aimé dans les maïs / T'en souviens-tu mon Anaïs / le ciel était couleur de pomme / Et l'on mâchait le même chewing-gum."
Je reconnais la chanson de 1979 de l'album Autorisation de délirer : Dernière station avant l'autoroute.

Dernière halte à Veules-les-Roses, sur la côte d'albâtre. Un village d'environ six cent habitants aux nombreuses caractéristiques : Classé depuis septembre 2017 parmi les plus beaux villages de l'hexagone, il est également traversé par le plus petit fleuve de France : La Veules mesure en effet ... 1149 mètres.
- Vous saviez que Victor Hugo avait séjourné ici à plusieurs reprises, notamment durant ses vieux jours ?
Il me montre une photo sur laquelle Victor Hugo est entouré de nombreux enfants. La photo date de 1882.
- Mais le mystère ici qui m'obsède le plus est celui d'Anaïs Aubert, connue également sous le nom de Mademoiselle Anaïs, une célèbre actrice de la comédie française qui a eu un véritable coup de coeur pour ce petit village. Elle a fui Paris en 1826, sans explication, et a séjourné ici quelques semaines avant de retrouver la capitale. Pourquoi ? Des théories plus farfelues les unes que les autres courent encore aujourd'hui, mais je me suis penché sur son histoire, sur les personnalités qu'elle a fréquentées, sur le contexte de l'époque, et je pense que j'ai trouvé la solution. En tout cas, une hypothèse possible qui expliquerait tout.
- Donc ça sera une nouvelle historique ?
- Oui et non. Je vais m'appuyer sur des faits réels du dix-neuvième siècle mais l'histoire se déroulera de nos jours. Une jeune mère, Ariane, se découvrira de nombreux points communs avec cette Anaïs Aubert. Elle emménagera dans le village et essaiera d'y installer son commerce, mais elle sera confrontée à des mystères inexplicables : L'impression d'être épiée constamment dans sa propre maison, sa fille de trois ans qui possède d'inexplicables capacités prodigieuses, ou encore cette photo qui semble avoir disparu de tous les exemplaires du guide "Les promeneurs de Veules" ...

Un dernier regard aux chaumières, aux moulins à eau, à l'abreuvoir de ce village aussi pittoresque que chargé d'histoire et nous repartons vers Caen, une longue route nous attend et nous traversons le pays De Caux dans l'autre sens.
- Il n'y aura que trois nouvelles dans votre recueil ? Ca ne fait pas beaucoup.
- "T'en souviens-tu, mon Anaïs" et "Vie-de-grenier seront des textes assez longs, presque des novellas. Mais je pense en effet en ajouter une dernière parce que les personnages d'Aja et de Christos me manquent. Ce sont des flics de l'île de la Réunion qui jouaient un rôle important dans mon roman "Ne lâche pas ma main".
- Et vous avez déjà une idée de la nouvelle affaire à laquelle ils seraient confrontés ?
- Plus ou moins, oui. Je pense à une intrigue qui s'intitulerait "Une fugue au paradis" et qui se déroulerait sur quelques heures seulement. Juste avant et juste après le nouvel an, en alternance. Il y aurait bien sûr une affaire de meurtre à résoudre, celui d'un jeune homme poignardé retrouvé au petit matin au bord de l'océan. Et parallèlement, la veille au soir, des jeunes qui s'apprêtent à fêter la saint Sylvestre. Des garçons de l'île et deux filles de la métropole qui finiraient par se rejoindre.

Quand l'auteur me dépose dans les rues caennaises, je le remercie tant pour le transport que pour toutes ces histoires que je promets de découvrir à leur future publication, pour en découvrir la version intégrale.
Et je ne peux m'empêcher de crier quand le véhicule redémarre :
- Merci pour tout monsieur Bussi !

* * *

Ps 1 : Quelques mois plus tard, j'ai enfin pu lire ce fameux recueil, dont la lecture fut très agréable. Même si on voit venir de plus ou moins loin la majorité des chutes, l'intérêt de ces nouvelles ne s'arrête pas là puisqu'elles sont toutes enrichissantes, souvent instructives ou émouvantes.

