AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Henry Muller (Traducteur)Jacques Meunier (Préfacier, etc.)Michel Le Bris (Directeur de publication)
EAN : 9782859404369
256 pages
Phébus (23/05/1996)
3.92/5   19 notes
Résumé :
Naufragé volontaire au coeur de l'Antarctique, Richard Byrd affronte tout un hiver (1934), seul, les éléments déchaînés, la peur, la folie. Pour Paul-Emile Victor, Seul -depuis longtemps introuvable- était l'un des deux plus grands livres d'aventure vécue qu'ait inspirés l'Antarctique (aux côtés de L'Odyssée de l' Endurance de Shackleton). Pour Jacques Meunier, préfacier du présent volume, il s'agit simplement de l'un des livres les plus stupéfiants jamais écrits su... >Voir plus
Que lire après SeulVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Richard Evelyn Byrd (1888 - 1957) est un explorateur polaire et aviateur américain de l'US Navy ayant le grade de contre-amiral. Byrd tente le survol du pôle Nord quelques jours avant le survol du pôle par Amundsen avec le dirigeable Norge. Il reçoit alors la médaille du Congrès. le 29 juin 1927, il réalise un vol transatlantique de New York à Ver-sur-Mer (France). C'est en 1928 qu'il lance sa première expédition dans l'Antarctique avec deux navires et trois avions spécialement équipés. Un équipement radio permit le suivi mondial de l'expédition. Durant l'été 1928, un camp de base est construit sur la grande barrière de Ross, dénommé Ver-sur-Mer, en souvenir de l'accueil qu'il avait reçu lors de son amerrissage pour sa traversée de l'Atlantique en juin 1927. le 29 novembre 1929, Byrd tente le survol du Pôle Sud qu'il réussit après un vol périlleux de 18 heures à basse altitude. Il lancera encore trois expéditions en Antarctique : En 1933-1935, en 1939-1941 et en 1946-1947. Seul qui vient tout juste d'être réédité, relate la première expédition qui faillit lui être fatale.
En 1934, Richard Byrd, chef d'une expédition dans l'Antarctique, quitte les cinquante membres du groupe et leur base, pour s'installer seul, dans un abri construit à une dizaine de jours de marche de là. Il est chargé de faire des relevés scientifiques et météorologiques. L'expérience, va durer de mars à août mais ce n'est que quatre ans plus tard, une fois digérée la terrible épreuve où il faillit laisser la vie que Byrd va en coucher le déroulé sur le papier.
Nous avons tous eu froid, un jour ou l'autre, panne de chauffage ou équipement trop léger lors d'une randonnée mais tout cela n'est que gnognotte comparé à ce qu'à vécu Richard Byrd, lui va subir des températures variant entre –50 et -70 degrés ! Personnellement j'ai du mal à réellement imaginer à quoi cela ressemble.
On peut dire que les ennuis ont commencé dès les premiers jours. La réclusion était prévue pour trois hommes mais l'exiguïté du lieu contraint Byrd à n'envoyer qu'un homme et ce sera lui. A peine installé, il se luxe une épaule et quand on voit comme la vie est dure dans ce milieu hostile, où le moindre geste réclame des efforts, le handicap n'arrange pas ses affaires. le chauffage de son abri n'est pas suffisant pour empêcher que tout gèle sur place, la neige et la glace vont condamner la porte de l'abri, une première fois il ne pourra pas sortir mais pire encore, une autre fois il ne pourra pas rentrer ! Si ce n'est au prix d'efforts herculéens. Je passe sur tous les incidents, la radio qui déconne et jusqu'au drame, les tuyauteries du chauffage dérouillent par ce froid sans nom, conséquence Byrd manque mourir asphyxié par le monoxyde de carbone ; il en trainera les séquelles et un épuisement généralisé très longtemps et devra se passer de chauffage le plus possible, « La nuit dernière, une de mes oreilles s'est gelée tandis que je reposais. »
Le texte, écrit longtemps après cette expédition, est une réécriture de son journal de bord et des notes qu'il y avait consignées. L'écriture est très précise dans les faits rapportés mais ce qui fait tout l'intérêt de ce livre, c'est son analyse ou ce que nous en déduisons, de la solitude. Une solitude voulue certes, mais absolue, car il ne peut compter sur personne pour venir le secourir rapidement en cas de danger. Il va connaitre la peur et frôler la mort. Mais malgré cette situation insupportable, au bout du bout des forces qu'un homme puisse endurer, toujours Byrd pensera à la sécurité de ses hommes, jamais il ne leur dira ce qu'il souffre pour éviter qu'ils ne se ruent à son secours et risquent d'y perdre leur propre vie dans cette nature redoutablement mortelle. Animé aussi par une sorte de pudeur, « Je n'aime pas beaucoup évoquer les détails de mon effondrement (…) C'est un sujet que je préfère ne pas étaler au grand jour, car il sied que les douleurs de l'homme, comme ses amours, restent cachées. »
On nous annonce un été chaud, avec ce bouquin glissé dans votre sac de plage, vous êtes parés pour les canicules les plus sévères !
Commenter  J’apprécie          60
Le récit glaçant de l'hivernage solitaire de l'explorateur Richard Byrd en Antarctique, au cours duquel il faillit laisser la vie.

