Il y a plusieurs façons de connaître
Armand Cabasson, soit par ses nouvelles et romans d'imaginaire, soit par ses publications plus historiques, soit c'est votre psychiatre et là c'est autre chose. Pour changer et par l'intermédiaire d'un bouquiniste manceau bien pourvu, ce fut au tour d'un de ses polars napoléoniens de 2005 de la série des « Enquêtes de Quentin Margont » (le premier chronologiquement en fait) de s'imposer à la lecture.
Nous sommes en 1809 et la Grande armée de
Napoléon Ier a dû à nouveau se défendre contre l'Autriche qui tente de relancer une coalition anti-
Premier Empire français. Nous sommes entre Aspern et Essling, à quelques encablures de Vienne, et les canons font rage autant que les fusils et les baïonnettes car deux dizaines de milliers de soldats européens se font face dans le dédale de petites îles piégeuses. Dans ce climat militaire forcément tendu, des drames se nouent et se dénouent au sein même des deux armées. En effet, le lieutenant Relmyer, soldat français d'origine autrichienne, revit un drame traumatique de son enfance. Or, il semble que le coupable refasse surface en agissant encore impunément. La
Chasse au loup est celle du coupable traqué par Relmyer et ses comparss, car le capitaine Quentin Margont a pris fait et cause pour sa mission personnelle, le charme d'une certaine Autrichienne Luise Mitterburg, n'y étant peut-être pour rien là-dedans.
L'intrigue est déjà intéressante en elle-même, mais ses personnages le sont tout autant : pour ceux qui ont déjà lu un roman des aventures de Quentin Margont, ils retrouvent ses comparses Lefine, Piquebois, Saber, le médecin Jean-Quenin Brémon (oui, Jean-Quenin ! et dont on peut apprendre par ailleurs que l'auteur est un des descendants) et consorts ; pour les novices, ce panel de soldats français de l'époque napoléonienne est tout à fait charmant, divers dans ses origines et ses intentions. Ceux-ci sont bien souvent très psychologisés, mais ce n'est pas un mal, car enquêteurs comme assassins ont eu des parcours très reluisants jusque-là. Cela s'en ressent fortement dans leur personnalité et il est bien utile pour le lecteur de s'en rendre compte, ce qui agrémente la narration d'un ton parfois changeant. le décor est en plus bien touffu dans ces brumes autrichiennes, les détails historiques sur la vie à Vienne et dans les campagnes (rurales et militaires) ne manquent pas. Mais les héros n'ont pas le temps de savourer leurs avancées pour autant ; la bataille de Wagram s'annonce à la fin du roman. Bref, on ne s'ennuie pas à un seul moment.
Ce roman a reçu le Prix de la
Fondation Napoléon en 2005 et nous pouvons comprendre pourquoi en relevant la quantité de détails relatifs à la vie quotidienne de l'époque et à la façon de faire la guerre sous
Napoléon Ier. Une sympathique enquête, pour le lecteur en tout cas, moins pour les personnages.