Ps 2 : Toutes mes excuses aux habitants du pays De Caux pour les imperfections géographiques ou culturelles de mon histoire ... qui n'a bien évidemment eu lieu que dans mon imaginaire.

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On retrouve dans ces quatre nouvelles des éléments récurrents de l'oeuvre de Michel Bussi :

• Thématiques : petite enfance, famille et liens entre générations, couple, temps qui passe et nostalgie... Et même si les personnages manquent parfois de finesse, on se sent proches d'eux, on se retrouve dans certaines de leurs préoccupations et difficultés.

• Lieux fétiches : la Réunion, le pays de Caux (Normandie) qui suscitent des envies de voyage.

• Reconstructions autour de personnages historiques - ici, la première histoire est consacrée à Victor Hugo et quelques individus qui ont gravité autour de lui, dont l'actrice Anaïs Aubert (1802-1871).

• Musique en fond sonore, variété et rock français principalement, comme 'Dernière station avant l'autoroute' d'Hubert-Félix Thiéfaine, qui donne le titre au recueil.

... Et du suspense !

Ceux qui aiment cet auteur devraient passer de bons moments en découvrant ces quatre histoires insolites. Et même si certaines chutes sont prévisibles, peu importe, il y a plein de jolies choses à savourer - notamment dans la troisième nouvelle.
____

♪♫ On s'est aimés dans les maïs
T'en souviens-tu, mon Anaïs ?
Le ciel était couleur de pomme (d'opium ?)
Et l'on mâchait le même chewing-gum... ♪♫
-> https://www.youtube.com/watch?v=QwTBbzwNLqg
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Je connais bien l'auteur de romans policiers, j'étais curieuse de découvrir le novelliste...

Les quatre nouvelles qui ont été réunies ont pour trois d'entre elles un point commun: le pays de Caux, que Michel Bussi affectionne particulièrement.

On retrouve le goût du mystère, voire de la mystification ,de l'auteur, ainsi que celui des rebondissements. Et comme il se doit dans ce genre court, une chute ( plus ou moins ) inattendue.

La première, la plus longue, s'appuie sur une réalité du 19 ème siècle, la ville de Veules-les-roses, rendue célèbre par une actrice connue de l'époque, Anaïs Aubert. Contemporaine d'hommes de lettres mais chut! Découvrez les secrets de cette fuite loin de Paris d'une jeune femme...

Vient ensuite " L'armoire normande", clin d'oeil aux paysans normands roublards de Maupassant, version touristes actuels... Je l'ai trouvée savoureuse!

J'ai un peu moins aimé la troisième , jouant certes sur les mots avec subtilité " Vie de grenier", mais dont l'histoire et le texte ( double) m'ont paru un peu convenus, déjà exploités .

La dernière est plus exotique , et comme pour un des décors de ses romans se déroule à la Réunion. Je n'étais au départ pas très accrochée mais la fin est surprenante et ...affreuse!

Bref, j'ai éprouvé un réel plaisir à lire ces histoires intrigantes et insolites, tout à fait dans le style auquel nous a habitués Michel Bussi, avec un peu moins d'invraisemblances que dans certains de ses livres... A découvrir!




