Comme la roche sur laquelle a coulé l’eau,
Dur et glacé, et pris dans un étrange étau,
Mon cœur s’est resserré, et s’essouffle à présent.
Je le sens fatigué de m’irriguer le corps,
D’assurer ma survie aux dépens d’une mort
Qui m’attend, s’impatiente au-delà de la chair,
Cette fin qui me guette aujourd’hui plus qu’hier,
Qui s’attaque à ma faim et me laisse rongée
Par un vide insatiable… ou le mal d’être née.
Ce fléau m’a creusée, depuis le fond de l’âme
Jusqu’à l’espoir qui fuit comme une douce lame,
Qui flotte et puis s’échappe à ma surface lisse,
N’abandonnant en moi que les vagues esquisses
D’un néant se fondant en mon être un peu trouble.
Je me perds, tandis que cet être se dédouble
Et glisse entre les failles d’un esprit torturé.
Mon cœur n’est plus alors qu’un objet déposé
À l’intérieur de moi, au début d’une vie
À laquelle je veux croire en dépit du puits
Où sont tombés ma foi, mes illusions, mes rires,
Et où je ne suis plus que doutes et délires ;
Une vie qui me voit seule avec mes besoins,
Une vie qui n’est mienne qu’en songes assassins,
Dont la réalité m’apparaît dérisoire.
Peut-être vais-je enfin être envahie du noir
Qui m’attire et m’oppresse à chaque autre question ;
Peut-être vais-je enfin m’évader des passions
Qui me retiennent en bas, si bas… Simple matière
Cherchant à s’élever au-dessus des barrières,
Au-delà des limites, pour toucher la lumière :
Soleil, éternité, infini et… misère.
À Marc - 7 août 1993