Grande avait été ma surprise en voyant que ce livre de mon enfance allait être adapté en dessin animé. le résultat s'est révélé un petit chef d'oeuvre, développant un univers graphique et une esthétique propre, inspiré des illustrations d'origine mais où le réalisateur avait ajouté sa propre vision. Un exemple de ce que peut être le dessin animé dans son meilleur, quand il va dans l'artistique au lieu de se contenter de produire une bouillie infâme dont les gamins se bourrent comme s'il s'agissait de saloperies sucrées aux édulcorants. Bien entendu, ce fut un bide total. Il n'y a plus de place pour l'art des artisans en France, ça coûte cher et ça ne divertit pas assez.
Révoltés par la perfidie des hommes, les ours envahissent leur royaume et entreprennent de les « relever », mais ce sont eux qui se laissent corrompre par l'ambition et les plaisirs faciles. Renonçant à leurs richesses et la place qu'ils s'étaient faite auprès des hommes, ils regagnent leurs montagnes.
Comme on le voit, c'est donc un petit compte philosophique à usage des enfants sur le danger de céder aux tentations qu'offre la société, sur les vertus d'une vie simple et proche de la nature. Pourquoi l'ours ? A cause de son rôle mythique, peut-être. L'histoire de la femme vivant parmi les ours et enfantant un être mi-homme mi-ours est presque universelle. A cause de son aspect anthropomorphe, probablement. Pour renverser le péjoratif « ours mal léché », peut être également. Et pourquoi la Sicile ? Seul l'auteur le sait ! Une métaphore entre les ours et ‘l'expédition des mille' de Garibaldi, peut-être.
C'est la saison des madeleines ; il en pleut sur Babelio. En voici une de plus, si vous avez des enfants pensez-y.
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Le fils de Léonce, roi des ours, a été enlevé par les hommes. Pour trouver Tonin et pour échapper aux rigueurs de l'hiver dans les montagnes, le roi décide d'attaquer la ville. Son armée de braves guerriers essuie d'abord une cuisante défaite face aux troupes du Grand-Duc. Mais le roi des ours est bien entouré et le second assaut est le bon. Avec l'aide plus ou moins consentie du professeur de Ambrosiis, magicien aux pouvoirs comptés, il prend la tête de la Sicile et instaure un règne de bonne entente entre les ours et les hommes. Hélas, les ours ne sont pas faits pour vivre en ville et le roi Léonce doit faire face à la perversion que crée le confort. « Nous avons engraissé, mes amis, il faut le dire, nous avons pris du ventre. » (p. 110) Et si la plus grande bataille que le roi des ours doit mener était contre son peuple ?
J'ai beaucoup aimé ce récit en prose et en vers qui, à la manière d'une épopée, retrace les hauts faits d'un souverain valeureux entouré de bons et de mauvais conseillers. Pleine de magie, l'histoire présente tour à tour des fantômes, des sangliers volants et un monstre croquemitaine. Parfait cocktail pour susciter l'intérêt des jeunes lecteurs, d'autant plus que l'humour n'est jamais loin et que l'auteur rend hommage à d'autres textes de la littérature jeunesse. « Un boulet part vertical / Et dessus, comme sur un cheval, / Un ours à califourchon / Qui jaillit tel un bouchon. / (Idée reprise d'ailleurs sur une autre scène / Par le fameux baron de Münchhausen.) » (p. 58) Enfin, ce texte, avec ses airs de récit historique, développe une morale simple que les lecteurs débutants peuvent aisément comprendre. Voici donc un petit roman fort sympathique !
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Après que ma fille a été voir l'adaptation au cinéma, j'ai acheté pour lui lire cette belle édition de ce conte pour enfants. Les dessins sont de l'auteur, et la traduction me semble très bonne.
L'auteur parvient assez bien à s'adresser à des petits enfants, qui ne comprendront pas tout mais saisiront l'essentiel.