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Inutile de disserter car tout a été dit .....
Certes, je n'ai lu que deux livres de cet auteur mais j'avais hâte de le découvrir dans un autre genre, lorsque l'on m'a prêté cet ouvrage !
Comment ne pas être séduite par ces quatre nouvelles, trois situées dans le pays De Caux, "le pays des taiseux "," l'omerta cauchoise "et la dernière à la Réunion ?
L'auteur évoque d'abord des personnages historiques : Victor-Hugo et l'actrice Anais Aubert.
Puis la complicité attendrissante d'un couple.
La musique en fond sonore, tubes d'été, Rock ou variété .......Retour d'un homme sur sa vie, ses souvenirs, : nostalgie, liens de famille distendus à retisser, petite enfance, temps qui passe.......
Enfin , mort mystérieuse la nuit du nouvel an à la Réunion........affreux ........
De l'histoire d'amour à celle d'un meurtre, entre drame et comédie, tendresse et mystère , mystifications et rebondissements , gravité et émotion, surprise et humour, secrets ...... le lecteur
se régale, quel plaisir !
Ces histoires insolites, malicieuses ou mystérieuses à la chute parfois prévisible m'ont confirmé le besoin de découvrir d'autres ouvrages de M. Bussi .
Celle que j'ai le moins aimé est la troisième, un peu convenue, mais je peux me tromper .
Ma préférée reste "L'armoire Normande ", à la chute géniale , savoureuse , que l'on déguste ..........
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Mais c'est qu'il écrit bien, ce Bussi ! Je me suis dit : « Tiens, beaucoup de babeliotes font l'éloge de Bussi : allons voir ce qu'il a dans le ventre ». En plus, trois nouvelles se passent en Normandie, mon pays, et la quatrième à La Réunion, où j'ai passé la moitié de ma vie !
.
1 ) La première nouvelle est la plus travaillée, à mon avis.  Anaïs est la fille d'une jeune parisienne, Ariane. Celle-ci veut respirer, et déménage sur un coup de tête, rejoint le village fascinant de son ex, Veules-les-Roses, sur la côte d'Albâtre. Il s'y passe des choses bizarres, notamment une histoire où Victor Hugo est mêlé, uchronie de l'auteur ou vérité ?
.
Je connais bien Veules-les-Roses, c'est pour nous, ma femme et moi, l'endroit le plus charmant de Normandie, je vous conseille le détour !
.
2 ) «  L'armoire normande », à Doudeville m'a moins captivée, mais la chute est intéressante.
.
3 ) « Vie de grenier » est ce qui est le plus proche de nous, ma femme et moi, on dirait nous deux ! C'est une belle observation et retranscription des relations de couples, de la part de Michel Bussi !
.
4 ) « Une fugue au paradis », un cafre est retrouvé poignardé dans le lagon. C'est à La Réunion, alors, je vais vous la faire en créole. Il faut lire à haute voix pour comprendre.
Dé ti'fy quitte paris, y sa La Rényion, à cause n'a un lé né là-bas, Johana. Li la entraîne son camarad zorey Justine ( y dit : « Zustine » ) pou li connait son zil, la perle de l'océan Indien. C'est le réveillon, soley y poik, pas comme en métropole. Banna y sa camper su la plaz'L'Hermitaz. Nena un groupe Kaf' y déconne à terre-là, y remark'azot ; zot dé y vient ek banna, boire lo Rhum, la Dodo, fume zamal ... Zot tout' y attend minuit. Démi-heure avant minuit, Johana suit Manu, un bel Kaf', mi dis à ou ! Zot dé y sa la mer, Johana y quitte son lambe, son paréo ( fom Kréol y mette pas « pagne » comme y dit l'auteur, na point pagne » à terre-là ! )....
.
Zistoir-là y serre à moin lo Kèr ! A not'tout' souvent y sa fréquente plaz-là !
.
Oté ! si Ou vé un traduction, demand'azot !
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
C'est une belle question, Gabriel. Je me la suis posée pendant des années, depuis que tu m'as avoué que tu détestais Offenbach, Francis Lopez et Georges Guétary.
Oui, c'est une très jolie question.
Faire croire à l'autre que l'on aime ce qu'il aime, est-ce une preuve d'amour, ou une trahison ?
Avec le temps, j'ai obtenu la réponse. Venir me voir chanter pendant cinq ans, m'accompagner sur 'La Route fleurie' alors que tu n'aimes que le rock et la chanson à texte, était une preuve d'amour, une immense preuve d'amour.