Le récit de Richard Byrd est celui d'un homme célèbre pour son audace et ses exploits, qui décide d'affronter seul un hivernage dans la nuit polaire par 80° de latitude sud dans le cadre d'une petite station d'observation météorologique. Rédigé 4 ans après les faits, l'ouvrage de Byrd est composé à partir de son journal quotidien et de ses souvenirs. Il avoue sa pudeur et sa réticence à exprimer sur le papier ses difficultés, conscient que ces écrits seront la seule chose que ses proches auront en main si l'aventure devait mal tourner.

Le concours de circonstance qui a amené la décision de Byrd d'hiverner seul, en ne gardant qu'un maigre contact radio (lui ne pouvant que répondre en morse), se devine comme ayant été une aubaine pour un homme harassé de responsabilités. L'occasion de se retrouver seul avec lui-même et d'avoir du temps pour lire et écouter de la musique sur un tourne-disque à manivelle semble avoir été trop belle pour qu'il passe à côté... et manque d'y laisser la vie.

Byrd aura dès le départ des difficultés potentiellement fatales dans un milieu si extrême: il se démet l'épaule lors des derniers préparatifs, et se retrouve handicapé pendant plusieurs semaines. Cela ne l'arrêta pas, et son projet de station d'observation météo démarre sous de bonnes conditions malgré cette blessure. Byrd nous raconte comment la nuit s'installe peu à peu, de façon permanente, et exprime à quel point l'Antarctique recèle de beautés inaccessibles aux hommes. Ses descriptions du ciel étoilé, des aurores polaires, du crépuscule qui dure plusieurs semaines, expriment le ravissement de cet explorateur et son respect pour l'endroit.

Puis malheureusement, un incident manque de le tuer: son générateur, dont les fumées étaient incommodantes, finit par l'asphyxier au monoxyde de carbone. Il en réchappe de justesse, mais restera infirme pendant de longs mois. Pire, il devra faire le choix de risquer d'aggraver son intoxication avec son chauffage au mazout, ou mourir de froid, dont la présence se fait dès lors de plus en plus lourde et menaçante. La température descendra jusqu'à -80°c, et il faudra à Byrd toute sa force de caractère pour ne pas succomber au désespoir et se laisser mourir.
Je laisse au futur lecteur la joie de lire le dénouement de ce récit, même si son issue ne fait aucun doute puisque Byrd lui-même rédigera ce livre 4 ans plus tard.

