Lorsque je regarde les Noirs, je pense aux immenses mers de pétrole qui gisent au fond de la terre. Ce pétrole pourrait faire tourner, pendant cent ans, tous les moteurs du monde. Mais ces mers de pétrole n'ont pas été découvertes. Exactement comme les Noirs. Ils sont des océans d'énergie inconnue. La masse des Noirs sur la planète est un océan inconnu d'amour et de haine, un immense gisement d'énergie, de charité, de pitié, de haine et de vengeance. Tout cela est en eux, non raffiné. Un jour, cela jaillira, comme le pétrole. Mais pas ce soir, ni cette année.
—Ce n’est pas vrai, dit le Noir. Je ne suis pas une victime du capitalisme. Le capitaliste, c’est moi. Le millionnaire, c’est moi. Mes agresseurs sont de petits agents de police. Il faudrait écrire sur la pancarte: » un millionnaire martyrisé par des petits fonctionnaire.
—Tout Noir est un prolétaire, fit l’interprète. La race noire est une race de prolétaires. Tous les Noirs sont des prolétaires.
—C’est vrai, dit Max. La notion de prolétaire doit être élargie. Nous les millionnaires, nous sommes aussi des prolétaires, si nous sommes noirs.
Je suis noire pour l'homme que j'aime et qui me veut noire. Je suis blanche pour qui me veut blanche. Réellement blanche et réellement noire. Je ne riche pas. Je suis telle qu'on me dédire. Je suis de la couleur que souhaite l'homme qui m'aime. Seules, les femmes frigides ou vieilles ne sont que d'une couleur. Pour toi je serai tour à tour de toutes les couleurs. Je t'aime. Je le sais. Je t'ai reconnu tout de suite. Je sais que cela ne durera pas une éternité. Je ne t'aimerai peut-être qu'un seul jour, peut-être une nuit seulement, mais cela suffit. L'intensité n'a pas besoin de durée.
La bêtise humaine est aussi inévitable que la mort.
La Vingt-cinquième heure (1967), extrait