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Critique de Northanger


Dino Buzzati a publié ce recueil en 1973 et s'il est moins connu que le K, il mérite largement d'être découvert. Les nouvelles sont assez différentes les unes des autres, parfois cyniques, parfois effrayantes, souvent pessimistes.

Buzzati renouvelle la veine fantastique en revisitant des thèmes classiques du genre (l'objet magique, le cauchemar) mais en leur instillant davantage d'angoisse et d'absurde. Il nous dépeint un univers inquiétant, en mutation, souvent lié au progrès scientifique et à l'apparition de nouvelles technologies. Journaliste de formation, il a l'art de situer l'action en quelques mots et de nous embarquer immédiatement dans un cadre en apparence réaliste qui va bientôt basculer dans l'inconnu et l'incontrôlable.

Dans le Rêve de l'escalier, un curieux narrateur-personnage nous dévoile sa méthode de production des rêves. Il nous emmène chez le joailler M. Minervini pour nous faire une démonstration : il l'appelle, fait du bruit, l'attire dans les escaliers pour en faire ensuite disparaître les marches une à une... Bref, le récit diabolique d'un cauchemar de plus en plus angoissant, orchestré par une sorte de mauvais génie « très demandé » dans son milieu.

L'éléphantiasis : un procédé révolutionnaire, nouvel assemblage de molécules, permet de produire de nouveaux matériaux synthétiques, résistants et malléables à la fois, s'adaptant aux besoins de chacun. Mais cette découverte ne va pas sans quelques problèmes... de taille.
« Imaginez qu'une poupée d'enfant croisse sans mesure, et atteigne la stature d'un éléphant. Et dans la même proportion gonflent les chaises, la télévision, le frigo, les châssis des fenêtres, la cabine de l'ascenseur. »

Dans Les Vieux clandestins : des lunettes magiques permettent de s'adonner à un passe-temps macabre : elles permettent de voir ceux qui vont mourir à courte échéance.
« Mais ce sont tous des vieux clandestins, invisibles, indéchiffrables, ignorants de leur sort... Des cryptovieux. Personne ne sait les reconnaître. »

Crescendo : cette nouvelle repose sur le procédé littéraire de l'amplification, qui consiste à reprendre successivement la même histoire en la développant et en l'enrichissant, voire en lui donnant un sens nouveau. C'est ainsi que d'une histoire banale – Annie Motleri entend frapper à la porte et va accueillir un vieil ami notaire -, l'auteur imagine d'autres fragments à tonalité policière, ou plus ou moins réaliste, pour sombrer ensuite dans l'horreur et le fantastique.

Le papillon : le sous-secrétaire à l'Ordre Public, surnommé « Le Grand bourreau » est sur le point d'être agressé par deux malfrats. Il formule alors le souhait d'échanger sa place avec une chauve-souris qu'il vient d'apercevoir dans le ciel. Devenu chauve-souris, il tente de se faire une place sans succès parmi ses nouveaux congénères. Au matin, il décide qu'il vaut mieux être un papillon mais c'est alors que...

Mosaïque : une nouvelle originale, une juxtaposition de petits éclats de vie, sans rapport les uns avec les autres. Pensées des uns, tranches de vie des autres, dont le fantastique et le cynisme ne sont évidemment pas exclus.


Vergetures du temps : diverses anecdotes où présent et passé s'entrecroisent l'espace d'un instant...

Le sommet de la vague : il s'agit d'une représentation symbolique et musicale de la vie qui accorde arbitrairement la gloire à un homme avant de la lui reprendre brutalement. le destin est figuré sous les traits d'un orchestre installé à bord d'un grand radeau tandis que la foule des hommes, au rythme de la musique, tente d'atteindre le sommet de cette vague qui promet gloire, richesse et bonheur éphémères.
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