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Critique de Mimimelie


Je l'ai commencé, et après deux ou trois nouvelles, parce que ça me semblait fort distrayant autant qu'intéressant, je m'en réservais la suite pour occuper mon prochain trajet pour les fêtes de fin d'année... mais ça a été plus fort que moi, je n'ai pas pu attendre... l'appel du K qui semblait lui aussi m'attirer irrésistiblement ; allez, encore une ! Car même si ces nouvelles ne nous donnent pas toutes un plaisir égal, c'est comme un envoûtement, à peine une terminée, il m'en fallait une autre, addictif ce Buzzati !….Et voilà, FINITO !

En une cinquantaine de récits très courts, dont certains ne font pas plus de 4 à 5 pages, Buzzati nous dépeint la société italienne dans les années 1960 , on y trouve quelques références qui datent un peu, spoutnik, le juke-box... par ex, mais qui sur le fond ne donnent aucune rides à ce recueil.

Empreinte d'absurde, de fantastique, d''humour grinçant, l'atmosphère de ces récits est très sombre, voire déprimante. On a l'impression de lire une série de faits divers (peut-être est-ce dû à la formation journalistique de l'auteur) qui chacun recèle un sens caché et qui nous dévoile tour à tour nos solitudes, nos fantômes, nos vertiges, nos attentes, nos folies, le temps, la vieillesse, la mort et mille autre choses encore selon la perception de chacun.
Par un un savant mélange vraisemblance, invraisemblance, absurdité, rationalité, Buzzati nous pointe la dimension fantastique de la vie, et on sent alors qu'à tout moment dans nos vies, à partir d'un rien même, un élément inquiétant peut surgir soudain, et bousculer voire anéantir nos croyances ou nos certitudes.
Parmi mes préférées : Douce nuit, Week-end, La leçon de 1980, Les deux chauffeurs, La tour Eiffel.
Le K, premier récit qui donne son nom au livre, m'a beaucoup plus, mais n'a cependant pas eu ma préférence, sans doute du fait que le sens qu'il recèle, à savoir celui de l'homme à la poursuite de chimères sa vie durant, pour ouvrir les yeux alors qu'il est trop tard pour vivre, m'est apparu un peu banal. Mais il est particulièrement important aussi, en cela qu'il donne d'emblée le ton, qu'il dicte même la manière dont il conviendra de lire les récits suivants.
Je crois que le récit qui a eu ma préférence est celui des Deux chauffeurs, c'est la dernière nouvelle du recueil, avant « Voyage aux enfers » qui semble se situer un peu à part, comme « en supplément ». Ce récit se distingue des autres par le fait qu'il abandonne l'aspect fantastique, l'auteur y parle à la première personne pour s'interroger sur les futilités que peuvent bien se raconter les deux chauffeurs (habitués à banaliser la mort) du corbillard qui conduit sa mère à sa dernière demeure.
En même temps, il semble faire pendant et boucle avec le premier récit, le K,, en même temps qu'il englobe l'orientation de l'ensemble des récits, à savoir un regard sur nos illusions et la nécessité d'un regard au-delà (sur l'au-delà).

Un livre à lire absolument, mais sans précipitation surtout pour une belle moisson de messages
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