Des preuves que tu ne m'apportes plus depuis longtemps, mon chéri.
Et confidence pour confidence, toutes ces années, c'est pour toi, uniquement pour toi, que je chantais.
(p. 209-210)
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Nous marchons sur le trottoir de la rue du Docteur-Pierre-Girard. Le village semble timidement se réveiller. Des gens plutôt âgés, errent, des sacs de courses à la main. Un vent froid s'engouffre dans la rue. Les passants, emmitouflés, ne paraissent pas spécialement habitués au froid. Cela me rassure un peu.
- Ca sent la mer, me souffle Anaïs.
Elle me sourit, je ris. J'apprécie qu'elle ne se plaigne pas du climat. Derrière les maisons, on devine le claquement des vagues contre la digue de béton, à moins qu'il ne s'agisse des conduites forcées des moulins qui accélèrent le cours de la Veules en bruyantes cascades. Nous progressons. Le long de la rue Victor-Hugo, la plupart des maisons sont closes. Les villas se succèdent, rivalisant de fantaisie baroque, plus jolies encore que dans mes souvenirs d’été, sans doute à cause de la couleur des boiseries peintes, colombages, portes et volets, vert d'eau, orange, rouges...
- Regarde, maman, on dirait une maison de princesse !
Résidence Douce France. Un château en plein cœur du village. Sous le porche de pierre, un immense lustre est suspendu entre deux rideaux d'opérette. Je me force à repousser les souvenirs du corps de Ruy dans la chambre mansardée de l'hôtel de charme, de sa peau cuivrée sous la lune, du petit déjeuner romantique sous la pergola.
Je serre ma petite Anaïs très fort entre mes bras.
- Je t'aime, ma petite, tu verras, nous serons bien ici toutes les deux.
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Une fugue au paradis, pense Justine en laissant le vent chaud caresser sa peau, le punch, le soleil, la mer à 30 degrés, alors que, la veille au soir encore, elle se tassait dans le RER B direction Roissy-Charles-de-Gaulle, et qu'une heure avant elle était encore coincée dans la galerie marchande de la gare Saint-Lazare à vendre des fringues H&M tricotées par des enfants de dix ans quelque part en Asie, mais allez expliquer à la fille de Pôle Emploi que, malgré votre BTS 'force de vente', vous ne voulez plus être embauchée dans certaines boutiques, question d'éthique.
(p. 247-248)
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" Plus je vais sonner aux portes, fouiller dans les archives, fouiner dans les greniers, traîner dans les cimetières , et plus on me regarde de travers.
Comme si chaque habitant redoutait qu'on ne lui découvre un arrière - grand- pére tortionnaire ou un aïeul pédophile ...."
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Lorsque Anaïs a eu trois mois, soixante-treize jours très précisément, Ruy est parti. Sans explication. Il m'a juste laissé un livre de Pagnol, "Marius".
Je ne suis pas idiote, j'avais compris, j'avais compris avant. Toujours amoureuse, mais pas complètement conne !
Hein, Ruy, malgré tout ton talent, ton génie, ce n'était pas la plus classe de tes idées, le bouquin de Pagnol.
Toi, Marius, l'appel du large ; moi, Fanny. Au port avec les couches.
Je crois que Ruy vit à New York. C'est ce que des amis m'ont dit la dernière fois. Ou Dakar ? Je ne cherche pas, je ne cherche plus.
Vous comprenez, les couches. L'amoureuse coincée au port.
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Vidéo de Michel Bussi
L'auteur normand à succès Michel Bussi présente son nouveau livre "Mon cœur a déménagé" sur BFM Normandie. Après plus 12 millions de livres vendus en France, l'auteur revient avec une 17ᵉ histoire située dans la ville de Rouen : Ophélie a grandi dans un environnement difficile et a dû se remettre du meurtre de sa mère à l'âge de sept ans. Aujourd'hui étudiante, elle décide de prendre sa revanche sur la vie. "L'écrivain décrit son livre comme un récit "de vengeance", un "roman sur l'enfance".
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