Un ouvrage dense mais qui donne un récit incroyable, qui ne manquera pas de ravir tous les passionnés de récits d'exploration, de survie ou simplement sur l'Antarctique.
Commenter  J’apprécie          40
Le fait que l'auteur ait attendu quatre ans et sur l'insistance de ses amis pour s'atteler à la rédaction de son journal de séjour dans la solitude absolue de l'Antarctique vaut pour preuve de l'incommunicabilité de l'expérience, incommunicabilité que l'on ressent à la lecture du livre. Au fil des pages on prend petit à petit conscience, sans jamais pouvoir partager, des difficultés extrêmes de la vie dans la glace, le vent de l'hiver austral. Il fait “chaudˮ quand le thermomètre dépasse les moins trente degrés et que le vent cesse ses facéties. A ces aspects matériels s'ajoute la dimension psychologique de la solitude, de la douleur, du temps qui s'étire, de la survie même, car il s'agit bien de ça. L'auteur en parle avec une extrême pudeur, cette pudeur témoignant de l'immensité de la détresse qui l'accable par moments quand tout s'en mêle et quand, par fierté, et aussi pour ne pas mettre en danger une éventuelle équipe de secours, il n'en communique rien à sa base. Libre au lecteur de s'interroger, dans son canapé, sur les motivations qui poussent les explorateurs vers le fond des expériences, les motifs scientifiques, bien sûr, mais au-delà ? Et ensuite ? le sujet n'est pas abordé. Comment revenir à la vie “normaleˮ après une telle expérience. Cela doit ressembler à ce qu'ont vécu les soldats à la fin des conflits, j'imagine, imagine seulement. Et notre vie dans tout ça…
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je tentais de ne pas regarder vers le nord pour ne pas être déçu ; mais je le fis néanmoins, car peut-être au loin les feux du tracteur apparaissaient-ils. Une lueur vacillante me fit sursauter : ce n’était qu’une étoile à l’horizon. Le ciel était entièrement clair, sauf un pâle croissant d’aurore dans le quart de cercle nord-est. Cela me satisfit ; au moins ceux du tracteur pourraient-ils le voir, mais où qu’ils soient, me dis-je, aucun mortel ne peut voyager longtemps par un tel froid. Mes poumons paraissaient se resserrer à chaque souffle, et l’air que j’exhalais par l’ouverture du masque gelait et craquait.
Commenter  J’apprécie          30
Non ma vie n'allait pas être si dure. Ici un homme n'avait pass besoin du monde, tout au moins de ce monde où règnent les habitudes et le besoin de sécurité. La Barrière, nue comme le platine, me suffisait et sur elle, du reste, je faisais à peine tache. Les seules choses à moi susceptibles de se voir étaient l'antenne de radio, la perche de douze pieds de l'anémomètre, surmontée de sa girouette argentée et des appareils à vent, l'abri à instruments, où se trouvaient thermomètres et barographes enregistreurs, les tuyaux de ventilation et la cheminée dépassant du toit. En quelques pas je pouvais tous les toucher et par une nuit sombre un voyageur ne les aurait sans doute pas aperçus à cinquante pas. Et pourtant tout cela ne me suffisait-il pas? Je songeais que la moitié du trouble de l'univers vient de ce que les hommes ignorent qu'ils peuvent se contenter de très peu.
Commenter  J’apprécie          10
Mais l'état de paix dont je parle ne s'obtient pas par la passivité. Il faut le gagner. La paix véritable s'acquiert par une lutte qui nécessite effort, discipline, enthousiasme. Ces chemins sont aussi ceux de la rigueur. Une paix qui exclut l'action mène à la sensualité et à la molesse qui tirent chacune de son côté. Souvent il faut lutter contre cette discordance. Voilà le paradoxe.
Commenter  J’apprécie          20
Une grande aventure en solitaire, par un homme à la volonté phénoménale : on a peine à imaginer les conditions dans lesquelles il a vécu son hivernage... Un récit à lire !
Commenter  J’apprécie          30
Contre le froid, l'explorateur a des défenses simples mais efficaces, contre les accidents que comporte l'isolement, il n'a que ses ressources intérieures, son habileté ; à la nuit il n'a rien à opposer que son propre courage.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Richard Byrd (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Richard Byrd
ADMIRAL RICHARD BYRD ANTARCTIC RESEARCH
>Géographie générale>Géographie des pays>Océan Arctique, Antarctique (23)
autres livres classés : antarctiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Richard Byrd (1) Voir plus

Lecteurs (82) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
599 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *}