AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782714304834
205 pages
José Corti (04/05/1993)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Si l’on connaît à peu près la date de la mort d’Émile Cabanon, l’on ignore encore celle de sa naissance. Au grand dam de l’histoire littéraire, nous ne disposons d’aucun élément biographique sur cet auteur de bons mots dont seule survit la réputation de "mystificateur à outrance".
C’est Paul Éluard encore qui fit découvrir à José Corti Un Roman pour les cuisinières, illustration exemplaire de cet esprit, puisque nous ne trouvons l’explication du titre i... >Voir plus
Que lire après Un roman pour les cuisinièresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Fat, parce que je suis fou, et fou parce que je suis fat. du reste, personne ne s'en plaint, je suis riche et beau, je le sais et puis le dire sans vanité, puisque je méprise d'aussi grand coeur ma richesse que ma beauté, et que je jette le tout par les fenêtres, avec une souveraine indifférence. »
« Blasé à votre âge ! » lui répond non sans raillerie le peintre faisant son portrait.
« Ce jeune homme se nommait Julio de Clémantine, un heureux hasard avait joint la poésie de ces noms à la poésie de cette beauté »
« Vous avez un regard que le pinceau peut difficilement traduire, mon cher Julio… 
« Vous êtes le 11ème peintre qui me dit cela »
Tout est dans ce style d'auto-dérision, de fantaisie.

Flâneur parisien par excellence, Julio est un Don Juan d'une extrême indolence, tout vient à lui sans même le désirer, il est déjà « blasé comme un vieux duc » à seulement 23 ans.
Ce coeur paresseux ne peut se réveiller qu'avec des intrigues étranges et mystérieuses.
Cidalise va l'intriguer et fuir, éveiller des soupçons, des incertitudes, qui le rendra plus fou qu'il ne l'est déjà.

L'auteur nous dresse toute la panoplie des émotions les plus dramatiques : de culpabilité, remords, attachements déraisonnés, de soumission alternée… le sérieux du récit semble nous convaincre mais cela tourne tant en rond sans que l'on sache exactement le motif des accusations réciproques que cela ressemble bien plus à une parodie dramatique qu'une romance sérieuse. le doute vient de la verve impressionnante et fantaisiste de l'auteur. Tant de talent pour une simple parodie, c'est déconcertant et bluffant à la fois.

On ne sait si son inspiration est sincère ou exagérée, démesurée pour son drame factice :
« Heures fatales, où la passion mine et dévore, où l'incendie éphémère qu'elle allume, corrompt jusqu'aux germes de stabilité et d'avenir, et imprime à l'homme en vestige de ses ravages les avant-coureurs d'une vieillesse aride et prématurée »

Ou encore, lorsqu'après un revirement de fortune de Julio, Cidalise réapparait quelques années plus tard afin de lui restituer de l'argent prêté quand il était encore riche :

«  Riche et adulé, j'ai joué avec les vices qui colorent et accidentent une vie que l'excès d'aisance rend bientôt monotone. Mais une fois déchu d'un rang en butte à l'envie du vulgaire, descendu d'un théâtre ouvert au grand jour et à la censure du monde, je ne vois plus de mérite à afficher des travers qui ne me feraient ni ennemis, ni rivaux. le faste est une servitude et l'originalité fatigue : on cherche des ombres au tableau ; mais réduit à présent au clair-obscur d'une vie modeste et ignorée, je n'ai plus de souci à prendre, Dieu merci ! pour donner à ma réputation une couleur qui me venge de l'ennui d'en avoir une. — j'ai dit adieu au monde Madame - à ses pompes et à ses oeuvres - et je ne puis assez m'étonner que vous ayez découvert mon humble retraite »

Un dénouement prompt et inattendu justifie le titre du roman au tout dernier chapitre, de la manière la plus impertinente qui soit. Roman inclassable, pas seulement romantique car il y a trop de moquerie, trop d'analyse fine et alambiquée des moeurs. L'amour n'est pas attachant, il torture deux égos à la psychologie raffinée, les faits sont excentriques et bizarres… Impossible d'en apprécier la portée ou d'en trouver des modèles d'inspiration mais très certainement troublant et inspirant.
Commenter  J’apprécie          40


autres livres classés : parodieVoir plus

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20193 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}