Pour nous adultes, j'en retiens quelques jolis éléments, comme l'amour pour un enfant qui peut mener à tous les combats, l'inventivité dans l'adversité, une critique de notre société consumériste qui nous endort et nous détourne de belles choses et enfin une ode à la nature.
Ravie d'avoir découvert ce désormais classique italien pour enfants.
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Gallimard jeunesse réédite ce classique dans une version pimpante avec une couverture dorée et des pages de papier épais qui lui donne des allures de grimoire magique. Juste à temps avant la sortie du film d’animation de Prima Linea, très attendue, et prévue au printemps 2019. Le livre permettra aux lecteurs de crâner dans la cour de récré, et de spoiler la fin de l’histoire aux camarades paresseux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Il y a des mamans qui disent : Je n'arrive pas à comprendre quel plaisir on peut avoir à raconter aux enfants des histoires de fantômes ; cela fait peur et après, la nuit, ils se mettent à hurler quand ils entendent un bruit de souris. Et il se peut que les mamans aient raison. Mais il faut se dire trois choses : d'abord que les fantômes, dans la mesure où il y en a, n'ont jamais fait de mal aux enfants, ils n'ont même jamais fait de mal à qui que ce soit ; ce sont les hommes qui ont décidé d'avoir peur ; les esprits, ou les fantômes, s'ils existent (et au jour d'aujourd'hui, ils ont pratiquement disparu de la surface du globe), sont comme le vent, la pluie, l'ombre des arbres, le chant du coucou le soir, des choses naturelles et innocentes ; ils sont probablement tristes d'être obligés de rester tout seuls dans de vieilles maisons déshabitées et mélancoliques ; et comme ils ne rencontrent presque jamais d'hommes, ils en ont probablement peur, mais si nous leur manifestions un peu plus d'amitié, ils deviendraient très gentils, ou se mettraient volontiers à jouer, à cache-cache, par exemple.
Deuxième chose : la Roche-Démon n'existe plus, la ville du Grand Duc n'existe plus, il n'existe plus d'ours en Sicile, et cette histoire est maintenant si vieille qu'il n'y a vraiment pas de quoi se frapper. Troisièmement : c'est ainsi que les choses se sont passées et nous n'y pouvons rien changer.
Le croquemitaine.
Monstre légendaire et très féroce. Nous estimons préférable, pour l'instant, de ne pas nous étendre. Vous aurez suffisamment peur lorsqu'il entrera brusquement en scène. Inutile de vous effrayer d'avance. Comme disait si justement ce cher ours Théophile, il est toujours assez tôt pour les choses tristes.
Naturellement, vous n’allez pas vouloir me croire, vous allez me dire que ce sont des histoires, que ces choses-là n’arrivent que dans les livres, etc. Et pourtant, à la vue de l’ourson mourant, brutalement le professeur éprouva une espèce de malaise à l’idée de toutes les méchancetés qu’il avait commises dans sa haine contre les ours et contre le roi Léonce (les fantômes, le Croquemitaine !) ; et il eut le sentiment qu’une flamme brûlait dans sa poitrine et, peut-être aussi un peu pour le plaisir de jouer le beau rôle et de devenir une sorte de héros, il sortit de sous sa houppelande la fameuse baguette magique – mais comme cela lui coûtait ! – et se mit en devoir de faire acte de magicien, pour la dernière fois de sa vie.
La vie hélas ! N'est qu'un court passage,
On croit avoir le temps, et n'être pas pressé,
Qu'on tourne seulement une page,
Et voilà que treize ans ont passé.
LE LOUP-GAROU. Troisième monstre. Il peut se faire qu'il n'intervienne pas dans l'histoire, il ne devrait même pas intervenir si nous sommes bien renseignés. Mais on ne sait jamais. Il pourrait survenir d'un instant à l'autre dans le récit. Et, à ce moment-là, de quoi aurions-nous l'air?
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« le désert des Tartares » de Dino Buzzati est publié en poche chez Pavillons Robert Laffont.