Ce n'était pas un ours. Sauf si un ours peut avoir six pattes et une paire de cornes de bélier enroulées de chaque côté de sa tête. Sauf si certains ours arborent une deuxième paire d'yeux, juste au-dessus des premiers, une paire luisant d'un léger éclat orangé, et l'autre d'un éclat vert. Sauf si les ours ont pris l'habitude de porter des tatouages lumineux de runes tourbillonnantes sur le front et qu'il leur a poussé une double rangée de crocs en dents de scie recouverts de bave.
Il chargeait dans ma direction, plusieurs centaines de kilos de monstre à l'air furieux, et je fis la seule chose qu'un magicien raisonnable pouvait faire.
Je me retournai et m'enfuis à toutes jambes.
Thomas resta silencieux quelques secondes, puis annonça :
- Il a l'intention de te tuer.
- Je sais.
- Il est dangereux, Harry. Malin. Mon père a peur de lui.
Je pourrais l'apprécier, dis-je. C'est plutôt rafraîchissant d'avoir quelqu'un qui essaie de me tuer sans s'en cacher, plutôt de d'essayer de me prendre à revers ou de me tirer dans le dos. C'est presque plaisant d'avoir droit à un combat loyal.
Si j'y allais et qu'ils le découvraient, cela ferait de la ferme du vieil homme une cible bien trop tentante.
Ebenezar le savait également, mais lui et moi partagions un trait de caractère : nous n'aimons ni l'un ni l'autre les brutes qui imposent leur loi.
- Ecoute-moi bien, espèce d'ordure merdeuse. Tu n'es pas une victime. Tu as choisi d'être l'un d'entre eux. Tu as servi les forces des ténèbres pendant toute ta vie. Freddie Mercury dirait que Belzébuth a mis un démon de côté rien que pour toi.
- Qu'est-ce que vous voulez faire ? (il haletait.) Vous ne pouvez pas... Vous n'allez pas...
Je me penchai et tordis son faux col de prêtre en l'étranglant à moitié.
- Les chevaliers sont des hommes bons. Pas moi. Et te tuer ne m'empêchera pas de dormir.
Nous, nous, nous. Ce qui impliquait elle et quelqu'un d'autre, ensemble. Quelqu'un qui n'était pas moi. Etait-ce possible ? Susan, avec le Vengeur pédant, là ? ça ne collait pas. Je veux dire, bon sang, ce type était tellement morne. Ennuyeux. Blasé.
Et peut-être stable.
"Sois honnête, Harry. Tu es peut-être intéressant. Voire excitant. Mais stable, pas vraiment."
- Ne pas combattre est toujours plus malin. (Shiro)
- Dit le Chevalier de la Croix militant avec sa lame sainte ? (Dresden)
- Je déteste combattre.
Je le scrutais pendant une seconde avant de déclarer :
- On entend rarement de telles paroles dans la bouche d'une personne si douée pour ça.
Shiro sourit.
- Combattre n'est jamais bon. Mais parfois nécessaire.
- Depuis combien de temps êtes-vous un wiccan?
- Un quoi?
- Un païen. Un sorcier.
- Je ne suis pas un sorcier, dis-je en jetant un coup d’oeil vers la porte. Je suis un magicien.
Sanya fronça les sourcils.
- Quelle est la différence?
- Magicien commence par un M.
- Je suis venu à Chicago pour vous tuer, Monsieur Dresden. Mais d'abord, j'ai une proposition à vous soumettre.
- Vous devriez vraiment revoir votre technique d'approche, dis-je. J'ai lu un livre sur l'art de la négociation. Je pourrais vous le prêter.