Ce tome fait suite à la minisérie L'homme d'acier de 1986 qui détaillait les nouvelles origines de Superman après la fin de l'univers partagé DC survenue lors
Crisis on Infinite Earths en 1985. Il contient les épisodes 1 à 3 de Superman (écrits et dessinés par
John Byrne, avec un encrage de
Terry Austin), les épisodes 584 à 586 d'Action Comics (écrits et dessinés par
John Byrne, avec des finitions de Dick Giordano), et les épisodes 424 à 426 d'Adventures of Superman (scénario de
Marv Wolfman, dessins de
Jerry Ordway, encrage de Mike Machlan et Ordway). Seule la série "Superman" bénéficie d'un numéro 1, car il s'agissait d'une nouvelle série, et à l'époque l'usage était de conserver la numérotation des anciennes séries.
Superman 1 & 2 et Action Comics 584 - Superman se bat contre Metallo (première apparition dans cette nouvelle continuité), le cyborg tirant son énergie d'un fragment de kryptonite, puis contre les Teen Titans avec en tête Victor Stone (plus connu sous le nom de Cyborg, et depuis New 52 membre fondateur de la Justice League). Puis Lex Luthor déploie toutes ses ressources pour découvrir l'identité secrète de Superman. le résultat défie toute logique : Superman est Clark Kent.
Adventures of Superman 424 & 425 - Perry White vient d'embaucher une nouvelle journaliste à la réputation sulfureuse : Cat Grant (dont c'est la première apparition). Superman se bat dans les rues de Metropolis contre d'étranges véhicules futuristes, et le professeur Emile Hamilton prétend être le seul à pouvoir arrêter leur destruction.
Action Comics 585 & 586, Superman 3 et Adventures of Superman 426 - Superman est confronté à la magie du fait de l'irruption du Phantom Stranger qui vient requérir son aide. Puis il est entraîné dans le crossover Légendes : pendant que G. Gordon Godfrey a retourné l'opinion publique contre les superhéros, Darkseid a réussi à enlever Superman et à l'amener sur Apokolips. La confrontation contre Orion n'est pas loin.
C'était une autre époque. DC Comics venait de faire table rase du passé (ou presque) et avait relancé ses principaux personnages à partir de zéro dont Superman. Au fil des épisodes de ce tome, le lecteur était amené à découvrir de nouvelles variations sur les personnages gravitant autour de Superman. Après avoir découvert que Pa et Ma Kent étaient toujours vivants (contrairement à la continuité précédente où ils étaient morts), c'était le moment de prendre la mesure des changements opérés par les créateurs sur Lex Luthor. L'introduction de ce recueil est rédigée par
Marv Wolfman qui explique comment il a repensé le personnage. le site internet de
John Byrne permet d'en avoir une version complémentaire. Luthor passe du stéréotype du savant fou tout entier dédié à faire le mal et commettre des crimes aux motivations bancales, à un homme d'affaires aux motivations plus complexes et plus crédibles. Il devient l'incarnation du capitalisme sauvage et tout puissant, ainsi qu'un homme à l'ego surdimensionné et à la xénophobie larvée (il hait littéralement l'étranger ultime qu'est Superman).
Ainsi au travers de ces épisodes, le lecteur découvre les nouvelles règles régissant la kryptonite (uniquement de la verte, plus de variations rouge ou jaune aux effets improbables), le nouveau Metallo, l'étendue de l'influence et du pouvoir de Luthor (avec un chantage affectif redoutable vis-à-vis de Lois Lane). Par opposition à cette approche plus pragmatique du personnage et des seconds rôles, il y a les interactions avec l'univers partagé DC qui conservent la dimension plus grande que nature spécifique aux superhéros : les criminels improbables et les autres superhéros de toutes les couleurs, à commencer par les NéoDieux de
Jack Kirby (Jack Kirby's Fourth World).
Le lecteur peut constater en passant d'un épisode à l'autre, que chaque série dispose de son ton propre. Avec la série "Superman", c'est du sérieux, du lourd et de l'essentiel.
John Byrne construit et développe la nouvelle version du mythe en gérant les éléments essentiels, le coeur du mythe. le lecteur peut apprécier la logique des modifications, les histoires racontées en 1 épisode, la densité narrative, le caractère bien affirmé et bien développé de chaque personnage. Byrne soigne ses illustrations avec un langage corporel construit pour Superman, des décors variés renforcés par les ajouts de
Terry Austin. À condition de supporter les bulles de pensées de Superman qui expose ce qui lui arrive au fur et à mesure et les dialogues explicatifs, le lecteur (re)découvre le premier superhéros dans une version très convaincante, sans recourir à l'ultra-violence ou à la noirceur cynique. 5 étoiles.
Avec Action Comics, l'accent est mis sur l'aventure, et sur l'interaction avec d'autres superhéros. Les scénarios sont moins denses, les histoires plus convenus et l'intérêt du récit dépend beaucoup du souhait du lecteur de voir Superman interagir avec d'autres personnages de l'univers partagé DC. Les dessins de Byrne sont tout aussi efficaces et parlants que pour la série "Superman". L'encrage apporte une touche plus rugueuse et moins détaillée que celle de
Terry Austin. 3 étoiles.
Les responsables éditoriaux ayant déterminé que le nombre de séries consacrées à Superman devait être de 3,
Marv Wolfman a le privilège délicat de devoir exister à coté de la star
John Byrne, perçu comme LE responsable de la rénovation. Dans l'introduction, Wolfman explique que la série "Superman" est celle où se passe tous les événements majeurs, et qu'il a choisi lui de se concentrer sur les récits à intérêt humain, entre sitcom et comédie dramatique, un parti pris pas si évident que ça pour le superhéros majeur et le plus puissant de DC Comics. Il commence donc par introduire une jeune femme à la plastique irréprochable (Cat Grant qui s'intéresse au beau parti que représente Clark Kent). La première menace affrontée par Superman recèle son lot de misère humaine, de mal être des individus. D'un coté, le lecteur peut être séduit par cette approche à échelle humaine qui contourne habilement le défaut majeur du personnage (plus fort que tout le monde, invincible, sûr d'être là au prochaine épisode, en un mot : parfait), en déplaçant le centre d'intérêt vers l'humanité des protagonistes. de l'autre, il peut être un peu dépité par un traitement manquant un peu de maturité dans les sentiments exprimés, et dans l'approche graphique encore assez enfantines (avec un assemblage de robots géants entre eux, pour former un robot encore plus grand). 3 étoiles.