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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 1 à 4 de la minisérie publiée en 2010/2011. Il s'agit de la suite de la série en 30 épisodes (réédités en couleurs dans Classic Next Men 1, Classic Next Men 2 et Classic Next Men 3) dont le dernier était paru en décembre 1994.

Dans un laboratoire haute technologie, Aldus Hilltop assiste au réveil des 5 Next Men : Nathan, Jack, Jasmine, Bethany et Danny. Ils ont tous retrouvé un corps normal, sans yeux bizarres pour Nathan ou mollets surdéveloppés pour Danny. Tony Murcheson entre dans la pièce sur son fauteuil roulant, pendant que les laborantins recueillent les premières réactions des 5 individus au sortir de cette expérience. Mais Jazz (Jasmine) réagit violemment, elle est persuadé que cette scène est une machination sophistiquée qui ne correspond pas à la réalité, qu'elle est manipulée pour croire à cette situation fantaisiste. Cela l'amène à passer les derniers événements en revue, jusqu'au moment où elle se réveille au Cénozoïque.

Dans l'introduction, John Byrne (scénariste, dessinateur et encreur de la série) précise qu'il avait envisagé (en 1994) cette histoire sur une vingtaine d'épisodes et que lorsqu'il s'est mis à l'écrire (en 2010) il a opté pour un format plus court et plus ramassé. de fait les événements s'enchaînent très rapidement dans un tourbillon qui projette le lecteur à différentes époques du passé. Byrne consacre la moitié du premier épisode à effectuer un résumé très condensé des 30 épisodes précédents, et puis c'est parti pour un récit rapide. Il n'est pas sûr qu'un lecteur qui commencerait la série par ce tome se sente fortement impliqué par les personnages.

Le point de départ est devenu un dispositif récurrent dans la série des Next Men : l'un d'entre eux se rend compte que ce qu'il acceptait comme la réalité cachait bien d'autres choses. le comportement de Jasmine provoque tout de suite une réaction émotionnelle vive de la part du lecteur parce qu'il se souvient des épreuves dont elle venait à peine de sortir dans les épisodes précédents. En quelques gestes et quelques phrases, Byrne capte la personnalité de Jazz, la met en avant et réveille l'implication émotionnelle du lecteur survenue lors de ces précédentes souffrances. Byrne utilise à nouveau ce dispositif avec la situation dans laquelle se retrouve Tony Murcheson dans l'épisode 2. Dès la première scène, le lecteur se dit : "c'est bien elle !". il se rend compte que dans les 30 épisodes précédents, Byrne avait réussi à insuffler une personnalité à chacun de ses héros et voir Murcheson souffrir à nouveau et à ce point provoque une forte empathie chez le lecteur.

C'est donc la grande force de ce nouveau premier tome que de pouvoir renouer avec des personnages pour lesquels le lecteur avait développé une grande sympathie. Conformément à ce qu'il a indiqué dans l'introduction, Byrne ne perd pas de temps. le résumé des épisodes est d'une concision exceptionnelle, avec un maximum d'informations dans un minimum de place, sans recourir à des pavés de textes indigestes. En grand professionnel, Byrne pèse chaque mot et conçoit chaque image pour qu'elle contienne une information visuelle supplémentaire immédiatement compréhensible. Au fur et à mesure de la lecture, il apparaît que Byrne a effectué ce travail de calibrage avec un grand soin pour que chaque scène dure suffisamment longtemps pour que le lecteur ait le temps de s'y installer, et est assez brève pour permettre un récit dense et rapide.

Page après page, le lecteur peut également ressentir le plaisir que Byrne a pris à dessiner. Dès la première case en verticale avec Aldus Hilltop arborant un sourire très ambigu, les images apportent un niveau d'information complémentaire au récit, au delà de la simple représentation de l'action. L'arrivée de Murcheson en fauteuil roulant renforce encore ce plaisir de voir l'histoire racontée par des dessins en apparence simples et faciles. le passage consacré au résumé permet à Byrne de jouer avec les images qu'il avait créées des années auparavant, et permet au lecteur de mesurer à quelles points ces images étaient marquantes.

L'évocation des différentes époques permet de constater que Byrne s'est impliqué comme rarement dans ses dessins. Certes il subsiste de place en place des cases sans décors, mais d'une manière générale leur justesse est époustouflante de par leur pouvoir évocateur et leur manque d'ostentation. C'est tout juste s'il se permet une robe superbe pour Jazz le temps d'une case un peu plus grande. Pour le reste Byrne cadre ses cases de manière à raconter avant tout une histoire et l'évocation de l'époque où se retrouve Murcheson est une réussite exceptionnelle. Alors que le lecteur pourrait être prêt à conspuer Byrne qui s'acharne à nouveau sur un personnage féminin d'une manière assez sadique, le flux de la narration emporte toute velléité de contestation car comme d'habitude Murcheson refuse d'endosser un statut de victime et les tortionnaires sonnent juste dans leur cruauté ordinaire.

Je ne conseillerais pas la lecture de ce tome à un lecteur ne connaissant pas les Next Men. Par contre pour ceux ayant déjà suivi leurs aventures, ce tome montre que Byrne n'a pas perdu la main et qu'il a pris grand plaisir à saisir cette occasion de mener à son terme son récit. Il a ramassé son récit pour accélérer le rythme et le résultat est pensé au millimètre près. C'est un très grand plaisir que de retrouver Nathan, Jack, Jasmine, Bethany, Danny et Tony. le lecteur a l'impression de retrouver de vieux amis, même les citations en début de chaque épisode sont de retour. Un seul reproche : ce tome est trop court. Cette histoire se termine dans Scattered 2 (épisodes 5 à 9).
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